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Auteur Fil de discussion: Noël au Sénégal  (Lu 34476 fois)
petit-robert
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« Répondre #60 le: 19 Juin 2016 à 01:32:29 »

Encore une suite intéressante et des oiseaux qui réveillent des souvenirs  Aime
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Philippe.Hayart
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« Répondre #61 le: 19 Juin 2016 à 18:01:55 »

Je viens de parcourir ce magnifique carnet avec beaucoup de plaisir !  Yes Yes Yes
Bravo et merci pour le partage, ça donne des envies de voyages  Sourire
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sophie83
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« Répondre #62 le: 21 Juin 2016 à 10:00:45 »

Matinées des Samedi 26, Dimanche 27 et Lundi 28 décembre
Durant trois jours, nous sommes restés sur Kaolack, cette grande ville de 200 000 habitants située à environ 190 km de Dakar. Stratégiquement positionnée, elle dispose d’un port encore très actif. Construit à l’époque coloniale par les français, il permet aujourd’hui encore de tirer des revenus de l’exportation de l’arachide et du sel. Le sel est une production locale puisque les salins sont situés au sud de la ville, sur les tannes du fleuve Saloum. Malgré l’éloignement avec l’océan (112 km), la production saunière de Kaolack est possible car l’eau du fleuve subit l’influence des marées de l’océan. L’eau salée gagne sur l’eau douce et remonte bien en amont de Kaolack. Cette « transgression marine » est favorisée par la baisse régulière du débit du fleuve à laquelle s’ajoute les années de sécheresse.La production de sel à Kaolack est une activité ancestrale. Les longues caravanes d’harratins (esclaves affranchis) quittaient la ville et s’enfonçaient vers l’intérieur de l’Afrique, amenant le sel vers le Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire… et ce, durant des siècles. Mais avec l’industrialisation de la production, ces caravanes  ont été peu à peu remplacées par un transport fluvial. Aujourd’hui, l’ensablement du fleuve limite aux seuls navires à faible tirant la possibilité de naviguer. Les choses évoluant, ce sont désormais les camions qui ont pris le relais.

152 - Les bords du Saloum à Kaolack


Avant le lever du jour, nous nous positionnons à proximité de tables salantes artisanales en rive nord du fleuve. Les premières lueurs du jour apparaissent, c’est le signal d’envol pour les Faucons crécerellettes. Quittant leur dortoir sur une ile au milieu du fleuve, ils se dispersent dans toutes les directions. Nous sommes postés sur une zone de passage, un premier individu, suivi d’un deuxième survolent le paysage de tanne qui s’offre à perte de vue devant nous.

153 - Faucon crécerellette, Kaolack


Ces deux oiseaux sont le prélude à un impressionnant passage de plusieurs centaines d’individus. En moins de 20 minutes, on dénombre un millier de crécerellettes. Jusqu’en 2007, on ne savait pas grand-chose des zones d’hivernage de ce petit faucon en Afrique. Enfin si, on savait que les populations d’Europe orientale et d’Asie allaient hiverner en Afrique australe dont l’Afrique du sud où d’importants dortoirs étaient connus. Quant aux populations d’Europe occidentales, cela restait un mystère. Durant deux hivers, des équipes d’ornithologues français ont patrouillé les zones sahéliennes du Niger, du Mali et du Sénégal et c’est en 2007 qu’ils ont découvert un important dortoir à proximité de la ville de Kaolack. Ils ont estimé à 28 000 le nombre de ces faucons ! Est-ce le seul ? Non car sur le site de Kaolack, on trouve essentiellement des oiseaux espagnols. Les Faucons crécerellettes français eux hivernent plutôt dans le sud-est de la Mauritanie et au Mali. Le récent programme de baguage et de pose d’émetteurs sur des oiseaux réintroduits en Bulgarie a montré de nouvelles zones d’hivernage au Tchad et au Niger. La présence d’autres dortoirs est une bonne nouvelle pour la survie de cette espèce sur ses quartiers d’hiver. Toutefois, en Europe comme en Afrique, les menaces sur la biodiversité sont permanentes. Un projet d’extension des salins de Kaolack en direction de l’ile servant de dortoir se précise … la pérennité de ce dernier pourrait être remise en question.

154 - Faucon crécerellette, Kaolack, Sénégal.


Les Crécerellettes ne sont pas les seuls à aimer les criquets et à venir se réfugier sur cette ile durant la nuit. En ce début de jour, alors que le passage des sombres Crécerellettes s’estompe, apparaissent d’élégants oiseaux au blanc plumage. Le dos légèrement plus gris, deux taches carpales noires et une  longue queue profondément échancrée permettent d’identifier des Elanions nauclers.

155 - Elanion naucler, Kaolack


156 - Elanion naucler, Kaolack


Ce rapace strictement africain à l’écologie peu connue se reproduit sur l’ile en densité importante et durant l’hiver, ce même site leur sert de dortoir. Aux oiseaux locaux se rajoute alors un important contingent en provenance des régions environnantes. L’élanion est un migrateur partiel qui effectue des mouvements  saisonniers. Il remonte vers le sud du sahel pour se reproduire et redescend vers les zones soudanaises pour hiverner. Faucons et Elanions cohabitent sur les dortoirs alors que ces deux espèces se partagent les mêmes proies et sont donc en concurrence directe. Chez l’élanion, les orthoptères (55%) et les solifuges (43%) représentent l’essentiel de leur régime alimentaire hivernal. Les comptages effectués pour cette espèce au dortoir de Kaolack sont encore plus impressionnants que ceux des crécerellettes. Environ 31 000. Ce qui fait de ce dortoir une zone d’importance accueillant quasiment 60 000 rapaces ! Probablement l’un des plus gros dortoirs de rapaces au monde. Le pattern des départs matinaux de l’Elanion est différent de celui des Faucons. Si en moins de 40 minutes, le passage des Crécerellettes est terminé, et ce bien avant le lever du soleil, le passage des Elanions s’étire sur une grande partie de la matinée. Parfois seuls quelques oiseaux défilent de manière disparate puis soudain des groupes de plusieurs dizaines apparaissent sur l’horizon. En faisant un 90 degrés aux jumelles lors d’un rush, on a dénombré 342 individus. Le front de passage est large car que l’on regarde vers la droite ou vers la gauche il y a des oiseaux.

157 - Elanion naucler


158 - Elanion naucler, Kaolack


159 - Elanion naucler


Le flux diminue petit à petit puis s‘éteint. Nous en profitons pour partir explorer le tanne. Quasiment pas de végétation dans ce paysage où les remontées salines affleurent. De temps en temps, des ilots permettent de gagner quelques décimètres d’altitude, suffisant pour faire diminuer la salinité et voir apparaitre une mini strate herbacée et accompagnée parfois de quelques buissons. Nous repérons au loin sur la rive du fleuve un Chacal du sénégal. Nous tentons d’approcher mais dans ces paysages plats, il est difficile de se dissimuler et lui aussi nous a repéré depuis longtemps.

160 - Chacal du Sénégal, Kaolack


Craintif, il maintient constamment une distance de 400 mètres entre nous. Nous arrêtons d’avancer, il s’arrête aussi, surveille les environs puis finit par se coucher. Nous reprenons notre approche, il se relève immédiatement et s’éloigne définitivement en trottinant.

Un Milan à bec jaune bien moins farouche vole dans notre direction, nous passant à quelques mètres au dessus de la tête. Si nous avions été en France, le Milan noir aurait changé de cap depuis bien longtemps, mais ici au Sénégal, ces rapaces se sont habitués à vivre auprès des hommes et ne les craignent pas. Nous croisons son regard, il semble un peu surpris mais poursuit son chemin à la recherche de proies.

161 - Milan à bec jaune


Parmi cette masse d’élanion, nous repérons un jeune. Il se distingue des adultes par une queue moins longue et moins fourchue mais surtout par l’absence des tâches carpales noires. Après réflexion et consultation de nos photos, c’est le deuxième juvénile que nous ayons identifié au cours des trois matinées passées ici à observer cette migration journalière. Surprenant, car nous n’avons pas pu passer au travers... quoique dans le nombre, il ne soit pas forcément facile de faire attention à la présence de ces fameuses tâches. Autre hypothèse, il y a peut être des dortoirs différents pour les adultes et les jeunes chez cette espèce ?

162 - Elanion naucler immature


Le soleil commence à jouer son rôle, les brumes de chaleur se font sentir, les courants thermiques se créent et le passage des Elanions gagne en altitude. Notre attention est attiré par un vol de Flamants nains. Les oiseaux survolent à plusieurs reprises  le fleuve, semblant indécis concernant la zone où atterrir. Leurs couleurs roses ne passent pas inaperçues dans cet univers des tannes où le blanc domine.

163 - Flamants nains


La lumière est à présent trop vive, les yeux nous brulent, nous quittons le site et rejoignons la ville.
Les deux matins suivant, nous profiterons à nouveau de cette fabuleuse opportunité que de voir passer des Elanions et des Faucons crécerellettes parfois à moins de 2 mètres de nous. Les conditions lumineuses des deux jours suivants seront moins bonnes, ne nous permettant pas de faire de meilleures photos que celles prises lors du premier jour.  Mais le spectacle n’en restera pas moins exceptionnel ! Au max, nous aurons un millier de Faucons crécerellettes et 5 à 6 000 Elanions nauclers.
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langanes
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« Répondre #63 le: 21 Juin 2016 à 11:24:56 »

Vos images sont splendides.
De plus il semble que vous savez de quoi vous parlez Grimaçant

Patrick
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En photo, pour bien voir il faut fermer l'oeil!!

Mon site web: https://www.pchefson.com
gégé red léo
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« Répondre #64 le: 21 Juin 2016 à 15:25:06 »


Beaucoup d' oiseaux

De beaux oiseaux pas courants

Et des belles photos

Que demander de plus !

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Plus beau que beau, plus chat que le chat, le léopard est un tueur ! Mais quel tueur ! C' est un poignard dans un fourreau de soie ...
petit-robert
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« Répondre #65 le: 21 Juin 2016 à 17:19:37 »

J'ai visité ce site en 2012 mais on appelait cet endroit, l'île de Kousmar. C'est effectivement un endroit impressionnant où la quantité d'oiseaux de ces deux espèces d'oiseaux est assez impressionnante. Belles photos comme d'habitude  Aime
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« Répondre #66 le: 21 Juin 2016 à 17:20:56 »

Vos images sont splendides.
De plus il semble que vous savez de quoi vous parlez Grimaçant

Patrick

Oh que oui  Clin d'oeil Yes
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Bruno
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« Répondre #67 le: 24 Juin 2016 à 08:29:54 »

Samedi 26 décembre (après-midi)

Une fois la matinée passée à observer les Elanions nauclers et les Faucons crécerellettes quitter le dortoir, nous décidons de partir faire un tour en brousse à la recherche de leurs zones d’alimentation. Sur la carte, pas vraiment de route dans la zone que nous souhaitons prospecter. La route principale reliant Kaolack à Dakar est en pleine réfection. Les Bulldozers et les niveleuses sont en action tandis que sur la piste de délestage, les bus et les camions, roulant à vive allure, maintiennent en permanence un impressionnant nuage de poussière. Nous finissons par trouver un échappatoire avec une piste s’engageant vers le nord en direction du village de Dialo. Enfin nous sommes tranquilles et pouvons de nouveau nous servir de nos jumelles.

164 - Baobabs près de kaolack


Une première mare qui est en fait un abreuvoir pour le bétail offre une halte bienvenue. De nombreux petits oiseaux s’y concentrent. Perchés dans les arbres, ils attendent que les environs soient sûrs pour descendre prélever rapidement quelques gorgées d’eau avant de se réfugier à nouveau dans les buissons.

165 - Moineaux, alectos, choucadors près de kaolack


166 - Alecto à bec blanc près de Kaolack


On y trouve des Cordons bleus, différents de ceux d’Afrique australe avec leurs joues rouges, des Alectos à bec blancs, qui a cette époque de l’année ont le bec noir, et des Moineaux gris et dorés. Ces derniers sont particulièrement beaux, enfin surtout les mâles avec leurs belles parures jaunes or ! Les femelles sont beaucoup plus quelconques.

167 - Cordonbleu à joues rouges près de kaolack


Nous nous éloignons de quelques centaines de mètres du village, et le milieu devient un peu plus sauvage. De grands Baobabs, sont disséminés dans le paysage ainsi que d’autres essences exotiques. Par endroit, le sol porte les traces d’une culture récente, céréales ou arachide. Ce milieu attire des Rolliers d’Abyssinie et de nombreuses tourterelles.

Afin de manger à l’abri de la chaleur, nous trouvons refuge sous un grand arbre au bord  de la piste. Pas le temps de dévorer nos sandwichs, des cris inconnus nous tirent à l’extérieur pour rechercher son auteur. Profitant des fleurs de notre arbre hôte, un Souimanga pygmée nous fascine avec son délicat plumage jaune et vert. Sans cesse en mouvement, il prospecte une à une les fleurs qui malheureusement pour nous se trouvent dans la partie haute de l’arbre … de plus le ciel s’est couvert, pas top pour les photos.

De passage rapide, une nouvelle espèce de guêpier fait une halte dans ce même arbre. C’est un Guêpier d’Orient au beau plumage vert. Ces observations nous motivent à laisser la voiture et partir faire « un bout de brousse ». Bien que la mi-journée ne soit pas le bon créneau, il y a de l’activité dans les buissons et dans les arbres. Les Pouillots de Bonelli, espèce nicheuse chez nous en France semblent particulièrement apprécier cet habitat et leurs petits cris se font régulièrement entendre de-ci delà. Plus discret, un Camaroptère à tête grise se déplace furtivement dans un buisson épineux. Il faudra de la patience pour arriver à l’avoir sur la carte mémoire !

Autre surprise paléarctique, un Circaète jean-le-blanc ne fait qu’un bref passage au dessus des grands Baobabs.

Quelques instants plus tard, ce sont des vautours africains qui empruntent le même trajet. Des cris sifflés au loin nous indiquent la direction à suivre. Nous tombons sur un petit groupe de Calaos à bec rouge ayant trouvé refuge dans un arbre avec une importante frondaison. Il y a de la vie à découvrir dans cette brousse pour peu que l’on prenne le temps de l’explorer. De retour vers la voiture, nous sommes gratifiés de l’observation d’un Rollier varié.

Nous reprenons la voiture pour nous enfoncer davantage dans ces paysages. A l’entrée d’un petit village, constitué de quelques cases, un Traquet brun est une nouvelle coche. Il chante depuis différents perchoirs, indifférent, alors que s’affaire une femme à quelques mètres de lui. En sortie du même village, sur quelques zébus errants, nous tombons sur deux grands oiseaux noirs au bec partiellement rouge. Ce n’est pas une espèce que nous avions remarquée sur le bouquin et il nous faut un peu de temps pour arriver à la l'identifier. En fait, c’est un corvidé et il répond au nom bizarre de Piapiac africain … Après vérification, ce nom provient de son cri grinçant, des séries de piac piac piac …

168 - Piapiac africain près de kaolack


169 - Piapiac africain près de kaolack


Nouvel arrêt et prospection d’une portion de brousse avec des champs où les récoltes ont déjà eu lieu. Sur le tronc d’un arbre, un écureuil arboricole à queue annelée s’enfuit à notre approche. C’est un Heliosciure de Gambie. Avec un peu de patience, il pointe à nouveau le bout de son nez à l’entrée de sa cavité.

170 - Heliosciure de Gambie vers Kaolack


171 - Heliosciure de Gambie vers Kaolack


Les champs environnants semblent le terrain de prédilection pour des Vanneaux à tête noire. Ils sont une douzaine à s’y alimenter et sont assez farouches. La encore, un peu de patience et ils se laissent photographier.

172 - Vanneau à tête noire près de Kaolack


Nous terminons cette après midi près d’une nouvelle mare où se concentrent toutes les Tourterelles des environs. Maillées, vineuses, rieuses où d’Abyssinie, nous avons le choix et le temps pour détailler les subtilités de taille et de plumage.

173 - Tourterelle rieuse près de Kaolack


174 - Tourterelle maillée près de Kaolack


175 - Tourterelle pleureuse près de Kaolack


176 - Tourtelette d'Abyssinie près de Kaolack


177 - Tourterelle masquée près de Kaolack


En quittant le site, deux Youyous du Sénégal nous survolent puis deux Perruches à collier. Cette visite en brousse a été très fructueuse et nous a permis de découvrir de nombreuses espèces typiquement sénégalaises.

178 - Pique-boeuf à bec jaune près de Kaolack


179 - Village près de Kaolack


180 - Rollier d'Abyssinie près de Kaolack


181 - Choucador à ventre roux, environs de Kaolack, Sénégal

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petit-robert
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« Répondre #68 le: 24 Juin 2016 à 11:59:21 »

Encore une belle suite et plein d'oiseaux sympas  Aime
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« Répondre #69 le: 26 Juin 2016 à 10:43:44 »

De belles coches encore avec ce vanneau à tête noire et le choucador à ventre roux
que j'avais aperçu de loin sans pouvoir les photographier Yes Yes
Un plus pour le piapiac juvenile en 169 Aime
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Steph M.
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« Répondre #70 le: 27 Juin 2016 à 11:03:18 »

Mardi 29 décembre

Nous voilà à Ndangane sur les rives du Sine Saloum. 7h30, nous sommes à l’heure sur les bords du fleuve alors que le village se réveille. Il faut patienter quelques minutes avant l’arrivée de notre piroguier ce que nous faisons en observant un couple de Souimanga à longue queue. Au programme, un long tour à travers les bolongs, ce dédale de chenaux ceinturant les nombreuses iles basses au milieu des 180 000 hectares du delta du Sine Saloum. De Ndangane, nous filerons vers la pointe de Djiffer située à l’embouchure du fleuve avant de remonter par l’intérieur du Delta en contournant l’ile de Mar lodge soit environ 10 heures de pirogue.

La lumière est belle ce matin et lorsque l’on longe les premiers bancs de limons affleurant où se reposent de nombreux oiseaux, nous en prenons plein les yeux. Des Goélands railleurs se sont rassemblés ici en compagnie de Sternes caspiennes. Les goélands sont en voix et l’on comprend d’où provient leur nom de railleurs. Pas vraiment farouches, nous effectuons deux passages pour d’une part les photographier et d’autre part, tenter de faire des lectures de bagues. Même si nos oiseaux français hivernent  essentiellement en Méditerranée, il n’est pas impossible que quelques individus aient pu rejoindre la côte atlantique en compagnie d’oiseaux espagnols et d’oiseaux sénégalais. Nous trouvons bien deux oiseaux bagués mais nous ne parviendrons pas à lire les bagues. Sur la vasière suivante, des Mouettes à tête grise se sont jointes aux Aigrettes des récifs et aux Pélicans gris.

182 - Mouette à tête grise, Sine Saloum


183 - Goéland railleur, Sine Saloum


184 - Goélands railleurs, Sine Saloum


185 - Goélands railleurs, Sine Saloum


186 - Pélican gris et Sternes caspiennes, Sine Saloum


Nous descendons lentement le fleuve, des Cormorans africains s’envolent des palétuviers, ces arbres amphibies capables de se développer à la fois les racines dans l’eau et de supporter des phases d’à secs. Pour pouvoir croître dans cet écosystème littoral où les contraintes environnementales sont difficiles, l’espèce a dû développer des adaptations  physiologiques afin de pourvoir notamment résister à la présence de sel. Pression osmotique élevée, glandes excrétrices de sel, revêtement des feuilles épais limitant l’évapotranspiration, tout est fait pour que le végétal puisse conserver aux maximum l’eau douce et expulser le sel. Le palétuvier est à la base de cet écosystème de mangrove, un milieu riche en espèces de poissons pour lesquels il sert de nurserie, de site de nourrissage, de refuge… Les oiseaux sont aussi bien représentés avec de nombreuses espèces piscivores appartenant aux groupes des sternes, des pélicans, des ardéidés …

187 - Mangroves du Sine Saloum


Les sédiments fluviatiles transportés se déposent dans le delta donnant des hauts fonds dans certains bolongs qu’il convient de connaitre afin éviter de s’y échouer. A marée basse, Ces hauts fonds sont exondés et servent de reposoirs à différentes espèces d’oiseaux en leur offrant la tranquillité nécessaire. D’autres les colonisent afin de profiter de la manne alimentaire. Les sédiments gorgés d’eau accueillent une importante malacofaune et de belles densités d’annelides. Espèce prédatrice par excellente de ces deux groupes d’invertébrés, le Courlis corlieu que l’on voit déambuler, sondant de son long bec les sédiments à la recherche de ses proies.

188 - Courlis corlieu, Sine Saloum


Sur les bords des bolongs, au pied des palétuviers, ces mêmes oiseaux recherchent les crabes violonistes. Dans une petite anse, un imposant  Héron goliath se tient à l’agachon. Il sait se montrer patient et attendre qu’un imprudent poisson passe à proximité. Le passage de  notre pirogue ne semble pas le déranger, ici l’espèce semble bien moins craintive qu’en d'autres terres africaines...

189 - Héron goliath, Sine Saloum


Nous en croiserons 5 autres durant la balade.

190 - Héron goliath, Sine Saloum


Rencontre  avec un groupe lâche de Sternes caspiennes rejoignant un reposoir. Les adultes sont pour certains encore accompagnés de leur jeune de l’été dernier. Plus loin encore un groupe de Goélands railleurs et surprise, au milieu, se trouve un Goéland d’Audouin, un bel adulte qui ne tarde pas à s’envoler. Cette espèce atteint quasiment ici sa limite sud d’hivernage sur le littoral atlantique.

191 - Sterne caugek, Sine Saloum


192 - Sterne caugek, Sine Saloum


193 - Sterne caspienne, Sine Saloum

   
194 - Sterne caspienne, Sine Saloum


195 - Sterne caspienne


196 - Goéland d'Audouin, Sine Saloum


197 - Goéland d'Audouin, Sine Saloum


Dans cette portion reculée du delta, les racines aériennes des palétuviers sont colonisées par des huîtres. Près des villages, la pression de cueillette, réalisée par les femmes, est à l'origine d'une régression des effectifs et met en danger cette espèce. Consommée séchée ou bouillie, il faut donc du bois et c’est celui des palétuviers qui est utilisé, mettant en péril l’hôte de l'huître. Des projets en partenariat avec des ostréiculteurs français ont été mis en place récemment afin de tenter d'orienter les populations vers l'élevage plutôt que la cueillette. Une chance pour la sauvegarde de cet écosystème de mangrove.

198 - Récolte des huîtres dans le delta du Sine Saloum


Un vol de Pélicans gris, d’autres posés sur l’eau, le delta accueille une population reproductrice d’environ 4000 couples. En période hivernale, l’espèce est dispersée et sur le delta, nous n’en verrons que quelques dizaines.

199 - Pélican gris, Sine Saloum


200 - Pélicans gris, Sine Saloum


Vers 10h, nous mettons le pied sur le sable de la plage du village de Djiffer. Devant nous, alignées les unes à côtés des autres, les pirogues colorés des pêcheurs qui aujourd’hui ne sont pas partis en mer. A peine amarrés, qu'un gars vient nous voir pour nous faire payer le stationnement de notre pirogue sur la plage … même ici, on n’est pas tranquille. Nous ne sommes pas directement concernés, c’est notre piroguier qui gère mais cela donne l’impression que chacun cherche à tirer profit de la présence de touristes en instaurant des taxes … sous les yeux amusés de Mouettes à tête grise.

201 - Mouettes à tête grise et Sterne caugek, Djiffer, Sine Saloum

   
202 - Djiffer, Sine Saloum


Une forte odeur règne sur la plage. Dès que l’on s’enfonce derrière les pirogues, on comprend l’origine. Sur des étals, en plein soleil, sèchent poissons divers et mollusques. Un en particulier, le yet ou « camembert de mer » répondant au nom latin de Cymbium olla. Une fois la coquille cassée, le mollusque est enfoui plusieurs jours dans le sable pour faisander avant d’être lavé à l’eau de mer puis exposé au soleil afin de sécher soit en en entier soit découpé. Il possède une odeur assez forte et tient une place importante dans la cuisine sénégalaise, notamment dans le thiéboudiène, plat national par excellence qu’il parfume et relève … Les quantités pêchées de ce mollusque sont assez impressionnantes quand on regarde les monticules de coquilles qui s’amoncellent sur l’arrière plage.

203 - Yet ou Camembert de mer, Djiffer, Sine Saloum


Si nous avons fait un arrêt ici, ce n’est pas pour faire la visite du séchoir de Djiffer, quoique très instructive. Nous attendons le retour des pêcheurs afin d’acheter du poisson frais et non pas celui qui est stocké depuis plusieurs jours dans de vieux congélateurs qui ne sont même pas branchés … Pendant notre attente sur la plage, nous profitons du ballet des Sternes royales qui font d’incessants allers-retours le long du rivage, attendant que les entrailles des poissons fraîchement arrivés soient jetées à la mer. Malheureusement pour nous, elles sont à contre-jour.

204 - Djiffer, Sine Saloum


Nos 3 Barracudas achetés, nous reprenons le large. Le vent s’est levé et les vagues aussi. Nous prenons des projections d’eau et juste avant de rentrer le matos photo, un balbuzard pêcheur transportant son poisson nous survole.

205 - Balbuzard pêcheur, Sine Saloum


Notre piroguier nous indique deux îles en limite du delta et de l’océan. Il y a quelques années, elles n’étaient pas des îles mais constituaient l’extrémité sableuse de l’isthme de Djiffer. Les assauts de l’océan lors d’une tempête ont eu raison de ce fragile cordon sableux en ouvrant une brèche qui s’est agrandit au fil du temps donnant naissance à ces deux îles. Atterrissement lié aux apports de sédiments par le Sine Saloum et érosion maritime s’affrontent ici en un combat que l’océan semble gagner.

Notre piroguier nous trouve une petite plage abritée du vent sur une ile isolée. Pendant qu’il nous prépare le repas (nettoyage des barracudas, épluchage des oignons, cuisson à la braise) nous faisons un petit tour sur l’ile qui se révèle assez calme. A notre retour, il nous présente un énorme plat avec un Yassa de poisson. Tout simplement un pur délice !

L’après midi sur les bolongs sera bien plus calme, nous parlons de mariage, d'émigration, de salaire, de famille... et apprenons qu'ici à l'occasion des lamantins sont pêchés accidentellement mais qu'il est difficile de les voir. Les dauphins en revanche s'observent assez régulièrement dans le delta où ils chassent les poissons. Il fait chaud, nous nous réfugions sous la tonnelle de notre pirogue et les oiseaux eux, à l’ombre des palétuviers comme ces Aigrettes des récifs ou ces Aigrettes ardoisés. Nous en profitons pour former nos deux piroguiers sur l'identification des espèces et ils semblent très intéressés. Nous ne coupons pas au rituel des 3 thés, le premier amer comme la Mort, le deuxième doux comme la Vie et le troisième sucré comme l'Amour.

206 - Aigrette des récifs, Sine Saloum


207 - Aigrette des récifs, Sine Saloum


208 - Aigrette ardoisée, Sine Saloum


209 - Aigrettes ardoisées, Sine Saloum


210 - Aigrette ardoisée, Sine Saloum


211 - Aigrettes ardoisées, Sine Saloum


212 - Aigrette ardoisée, Sine Saloum


Escale dans un petit village du delta pour faire un tour avec une toute petite pirogue en plein cœur d’une mangrove. Pas vraiment d’oiseaux mais petit tour agréable tout en pagayant.

Avec l’approche de la fin de l’après midi, les oiseaux s’activent à nouveau. Nous prenons plaisir à observer des Pélicans blancs sur une vasière en compagnie de Dendrocygnes veufs.

213 - Pélicans blancs, Sine Saloum


214 - Pélicans blancs, Sine Saloum


Dans un bolong étroit, un couple d’Alcyons-pies se tient perché près d’un talus. Au final très peu de contact avec cette espèce qui se révèle bien moins présente ici que dans le Djoudj. Peut être le manque de talus propice à la nidification !

215 - Alcyon pie, Sine Saloum


216 - Héron cendré, Sine Saloum


217 - Ndangane, Sine Saloum


Retour au village d’Ndangane vers 18h.
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« Répondre #71 le: 27 Juin 2016 à 13:17:32 »

Très belle suite qui réveille une fois de plus d'excellents souvenirs.  Aime
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Le temps est un bon professeur, dommage qu'il tue ses élèves (H. Berlioz).
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« Répondre #72 le: 01 Juillet 2016 à 14:14:19 »

D'accord avec Robert J'aime
Jolis plans serrés de l'aigrette ardoisée Yes Yes
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« Répondre #73 le: 01 Juillet 2016 à 17:47:31 »

Intéressante cette Réserve de Guembeul avec des espèces d'antilopes rares  Yes
Superbes photos d'Elanion naucler  J'aime et une découverte pour moi avec cette aigrette ardoisée  Sourire
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Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve (A. de Saint-Exupery)
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« Répondre #74 le: 07 Juillet 2016 à 15:52:33 »

Dernière escale de notre périple au Sénégal
Samedi 02 janvier 2016
C’est le jour de notre départ, en effet après 15 jours de voyage à travers le pays, il est malheureusement temps de rentrer en France. Pour cette dernière journée, nous avions réservé à l’avance une sortie sur les iles de Dakar. Si la plupart des touristes vont visiter l’Ile de Gorée pour son histoire dans la traite des esclaves, nous, nous avons choisi les Iles de la Madeleine. Havre de quiétude et de nature, ce petit archipel constitué de deux iles se trouve à quelques encablures de la côte (3,6 km pour être précis). C’est l’un des plus petits parcs marins au monde puisqu’il ne couvre que 45 ha, terre et eau comprises. Erigées au statut de parc national en 1976, la prise de conscience de la richesse de ces iles est antérieure car dès 1949 elles ont été classées en réserve. Les premiers inventaires datent de 1749 avec le botaniste français Michel Adamson puis bien plus tard, complétés par d’autres naturalistes dont Théodore Monod qui y fera une escale en 1938. Celui-ci s’intéressera aussi aux restes de présence humaine …

218 - Ile de la Madeleine


A ce jour, 110 espèces végétales ont été dénombrées sur ces bouts de roches basaltiques jetés dans l’océan. Anciennement, ces iles étaient appelées "Iles aux oiseaux", du fait du grand nombre d’oiseaux marins qui s’y reproduisaient. La sécurité qu’offre l’éloignement de la côte vis-à-vis des prédateurs, la richesse des eaux en poissons et la particularité d’être les seules iles rocheuses proches de la côte au sud du Sahara expliquent cette fréquentation en nombre. Si aujourd’hui les effectifs reproducteurs n’ont plus rien à voir avec le passé, c’est en raison des activités humaines (militaires, agricoles, construction d’un lazaret…) qui s’y sont développées au gré du temps. Le classement en parc national a eu un effet bénéfique en permettant une recolonisation par les différentes espèces d’oiseaux.
Nous avons rendez-vous ce matin à 8h30 dans les locaux du parc. Ceux-ci se trouvent dans une petite anse sur la corniche de Dakar. Nous sommes surpris de trouver les portes closes. En insistant un peu, un garde endormi sur le canapé se lève, s'habille et vient nous ouvrir ! Ça commence bien. Nous lui expliquons que nous avons appelé il y a 3 semaines pour réserver une sortie sur l’ile et que celle-ci était prévue en début de matinée. Il fait la moue, et nous indique que ce n'est pas possible, il n’y a aucun piroguier de disponible … Après de longues minutes, il se décide à en appeler un … Verdict, il y a de la houle et la marée n’est pas bonne pour accoster. Il faut attendre jusqu’à midi pour voir si la traversée est possible. Nous errons sur la corniche en attendant l’heure puis revenons attendre dans les locaux, regardant un mauvais film de série b.

Vers 13 heures, enfin, le signal du départ est donné. Le ponton permettant d’accéder à la pirogue est rudimentaire et malgré l’abri de la baie, il y a des vagues. Nous ne sommes qu’une petite dizaine à embarquer. Dès que l’on quitte la baie, la houle venant du nord nous fait faire les montagnes russes. Un coup on voit les iles, un coup on ne les voit plus. Mais les rouleaux vers lesquels nous nous dirigeons ne nous font pas rigoler. Ils sont impressionnants lorsqu'ils s'écrasent trois mètres plus bas. On se dit que les piroguiers devaient avoir leurs raisons pour ne pas s’y aventurer plus tôt. D’ailleurs ils n’ont pas l’air d’être d’accord entre eux pour savoir quelle trajectoire suivre pour attendre l’ile sereinement ! Nous on est plutôt d’accord avec celui qui est à la barre derrière nous. Il propose d’obliquer par le sud pour contourner l’ile tout en évitant les grosses vagues et le gros navire échoué …. Bingo, c’est lui qui a le dernier mot. Cette déviation nous permet de nous rapprocher d’une balise où sont perchés deux oiseaux. Le mouvement de la houle et la distance rendent difficile leur identificatio aux jumelles. On fait une photo rapide avec le petit appareil, la détermination se fera plus tard devant l’écran de l’ordinateur. Et bien, il s’agit de deux Fous bruns, seul contact avec cette espèce lors de notre voyage … une coche non cochée …

219 - Fous bruns, Ile de la Madeleine


Nous longeons les falaises ouest de l’ile hautes d’environ 30 mètres et constituées de prismes (ou orgues) basaltiques trahissant son origine volcanique. Les iles de N’Gor, de Gorée et de la Madeleine tout comme la presqu’ile du Cap Vert (l’avancée où est construite Dakar) sont le résultat d’une activité volcanique datant du Miocène (entre 5 et 23 millions d’années). L’ile principale de l’archipel de la Madeleine est d’un point de vue géologique atypique en raison de la nature de la prismation basaltique que l’on y rencontre. Côté ouest de l’ile on trouve des prismes basaltiques « classiques » verticaux, de gros diamètres ayant été formés à l’interface entre la couche de lave et l’air environnant plus froid.

220 - Ile de la Madeleine


Mais dans d’autres parties de l’ile, les prismes basaltiques que l’on rencontre sont horizontaux, plus fins, de longueurs comprises entre 50 et 80 m mais surtout courbes à leurs extrémités. En 1953, le géologue Marcel Combier décrivait l’ile principale en ces termes «Le Sud de l'île est divisé en secteurs d'une trentaine de mètres de hauteur, séparés par de profondes coupures au fond desquelles gronde la mer. Des gerbes de colonnes basaltiques d'axe courbe mais quasi horizontal paraissent se jeter l'une contre l'autre. On croirait saisi -depuis longtemps figé- le mouvement même des laves qui jaillissaient de la profondeur et se rencontraient en chocs gigantesques. À l'extrémité Sud de l'île, inaccessible, l'axe des colonnes se relève jusqu'à la verticale et dessine une arche naturelle entourée d'écume ».(1) Ce type de structure prismatique en « arcs », dont la genèse n’est pas encore expliquée, est extrêmement rare sur la planète.

221 - Ile de la Madeleine


Au fond de la petite crique de St Hubert, que nous traversons doucement, se trouve le débarcadère. La houle du large se fait encore partiellement sentir et de belles vagues pénètrent jusque sur la plage de gros galets noirs. Les eaux n’étant pas profondes, il faut relever le moteur nous laissant ainsi à la merci des vagues qui nous chahutent. Des piroguiers se jettent à l’eau pour stabiliser l’embarcation et nous amarrer non sans mal. Le débarquement se fait rapidement. Une fois sur la terre ferme, on peut souffler.

222 - Ile de la Madeleine

   
Réunis près du seul palmier de l’ile, le guide débute sa présentation. Il explique l’absence de colonisation par l’Homme en raison de la présence des génies protecteurs. Ceux-ci jetèrent des pierres et des boules de feu sur les premiers Lébou qui tentèrent de s’installer ici au XVIème siècle … Théodore Monod trouva des tessons de poteries, des débris de coquilles et des os longs de mammifères mettant en évidence une colonisation proto-historique mais aussi préhistorique de l’ile principale. Malgré toutes ces tentatives de colonisation, l’ile reste vierge de toute construction aboutie. Nous grimpons sur le plateau pour débuter la balade qui nous emmènera faire le tour des 17ha de l’ile. En cette saison sèche, deux couleurs dominent, le jaune de la végétation et l’ocre du sol.

223 - Ile de la Madeleine


Nous passons à proximité d’une colonie de Cormorans à poitrine blanche installée sur les falaises. Modérément confiants, les oiseaux se reposant sur le haut de la falaise décollent à notre passage le long du sentier, seuls restent les oiseaux couvant en contrebas.

224 - Colonie de Cormoran à poitrine blanche sur l'le de la Madeleine


225 - Colonie de Cormoran à poitrine blanche sur l'le de la Madeleine


Au sud-est de l’ile, nous empruntons entre des blocs de basalte un petit sentier descendant en direction de la plage à proximité de laquelle gît un gros bateau. C’est l’Almadraba Uno, un thonier espagnol qui est venu s’échouer sur un haut fond en août 2013. Depuis le bord de mer, nous constatons que des chiffres ont été peints sur les blocs de granite. Nous sommes sur l’un des trois secteurs où l’oiseau emblématique des Iles de la Madeleine se reproduit, le Phaéton à bec rouge.

226 - Colonie de Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine


Derrière certains de ces blocs, des femelles sont en train de couver l’œuf unique qu’elles ont pondu. La période de reproduction s’étale sur plusieurs mois, débutant à partir du mois de décembre et se terminant vers juin. Selon les années le nombre de couples oscille entre 20 et 40. Il semble que cette année nous soyons dans la fourchette haute. Notre guide grimpe dans les blocs rocheux, inspecte quelques terriers et nous invite à venir découvrir un oiseau en train de couver. Coup d’œil rapide, deux photos puis nous nous éloignons pour ne pas gêner l’oiseau. L’objectif de notre sortie sur les iles est atteint, nous avons réussi à voir cette magnifique espèce d’affinité tropicale. Il y a quelques années, nous avions échoué dans notre tentative de l’observer sur les côtes indiennes de la péninsule arabique. Nous étions trop tard en saison !

227 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine


Il existe trois espèces de Phaéton à travers le monde. La Phaéton à brins rouges, le phaéton à bec jaune et le bec rouge. Ce sont de grands oiseaux pélagiques, élégants avec leur long prolongement caudal qui permet de doubler la taille de l’oiseau. Ils passent l’essentiel de leur vie à voler au dessus des océans qu’ils soient Pacifique, Atlantique ou Indien. L’aire de répartition du Phaéton à bec rouge recouvre partiellement les eaux tropicales de ces trois océans. Ce n’est qu’en période de reproduction qu’ils reviennent près des côtes et notamment celles des iles rocheuses pour y pondre. L’espèce se rencontre sur certaines iles des Caraïbes, sur la côte ouest du Mexique, sur les iles Galapagos, sur les côtes rocheuses d’Oman ainsi que sur les Iles du Cap vert et sur le seul site du Sénégal, les Iles de la Madeleine. Depuis début 2015, un projet de monitoring à l’aide de balises GPS se met en place sur les oiseaux sénégalais afin d’en connaitre davantage sur leur écologie. Quelles sont leurs zones d’alimentation durant la période de reproduction ? Et hors période, où vont-ils ? Quels sont les interactions avec les pêcheries industrielles ? Ce projet de suivi s’inscrit dans un cadre plus vaste, dénommé « Alcyon » (2) qui met en relation différents projets menés sur l’avifaune marine et se déroulant dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest (Mauritanie, Sénégal, Iles du Cap vert…). Ces programmes cherchent à connaitre les besoins alimentaires ainsi que les zones fréquentées par les Sternes royales, caugeks, caspiennes, les Puffins du Cap-Vert, les Fous de Bassan, les Goélands d’Audouin afin d’identifier les ZICO (Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux) marines et de proposer des mesures de protection. Ces eaux possèdent une importante ichtyofaune attirant de grandes quantités d’oiseaux marins. On estime que c’est ici que se trouvent les plus grandes concentrations de Fous de Bassan au monde. Environ 30% de la population mondiale hivernerait dans les eaux au large de la Mauritanie. Cette richesse attire d’autres prédateurs beaucoup plus redoutables, des flottilles de bateaux de pêche industrielle. En échange d’aide au développement, Les navires chinois ont accès aux eaux territoriales mauritaniennes et pêchent sans limite puisqu’il n’y a aucun quota et très peu de moyens de vérification de la part des autorités. Le chalutage, les filets dérivants, les palangres écument ces eaux naturellement riches. En 2013 lors d’un contrôle d’un cargo chinois, il y avait dans ses cales des poissons mais aussi des Fous de Bassan plumés et congelés … Il y a donc en mer un braconnage sur les oiseaux marins protégés qui sont capturés à l’aide des filets ! A ces menaces viennent se rajouter les menaces émergentes que sont l'exploration du pétrole et du gaz au large des côtes sénégalaises ...

Sur le deuxième secteur de l’ile, le guide nous indique un endroit où nous pouvons nous installer pour observer les Phaétons sans les déranger. Postés sur un petit promontoire rocheux, nous surplombons les flots et les vagues qui viennent s’écraser en contrebas.

Le soleil, certes bien voilé pour le moment, est dans notre dos, il n'y a plus qu’à attendre les oiseaux. Habituellement, les femelles couvent tandis que les mâles sont en mer toute la journée et ne reviennent que vers 16h. Ils peuvent s’éloigner jusqu’à 50 km de la colonie pour aller trouver les poissons volants dont ils raffolent. Vers 14h, un bel adulte fait un passage un peu lointain. 30 min plus tard, le même oiseau nous gratifie d’observations plus rapprochées, il tente à maintes reprises de rejoindre une cavité sans y parvenir. Il passe à proximité de notre poste d’observation mais la lumière est vraiment insuffisante pour faire de beaux clichés. Vers 15h, l’activité augmente, deux oiseaux tournoient autour des falaises. Le soleil fait son apparition mais immédiatement les brumes de chaleur sont là !

228 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine


229 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine


230 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine


231 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine


232 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine


Vers 16h, on dénombre 5 oiseaux survolant de leur vol léger l’écume des vagues se fracassant contre les falaises. C’est à ce moment là que le guide revient nous chercher. Il est l’heure de quitter l’ile. Nous faisons nos dernières photos des oiseaux alors que la lumière commence à peine à être belle ! Nous rejoignons le plateau pour rendre visite au vénérable, le plus vieux et le plus impressionnant des 68 Baobabs nains que comporte l’ile. Soumis à de rudes conditions climatiques et notamment aux fortes tempêtes venant de l’Atlantique, ces arbres se sont adaptés. Le tronc est puissant et les branches ne s’élèvent pas au dessus des 4 à 5 m de haut.

233 - Baobab nain, Ile de la Madeleine


Le sentier nous ramène près de l’embarcadère où nous attend le reste du groupe. Quelques minutes à patienter en observant les cormorans qui se baignent dans la crique puis la pirogue arrive. Retour vers Dakar avec un océan qui s’est quelque peu assagi. Nous croisons un pêcheur, bien esseulé sur sa frêle pirogue, remontant à la main sa ligne.

234 - Pêcheur à Dakar
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