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Nouvelles: Elisez le photographe COW de l'année 2016
 
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Auteur Fil de discussion: Noël au Sénégal  (Lu 34471 fois)
sophie83
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« le: 23 Mai 2016 à 09:06:18 »

Bonjour à tous ! Voilà un petit moment que je n'ai pas posté sur le forum ! alors nous revoilà avec un nouveau carnet de voyage, cette fois-ci au Sénégal où nous sommes partis pendant les 15 jours des vacances de Noël. Bonne lecture à tous !

Nous avions envie de soleil pour ces vacances d’hiver, aussi après épluchage de tous les comparateurs de vol disponibles sur internet, nous avons jeté notre dévolu sur le Sénégal. En ces temps où de nombreux pays africains se ferment petit à petit en raison du terrorisme, il devient difficile de trouver une destination sûre sur ce continent. Les pays du Maghreb, de nombreux pays d’Afrique de l’ouest, certains pays d’Afrique de l’est et centrale … bref cela devient un casse tête. Le Sénégal qui a (pour le moment ?) échappé à cette tourmente offre une destination idéale pour qui recherche de la chaleur, des oiseaux et une population accueillante. Autre atout non négligeable à présent au départ de Marseille, il y a un vol direct vers Dakar. 5h30 de vol, c’est bien mieux que les 10 heures avec escale …

Nous arrivons le samedi 19 décembre à 23h30 à l’aéroport Yoff de Dakar. Notre première impression à la sortie de l’avion est une agréable sensation de chaleur. La température doit avoisiner les 26 degrés. Nous passons rapidement les formalités d’entrée qui ont été allégées dernièrement. En effet, pendant presque deux ans, un visa et moult paperasses avaient rendu l’accès au pays contraignant. Depuis le 01 mai 2015, ce n’est plus le cas. En sortant de l’aéroport, nous achetons une carte téléphonique afin de pouvoir passer des appels nationaux et internationaux puis allons patienter devant le loueur de voiture. Avant de partir, beaucoup nous ont déconseillé de louer une voiture dans le pays, la conduite y étant dangereuse. Les autres options n’étaient pas très nombreuses. Soit louer une voiture avec chauffeur, soit utiliser les transports en commun du pays dont principalement les taxis. Nous aimons bien voyager sans contrainte, pourvoir s’arrêter à n’importe quel moment, les taxis ne sont donc pas faits pour nous. Nous serions frustrés de voir de jolis endroits ou des oiseaux traverser la route sans que nous puissions nous arrêter pour les détailler. Quant à voyager avec un chauffeur, cela génère des contraintes dont devoir trouver un endroit pour dormir tous les soirs, faire de vrais repas … Ce sera donc location de voiture pour ces 15 jours de périple à travers le Sénégal. Après plus de 30 min, l’employé arrive enfin et c’est au volant d’une Hyundai i20 magnifiquement cabossée que nous repartons. Nous avons loué chez l’habitant et c’est vers 2 heures du matin que l’on y parvient. La nuit sera courte !

Dimanche 20 décembre

5h, le Muezzin voisin lance à travers de puissants haut-parleurs sa litanie … ça fait un peu tôt pour nous ! Rebelote peu de temps après. Vers 7 heures c’est le chant d’un Bulbul qui prend le relais accompagné de celui de Tourterelles maillées. Ambiance exotique garantie ! Nous profitons de ces douces températures matinales pour prendre notre petit déjeuner dans le jardin. Dans les quelques arbres des Amarantes du Sénégal (les bien nommées) tandis que, rasant le toit, des Milans à bec jaune se pourchassent et n’hésitent pas à se percher sur l’antenne de notre maison ! C’est un premier contact en douceur avec l’avifaune locale.
On suit la corniche pour sortir de la ville et sommes impressionnés par le nombre de Milans à bec jaune qui croisent dans le ciel de Dakar. Des groupes de plusieurs dizaines volent de-ci de-là et y compris sur le front de mer. Nous prenons l’autoroute pour sortir définitivement de la ville et constatons qu’il n’y a pas d’embouteillages monstres comme nous avions pu le lire sur des forums. Nous arrivons assez rapidement hors de la ville, croisons un Vautour oricou sur un lampadaire puis enchaînons, en suivant la nationale, la traversée de nombreux villages et villes. Ici aussi, de nombreux Milans à bec jaune forment d’impressionnantes pompes. Au milieu, nos premiers Vautours charognards mais tous sont assez loin et il n’est pas pratique de s’arrêter sur le bord de la route pour les observer correctement. Au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord, le nombre de véhicules diminue et les paysages évoluent. Les belles forêts au vert feuillage des environs de Dakar laissent la place à une végétation de plus en plus disparate où dominent des acacias. Un Vautour charognard posé au bord de la route est une bonne excuse pour faire une pause.

01-Vautour charognard

   
C’est une charogne qui a attiré son attention et le passage de voitures ou de camions ne le fait pas fuir, tout au plus, quelques pas sur le côté lorsqu’il s’agit d’un gros camion. C’est une bonne opportunité pour faire une série de photos.

Dans les villages que nous traversons et dans les environs, une nouvelle espèce se montre facilement, il s’agit du Choucador à ventre roux. Deux Vautours de Ruppell font une brève apparition au dessus de la route.

02-Vautour de Ruppell

   

Vers 15h, nous atteignons St Louis, une ville mythique. Son histoire est liée à celle de l’Aéropostale et des aviateurs de légende des années 1930 comme Mermoz, Guillaumet ou St Exupéry.

Les lagunes à l’entrée de la ville sont intéressantes. Des Sternes caugeks et des caspiennes, des Vanneaux éperonnés, du Grand Gravelot mais surtout des Aigrettes des récifs au plumage bleu-gris. Voila une espèce que nous voulions voir. Quelques individus se nourrissent et se querellent aux abords d’une lagune nous offrant la possibilité de faire des photos malgré une lumière encore un peu dure.

03-Aigrette des récifs


Nous profitons qu’il fasse encore chaud pour visiter le centre historique de la ville et les canaux où dorment les pirogues multicolores des pêcheurs. Certaines impressionnent par leur taille et rappellent les formes des Boutres de la péninsule Arabique. Plus discrètement entreposées dans un enclos, d’autres pirogues, plus sveltes, ne sortent que lors des grandes occasions, les compétitions à la rame entre les quartiers de St Louis.

04-Saint Louis


Nous reprenons la route en direction du nord-est, tâtonnons  un peu pour sortir de la ville car il n’y a pas (ou très peu) de panneaux. Pas de soucis, il suffit de demander et il y a toujours quelqu’un pour nos indiquer la bonne route. Au village de Ndiol, un rustique et discret panneau signale « Djoudj ». Nous quittons la route et roulons à présent sur une piste. Dès les premières centaines de mètres, des mares, des chenaux et des oiseaux. Vanneaux éperonnés, Œdicnème du Sénégal, Coucal du Sénégal, Jacana à ventre dorée … enfin on peut se mettre à l’ornitho !

05-Vanneau éperonné, Djoudj

   
06-Tisserins à tête noire, Djoudj


07-Héron crabier, Djoudj


Aux principales intersections, des panneaux sont présents donc c’est sans problème que l’on serpente sur les nombreuses pistes. Les canaux qui dérivent l’eau du fleuve Sénégal semblent récents et dénués de végétation aquatique. Il n’y a donc pas beaucoup d’oiseaux. La présence de ces canaux a engendré une mutation dans les pratiques agricoles, passant de cultures de décrue à des cultures irriguées. De vastes zones ont aussi été modifiées afin de développer des parcelles dédiées à la culture du riz et ce, au détriment des tamariçaies. Le tamaris a, dans ces zones saheliennes, un rôle essentiel dans la structuration du sol auquel s’ajoute sa capacité à maintenir sa cohérence. Depuis sa disparition, la désertification gagne du terrain et lorsque souffle l’Harmattan, le vent du désert, les poussières de ces nouvelles zones désertifiées sont transportées jusqu’à Dakar où les tempêtes de sable sont devenues de plus en plus en plus nombreuses. Le rôle protecteur que jouaient ces zones de transition n’existe plus.

08-Les pistes autour du Djoudj


Dans une zone végétalisée relique, un groupe de Singes rouges ou Patas s’enfuit alors que nous sommes dans la voiture et à plus de 100m d’eux. Farouches les bêtes !

09-Patas, Djoudj


Vestiges de la saison des pluies se déroulant entre les mois de juin et octobre, des flaques et des mares subsistent encore en cette fin décembre dans le paysage de la plaine du fleuve Sénégal. Certaines mares se révèlent plus intéressantes que d’autres avec de beaux rassemblements de Combattants variés, parfois plusieurs centaines ! On trouve aussi des Echasses, des Avocettes, des Chevaliers aboyeurs … un petit air de printemps en Provence, bien agréable !

10-Limicoles, Djoudj

   
Sur l’horizon, au dessus des rizières, des vols de Spatules blanches, de Hérons cendrés, de crabiers, d’Ibis falcinelles s’enchainent. Tous rejoignent les dortoirs en cette fin de journée. Il y a profusion de vie et nous ne sommes pas véritablement encore dans le delta. Çà promet ! Alors que le soleil s’approche de l’horizon, viennent se réfugier sur les fils électriques, Hirondelles de rivage et rustiques mais aussi de splendides Guêpiers de Perse et Rolliers d'Abyssinie.

11-Rollier d'Abyssinie, Djoudj


12-Guêpier de Perse, Djoudj

   
13-Oedicnème du Sénégal, Djoudj


Après 30 km de piste, nous arrivons à l’entrée du parc du Djoudj. Il est tard, l’heure pour nous de rejoindre le campement Ndiagabar (le Pélican en Wolof) qui se trouve à 500m sur la gauche. Le site est tenu par les villageois de Diadem, il offre des emplacements de tentes, des cases et de quoi se restaurer. Le repas préparé par la fatou locale est un régal et nous, nous sommes contents de contribuer au développement des populations locales qui voient ainsi l’intérêt de préserver un tel site.
C’est avec le chant d’un Petit duc africain et d'un engoulevent encore inconnu que nous nous endormons.
 
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MERLE
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« Répondre #1 le: 23 Mai 2016 à 10:31:52 »

Je vais suivre ce carnet avec plaisir avec ce récit naturaliste captivant Aime

Au Sénégal, les vanneaux éperonnés et les oedicnèmes sont très peu farouches, belles photos  Yes Yes
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Steph M.
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« Répondre #2 le: 23 Mai 2016 à 12:46:36 »


Attendez-moi, j'arrive  Sourire
Ce voyage promet d'ores et déjà un texte et des clichés de qualité.
Je vais suivre ce carnet avec d'autant plus d'intérêt que cette destination est prévue sur mon agenda de fin d'année.

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Parler du désert, ne serait-ce pas, d'abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages mais de notre silence ?
Théodore Monod
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« Répondre #3 le: 23 Mai 2016 à 16:01:13 »

J'arrive aussi !

Belle qualité de photos et de récit  J'aime
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Bruno
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« Répondre #4 le: 23 Mai 2016 à 19:28:10 »

Allez, allez, poussez vous m'sieurs dames, je veux aussi une petite place dans la i20 : des photos de qualité, des jolis noms d'oiseau (Guêpier de Perse ... mmmh ça fait rêver  ), et un récit bien léché, ça fait bien plaisir. En piste !!  Yes


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Mintou
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« Répondre #5 le: 23 Mai 2016 à 21:09:46 »

J'embarque aussi, déjà de belles plumes  Aime
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sophie83
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« Répondre #6 le: 24 Mai 2016 à 20:33:00 »

Merci pour vos commentaires !
Voici donc la suite de notre récit !

Lundi 21 décembre

La nuit est encore noire pourtant bon nombre d’oiseaux sont déjà en vol. Aux cris plaintifs, nous reconnaissons des Dendrocygnes veufs qui passent par vols de plusieurs dizaines. Ils ont quitté leurs dortoirs et rejoignent les reposoirs dans les étangs à quelques centaines de mètres du campement. Des Oedicnèmes du Sénégal tournent autour de notre voiture et se mettent à leur tour à pousser des cris. Nul besoin ici de réveil ou de coq, les oiseaux locaux font l’affaire ! Les premières lueurs du jour apparaissent, c’est le signal.

14-Mare du campement Ndiagabar, Djoudj


Nous nous préparons pour notre première grande journée à la découverte du Parc national du Djoudj. Couvrant une zone d’environ 16 000 ha dans le delta du fleuve Sénégal, Le parc regroupe différents habitats qui contribuent à la grande richesse ornithologique du site. Autour d’un grand lac central, on trouve des marais plus ou moins eutrophisés, de vastes roselières, des canaux, le fleuve Sénégal ainsi que ses bras morts et des zones pré-désertiques à végétation rase et à buissons épars. Le tout forme un sanctuaire  pour toute une avifaune sahélienne mais aussi un grand nombre d’espèces venant de l’Europe. C’est en effet pour tout migrateur transsaharien,  la première véritable oasis où les conditions sont propices pour un hivernage complet. Anatidés, ardéidés, Limicoles se donnent ainsi rendez-vous sur les terres du Sénégal. On estime que le parc accueille plus d’un million et demi d’oiseaux. Crée en 1971, il fait partie du réseau des sites Ramsar traduisant l’importance de cette zone humide et en 1981, il a été classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.

15-Entrée du Djoudj


Le spectacle débute dès les étangs devant l’entrée du parc. La pâle lumière matinale révèle d’importants reposoirs de Dendrocygnes veufs. Ils sont sur le qui-vive et à la moindre alerte ce sont plusieurs milliers d’oiseaux qui prennent leur envol.

16-Dendrocygnes veufs, Djoudj


D’autres espèces profitent des ressources alimentaires de ces zones en eau. Des Barges à queue noire, et elles sont nombreuses ainsi que des Bécasseaux minutes arpentant les rivages. Nous sommes surpris de voir qu’ils sont peu farouches. L’intensité lumineuse augmente, nous arrivons sur le bon créneau pour la lumière. Dans une portion de roselière, se tiennent les Hérons crabiers et de belliqueuses Aigrettes des récifs. Sans cesse à se chamailler, elles tolèrent difficilement la présence d’un autre individu à proximité.

17-Aigrette des récifs, Djoudj


Un Vanneau éperonné monte la garde devant l’entrée du parc, nous le dépassons et pénétrons enfin dans l’enceinte.

18-Vanneau éperonné, Djoudj


L’accueil n’est pas encore ouvert mais en nous voyant arriver, un garde s’empresse d’ouvrir le local. 5000 FCFA par tête et 10 000 pour la voiture, soit un total de 20 000 Francs CFA (30 euros) pour une journée à deux dans le parc. C’est plutôt cher ! Les tarifs ont été multipliés par 2,5 au mois de mai 2015 et à titre de comparaison, l’entrée dans le parc d’Etosha en Namibie, c’est 10 euros pour deux et la voiture par jour. Dans le parc Kruger en Afrique du sud l’entrée revient dans les mêmes conditions à 30 euros par jour si l’on ne prend pas la wildcard (bien moins cher avec) …
Il est possible de visiter le parc avec sa propre voiture et de prendre un guide qui vous fera découvrir les merveilles qu’il recèle, de louer une calèche avec son cocher ou alors comme nous avons fait, de se débrouiller seul. Il n’y aucun plan fourni mais ce n’est pas bien grave, on aime bien se balader au gré des pistes et avoir ce sentiment de découverte, un peu comme si nous étions les premiers à venir explorer ces paysages. On se lance. On passe devant la station biologique (où l’on peut aussi être hébergé) et prenons le temps d’observer sur les zones en eau voisines, les Barges à queue noire, les Oedicnèmes du Sénégal, les Guêpiers nains et autres Combattants.

19-Guêpier nain, Djoudj


La piste suit à présent la digue puis à la première intersection, on prend à droite en prenant une digue secondaire. A droite des roselières, à gauche, de vastes étendues semi-désertiques parsemées de petites mares … on adore !

20-Djoudj


Nous sommes seuls et les milieux à prospecter sont vastes. Il y a de quoi y passer une semaine ici pour découvrir tous les recoins et les trésors cachés de ce parc.  Des échasses et les combattants sont les principaux occupants  de ces petites mares. Nous repérons de loin un mirador. C’est notre cap et nous parvenons au bord du marigot de Khar. Marigot, ce n’est pas un mot que j’emploie tous les jours. La dernière fois que j’ai du voir ce mot, c’est dans les écrits de Théodore Monod, Méharées ou l’Emeraude des Garamantes, je ne sais plus.

21-Observatoire du Djoudj



Dans les buissons bordant le point d’eau, des chants en sourdine s’élèvent. Ils sont familiers. Un petit temps est nécessaire au cerveau pour mettre les chants en face des noms des espèces. Fauvettes passerinettes. Elles sont omniprésentes. Ça chante de partout. On regarde les cartes de répartition qui confirment que l’espèce est bien présente à travers le Sénégal. La zone d’hivernage de cette fauvette forme une bande s’étirant d’est en ouest de l’Afrique sur environ 500 km de large. Elle semble dépendre d’un type d’habitat particulier, fuyant les zones totalement désertiques mais aussi les zones à végétation tropicale. Autre espèce paléarctique, une Pie-grièche à tête rousse vient se percher sur un buisson voisin. Quel plaisir de découvrir enfin l’autre univers de nos oiseaux. Pouvoir découvrir les milieux que colonisent ces espèces une fois qu’elles ont quitté l’Europe, savoir qu’elles chantent (pour les fauvettes et les pouillots) sur leurs lieux d’hivernage est très enrichissant. Une bande de Guêpiers de Perse nous survole puis c’est au tour de nuées d’Hirondelles de rivage de voltiger en tous sens. Nous grimpons sur l’observatoire pour découvrir ce marigot. Beaucoup de Flamants roses au loin et encore plus loin un gros groupe de Flamants nains. C’est par centaines qu’ils décollent à la moindre alerte offrant un magnifique spectacle haut en couleur. Le rose est bien présent sous ce beau soleil sénégalais !


22-Busard des roseaux, Djoudj


Des cris devant nous, ce sont des Alcyons pies querelleurs, occupés à se battre pour les meilleurs perchoirs. De nombreuses Sarcelles d’été, quelques Ibis falcinelles, une Spatule blanche et un Balbuzard viennent terminer ce tableau de choix.

23-Alcyon pie, Djoudj


24-Phacochère, Djoudj


Nous reprenons la piste et roulons vers l’est. Une forme sombre attire notre attention à l’ombre d’un buisson à 50 m environ. Marche arrière lentement mais, se sentant découvert, un Loup doré (ou Chacal du sénégal, Canis anthus) se redresse et s’enfuit rapidement. Ce n’est qu’une fois en sécurité à plus de 150 m qu’il s’arrête et se retourne pour nous observer quelques instants. Il reprend sa marche, gravit la dune, jette un dernier regard en arrière et disparait. Il est intéressant de remarquer qu’il adopte la même stratégie que les Chacals à chabraque qui, au petit matin, s’endorment au pied d’un buisson pour s’y abriter durant la journée de la morsure du soleil.

25-Chacal du Sénégal, Djoudj


Sur la piste menant au 4ème mirador, un couple de Moinelette à oreillons blancs, peu farouche, avance lentement devant notre voiture. Les deux adultes se nourrissent au pied des petites touffes d’herbes et sont rapidement rejoints par un jeune à peine volant. Les trois oiseaux finissent par s’envoler dégageant la piste pour que nous puissions avancer.

26-Moinelette à oreillons blancs, jeune, Djoudj


27-Moinelette à oreillons blancs, mâle, Djoudj


28-Moinelette à oreillons blancs, femelle, Djoudj


Sur notre droite, deux impressionnants oiseaux décollent des prairies à présent jaunies par le manque d’eau. Des grues et pas n’importe lesquelles, une nouvelle espèce pour nous, des Grues couronnées. Elles sont vraiment farouches car nous sommes à plus de 300m. Elles ne nous donnent aucune chance de les photographier. Les brumes de chaleur sont là et en plus elles disparaissent tout au fond sur l’horizon. Sur les étendues du grand lac, de belles concentrations de Sarcelles  d’été, de Souchets et de Balbuzards (9 oiseaux). Côté nord, durant notre pique nique, deux Cigognes noires qui étaient restées dissimulées dans la végétation riveraine prennent leur envol, dessinent quelques orbes. C’est sans mal qu’elles prennent de la hauteur car en cette mi-journée, les thermiques sont bien présents. La léthargie nous gagne,  et c’est en compagnie d’un couple de Gravelot pâtre que nous faisons une petite sieste à l’ombre de l’observatoire.
En début d’après midi, nous faisons demi-tour, croisons des Chevaliers stagnatiles ainsi qu’un Tantale ibis le long de la digue principale qui nous emmène vers l’embarcadère.
Autre surprise dans le marigot, un énorme Varan du Nil déambule lentement à découvert avant de se réfugier dans la végétation.

29-Varan du Nil, Djoudj


Plus loin deux espèces cousines se partagent le même marais. Tournant la tête de droite à gauche, une Spatule blanche d’Europe accompagne une Spatule africaine.

30-Spatule blanche (gauche) et Spatule africaine, Djoudj


Hier soir, nous avons réservé une sortie en pirogue sur un bras mort du fleuve Sénégal. C’est un peu le clou du spectacle pour tout visiteur du Parc du Djoudj. Vers 15h30, nous sommes sur place. Le guide est prêt mais pas nous. Il fait encore trop chaud et la balade devant durer 1h30 nous préférons attendre que la lumière soit moins dure. En attendant, nous profitons du ballet des Guifettes moustacs, surprenantes avec leur plumage d’hiver que nous n’avons que rarement l‘occasion d’observer. Deux Sternes caspiennes passent au dessus, quel contraste de taille avec l’espèce précédente !

31-Guifette moustac, Djoudj


Enfin arrive l'heure du départ ! et nous voilà partis au milieu des pélicans ... à suivre au prochain post !
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« Répondre #7 le: 25 Mai 2016 à 11:17:30 »

Plein de piafs avec de belles photos  Yes
J'ai déjà suivi avec attention ton carnet de voyage au Sénégal au fur et à mesure que tu le postais sur ton blog Sophie  Clin d'oeil
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« Répondre #8 le: 25 Mai 2016 à 16:19:04 »

C'est de toute beauté !

Et le commentaire est très érudit  Clin d'oeil
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« Répondre #9 le: 26 Mai 2016 à 19:57:04 »

Joli busard des roseaux ainsi que les moinelettes que je n'avais pas croisé au Djoudj Yes Yes
Ton fil me rappelle de bons souvenirs.
Est-ce que l'hôtel Djoudj à l'entrée du parc est toujours ouvert?
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« Répondre #10 le: 26 Mai 2016 à 20:51:25 »

Allez j'embarque avec vous et pour réveiller plein de beaux souvenirs  Aime

ne crois tu pas que c'est plutôt une sterne hansel au lieu d'une moustac ?  Heuh?
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Le temps est un bon professeur, dommage qu'il tue ses élèves (H. Berlioz).
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« Répondre #11 le: 27 Mai 2016 à 08:27:27 »

Pour mon retour sur COW, j'embarque également dans la i20. La qualité des textes est au niveau des photos. Je me réjouis de la suite.
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sophie83
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« Répondre #12 le: 27 Mai 2016 à 18:23:17 »

Est-ce que l'hôtel Djoudj à l'entrée du parc est toujours ouvert?
Coucou ! oui, quand on est passé il était ouvert mais de clients ...
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sophie83
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« Répondre #13 le: 27 Mai 2016 à 18:26:03 »

Merci pour tous vos commentaires !
ne crois tu pas que c'est plutôt une sterne hansel au lieu d'une moustac ?  Heuh?
J'ai revérifié les critères mais la hansel a beaucoup moins de noir en période hivernale et ne présente qu'un loup à l'arrière de l'oeil, la taille n'est pas visible sur la photo, mais elles étaient plus petites que des hansels.


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sophie83
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« Répondre #14 le: 27 Mai 2016 à 18:44:18 »

Voici donc la suite de notre découverte du Djoudj. 16h, l’heure du départ pour une virée en pirogue. Nous sommes seuls à embarquer. Le moteur est un peu récalcitrant au démarrage ce qui nous vaut de percuter des piliers en béton. Visiblement la pirogue en a connu d’autres. Le guide est sympa, il connait bien les oiseaux et c’est avec plaisir qu’il met à chaque fois la pirogue en position pour que nous puissions faire des photos. Le spectacle ce sont les pélicans qui l’assurent. Deux groupes de plusieurs dizaines d’individus se partagent cette portion du bras mort.

32-Pélican blanc, Djoudj


Dans chaque groupe, les Pélicans nagent de concert puis dans un mouvement parfaitement synchronisé, plongent tout ou partie du corps  formant de belles gerbes d’eau. Un à un ils remontent vers la surface, certains avec un poisson, d’autres sans. Le manège se reproduit plusieurs fois, les pélicans poursuivant les bancs de poisson depuis la surface sans qu’ils ne puissent les voir  tellement l’eau est trouble. Comment font-ils ? y a-t-il des signaux qui nous échappent comme des petites bulles, des mouvements d’eau qui trahissent la présence des poissons à un endroit donné ?

33-Pélicans blancs, Djoudj


Des Anhingas d’Afrique se sèchent à présent au doux soleil de cette fin de journée.

34-Anhinga d'Afrique, Djoudj


Un Pygargue vocifère adulte trône au sommet d’un arbre tandis que plus loin, c’est un immature qui nous regarde nous approcher. Lorsqu’il juge que nous sommes en deçà de sa distance de sécurité, il prend son envol. Le Djoudj constitue la limite nord de l’aire de répartition de cette espèce typiquement africaine qui profite ici, de l’abondance de vie qu’amène le fleuve Sénégal. Plus au nord, le milieu devient inhospitalier, il n’y a plus de grand fleuve, plus de marais, rien qu’un océan de sable et de pierres.

35-Pygargue vocifère immature, Djoudj


36-Pygargue vocifère, Djoudj


Sur les feuilles flottantes des nénuphars en fleurs, vagabondent de graciles Jacanas. Ils ne sont pas faciles à approcher mais quand on y parvient, le résultat est toujours sympa.

37-Jacana à poitrine dorée, Djoudj


38-Nénuphars, Djoudj


Par endroits, ce sont des tapis de fleurs bleues qui couvrent les baies tranquilles. Ces milieux sont favorables aux Hérons crabiers et à une toute petite espèce de canard au plumage très coloré, l’Anserelle naine. Pas de chance, deux prennent leur envol avant que nous n’ayons réussi à les détecter. Impossible de faire la moindre photo, juste le temps de les observer aux jumelles tellement elles sont rapides. Elles disparaissent derrière une roselière. Notre pirogue n’est pas assez rapide, nous n’essayons même pas de nous lancer à leur poursuite.

39-Héron crabier, Djoudj


40-Héron crabier, Djoudj


41-Héron crabier


42-Nénuphars, Djoudj


Les méandres s’enchaine lentement ce qui permet de profiter pleinement de cette balade. Beaucoup d’oiseaux dans des reposoirs qui avec l’heure avançant deviennent des dortoirs. S’il fallait comparer cette sortie avec celle faites l’été dernier sur le fleuve Okavango, nous pourrions dire que nous avons vu encore plus d’oiseaux ici … Sur la berge, de gros Varans profitent de la chaleur ainsi que d’autres gros reptiles … des Crocodiles.

43-Varan du Nil, Djoudj


Nous apercevrons deux beaux spécimens d’environ deux mètres de long. Nous mesurons pleinement la chance de pouvoir observer ces Crocodiles d’Afrique de l’Ouest (Crocodylus suchus). Longtemps considérés comme une sous espèce du Crocodile du Nil, ils sont pourtant bien distincts d’un point de vue génétique.  Si par le passé la répartition de cette espèce se prolongeait vers le nord, ce n’est quasiment plus le cas aujourd’hui. Au Maroc, les derniers spécimens contactés l’ont été au début des années 1950. Aujourd’hui mises à part de rares populations reliques vivant dans quelques gueltas perdues au milieu du désert mauritanien ou tchadien, c’est ici, au Djoudj que se trouve la limite nord pour cette espèce. Il est curieux de se dire que des crocodiles vivent en plein désert, loin de tout grand fleuve ou toute zone de marais. Comment ont-ils pu se retrouver là ? Il faut remonter dans le temps, il y a 10 000 ans pour trouver l’origine. La Sahara était à l’époque une région humide avec des marais propices pour les grands reptiles. Lorsque le climat a changé, que les pluies sont devenues moins abondantes, le désert à pris le dessus piégeant les crocodiles dans les dernieres oasis hospitaliers. Un programme de réintroduction devrait être entrepris au Maroc, dans le Bas-Drâa où l’on trouve encore des milieux favorables pour l’espèce.*

44-Crocodile d'Afrique de l'ouest, Djoudj


45-Crocodile d'Afrique de l'ouest, Djoudj


La balade atteint son point ultime avec la colonie de Pélicans Blancs. De gros jeunes au plumage noir se tiennent au milieu des adultes. Selon notre guide, ils seraient 4500 couples sur cet ilot … Nous restons à distance, les observons quelques instants puis les laissons tranquilles.

46-Colonie de Pélicans blancs, Djoudj


47-Pélicans blancs, Djoudj


48-Pélican blanc, Djoudj


Sur le retour, nous croisons un Balbuzard pêcheur profitant des dernières belles lumières ainsi qu'un Pygargue vocifère.

49-Balbuzard pêcheur, Djoudj


50-Pygargue vocifère, Djoudj


51-Pygargue vocifère, Djoudj

   
La journée a été bien remplie, et c’est avec plaisir que nous retrouvons notre campement. Nous effectuons un dernier arrêt pour photographier une Barge à queue noire ainsi qu'un Chevalier aboyeur alors que la lumière devient limite.

52-Chevalier aboyeur, Djoudj


53-Barge à queue noire, Djoudj


Nous sommes surpris par de grosses chauves-souris que nous prenons quelques instants pour des Engoulevents. Elles chassent sur le petit plan d’eau voisin durant 5 minutes avant de disparaître dans la nuit.
Journalisée

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