Un matin, en rentrant au camp après notre tour de l’aube, nous apercevons une voiture blanche, banalisée, garée sur notre emplacement. A l’intérieur, trois policiers en uniforme et un homme en civil.
- Bonjour, nous sommes là pour l’enquête sur la disparition de votre table de camping.
- Ah, bon…
Ces Colombo botswanais sont venus spécialement du poste de police de Khwai, par la piste défoncée. Leur sérieux, mais aussi leurs questions, vont parfois nous arracher quelques sourires.
Policier : Avez-vous interrogé le personnel de nettoyage du site ?
Nous : Oui, ils nous ont dit qu’ils n’avaient rien vu.
Policier : Ah, ils nient !
Bonjour la présomption d’innocence. Cela étant, il n’y a en effet que deux possibilités. Notre bois et notre table ont soit été emportés par d’autres campeurs, soit par du personnel local, employé de la réserve ou de l’un des lodges de luxe nichés dans les alentours.
- Avez-vous vu des traces suspectes ?
Par terre autour de nous, du sable relativement fin. La question nous amuse. Nous venons d’Europe. Nous n’avons pas été à l’école de la brousse, et repérer des « traces suspectes » à un endroit que nous avons piétiné depuis plusieurs jours n’est pas vraiment dans nos compétences. Les seules traces bien visibles pour nous sont celles des hyènes qui viennent tourner autour du campement le soir à l’heure du braaï.
En revanche, pas un seul de ces Sherlock Holmes ne pense à nous demander à quoi ressemblait notre table, où à la décrire.
Bref, nous sommes invités à passer au « poste » de Khwaï lorsque nous quitterons la réserve pour déposer formellement notre plainte. Ce que nous ne ferons pas. Le jour du départ, nous n’aurons pas une heure à perdre pour remplir un papier de toute façon parfaitement inutile.
C'est le lendemain, en route vers l’arbre de la léoparde, que nous croisons trois magnifiques lions mâles, un peu cachés dans les herbes hautes. Ils se mettent en marche et nous tentons de les suivre, de très loin. Mais la piste ressemble à une mer gelée au plus fort de la tempête, le châssis du 4x4 tape à chaque ornière et, même si je roule à 5 km/h, Johann sur le siège arrière fait des bonds jusqu’au plafond.
Il parvient tout de même à capturer le regard d’un lion…
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Mais nous décidons finalement de revenir sur la piste principale et d'abandonner nos trois rois fainéants, qui semblent s'endormir pour la journée
Encore quelques rencontres matinales
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