Nos boucles dans le sud du parc sont longues. Le paysage de savane est fabuleux, mais les rencontres finalement pas si fréquentes.
72

Ce dernier jour à South Gate, nous avons choisi de nous arrêter sous un arbre pour pique-niquer. Drôle d’idée… une troupe de babouins batifole au-dessus de nous, et vise très clairement nos sandwichs et nos fruits. Nous nous demandons s’il ne vaudrait pas mieux déguerpir quand un convoi de trois 4x4 arrive et s’installe près de nous. Les singes sont toujours là mais deviennent plus prudents…
La conduite, sur les routes sèches du parc, est difficile. Les ornières creusées à la saison des pluies sont maintenant solidifiés comme du béton, et c’est souvent en première, au ralenti, qu’il faut aborder les passages les plus défoncés en choisissant bien où poser les roues. Pour les passagers, dos sensibles s’abstenir ! Et si l’on va plus vite, on a toujours le risque, comme c’est arrivé à Johann sur le siège arrière, de rebondir comme un ballon au passage d’un dos d’âne invisible et d’aller se fracasser le crâne contre le plafond du Ford Ranger !
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons chaque jour devant le point d’eau aux éléphants. Quelle que soit l’heure, le spectacle est assuré.
Les troupeaux arrivent à l'eau presque toujours dans la même configuration. La matriarche marche en tête, des femelles adultes sur les flancs de la troupe et les jeunes au centre. Dès qu'ils voient l'eau, les plus petits s'y précipitent joyeusement. A la fin du bain, qui peut durer une bonne demie-heure, mères et jeunes repartent ensemble, la matriarche devant et sa "seconde" fermant la marche.
Des ados, au physique déjà puissant, restent parfois en arrière pour continuer à jouer et à profiter...
72

73

74

Tout au long de la journée familles et mâles solitaires se succèdent, pataugeant, piétinant, barbotant, s'engluant à qui-mieux. Pendant des heures, on n'entend que le clapotis de l'eau et les grands "splashhh" de la boue projetée sur les corps luisants... Jusqu'à ce que, parfois, un bruit de moteur vienne troubler la quiétude.
Cette fois c'est gros. Un camion, semble-t-il.
Exploitation du parc?
Non... le chargement est… comment dire ?
Nous n’en croyons pas nos yeux. C’est à l’évidence une sortie scolaire dans le parc.
75

Je vous laisse imaginer la réaction du syndicat des parents d’élèves en Europe si on emmenait nos rejetons entassés dans un camion à plate-forme ouvert, le battant arrière même pas refermé, tous debout sur des pistes défoncées en pleine chaleur, au coeur d'une brousse où rôdent les lions et les léopards.
Mais s'ils apprécient le spectacle comme nous l'apprécions, on ne peut qu’espérer qu’ils prendront conscience, adultes, de la valeur du patrimoine préservé par leur pays.