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Auteur Fil de discussion: Lettre d'un Sans (Bushmen)  (Lu 5277 fois)
dric
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« le: 24 Avril 2006 à 17:16:47 »

J'ai appris, il y a peu que le pays dit le plus démocratique de l'Afrique Australe organisait un véritable génocide sur le peuple Sans.
C'est la face cachée du Botswana. Aujourd'hui il n'y a  plus un seul Sans dans le Kalahari central park. Du moins officiellement. Régulièrement des raids armés sont organisé pour menacer les rares familles qui sont revenues s'installer dans le Kalahari. J'ai trouvé cette lettre sur internet qui à été écrit par un Bushmen. Elle parle d'elle même.

Botswana : les Bushmen du Kalahari reçoivent le prix Nobel alternatif

"Je suis ici parce que mon peuple aime sa terre, sans elle nous mourrons" c’est avec ces mots que Roy Sesana, porte-parole bushman a reçu, le Right Livelihood Award (également connu sous le nom de prix Nobel alternatif) au nom de l’organisation bushman First People of the Kalahari.
jeudi 13 avril 2006

Mon nom est Roy Sesana, je suis un Bushman gana du Kalahari, du pays qui est aujourd’hui connu comme le Botswana. Dans ma langue, mon nom est ‘Tobbe’ et notre territoire ‘T//amm’. Nous vivons là depuis bien plus longtemps que quiconque.

Lorsque j’étais jeune, je suis allé travailler dans une mine. J’ai enlevé mes habits de peaux pour porter des vêtements occidentaux. Mais je suis retourné chez moi quelque temps après. Cela me rend-il moins bushman ? Je ne le pense pas.

Je suis un leader. Quand j’étais enfant, nous n’avions pas besoin de leaders et nous vivions bien. Mais aujourd’hui nous en avons besoin car nous avons été dépossédés de notre territoire et nous devons lutter pour survivre. Cela ne veut pas dire que je dis aux autres ce qu’ils doivent faire, c’est le contraire, c’est eux qui me disent ce que je dois faire pour les aider.

Je ne sais pas lire. Vous m’avez demandé d’écrire ce discours alors mes amis m’ont aidé, mais je ne peux le lire, je suis désolé ! Cependant, je sais lire la terre et les animaux. Tous nos enfants le peuvent. S’ils ne le pouvaient pas, ils seraient tous morts depuis bien longtemps.

Je connais beaucoup de gens qui savent lire et d’autres, comme moi, qui ne savent lire que la terre. Tous sont importants. Nous ne sommes pas arriérés ou moins intelligent, nous vivons exactement à la même époque que vous. J’allais dire que nous vivons tous sous les mêmes étoiles mais c’est faux, dans le Kalhari elles sont différentes et plus nombreuses. Mais le soleil et la lune sont les mêmes que les vôtres.

J’ai grandi en tant que chasseur. Tous nos garçons et hommes étaient des chasseurs. Chasser, c’est partir et parler aux animaux. Ce n’est pas du vol. C’est partir et demander. C’est poser un piège ou prendre un arc et des flèches. Cela peut prendre plusieurs jours. Vous traquez l’antilope. Elle sait que vous êtes là, elle sait qu’elle doit vous donner sa force. Mais elle court et il vous faut courir. En courant, vous devenez comme elle. Cela peut durer des heures et vous exténuer autant que l’animal. Vous lui parlez et le regardez dans les yeux. Et il sait alors qu’il doit vous donner sa force pour que vos enfants puissent vivre.

La première fois que j’ai chassé, je n’ai pas été autorisé à manger la viande. Certaines parties du springbok ont été rôties avec des racines puis étalées sur mon corps. C’est comme cela que j’ai appris. Ce n’est pas votre manière d’apprendre mais cela fonctionne bien.

Le fermier prétend être plus avancé que le chasseur arriéré mais je ne le crois pas. Ses troupeaux ne donnent pas plus de nourriture que les nôtres. Les antilopes ne sont pas nos esclaves, nous ne leur mettons pas de clochettes autour du cou et elles peuvent courir bien plus vite qu’une vache paresseuse ou qu’un berger. Nous courrons ensemble à travers la vie.

Lorsque je porte des cornes d’antilope, cela me permet de communiquer avec mes ancêtres et ils m’aident. Les ancêtres sont si importants, nous serions morts sans eux. Chacun sait cela dans son cœur mais certains l’ont oublié. Serions nous encore là sans nos ancêtres ? Je ne le pense pas.

J’ai été initié pour devenir guérisseur. Il vous faut pour cela savoir lire les plantes et le sable. Il vous faut trouver les bonnes racines et être à la hauteur. Vous conservez certaines racines pour le lendemain, pour que vos petits-enfants puissent les trouver et les manger. Vous apprenez ce que la terre vous enseigne.

Quand les aînés meurent, nous les enterrons et ils deviennent nos ancêtres. Si des maladies se propagent, nous dansons et nous leur parlons ; ils s’expriment à travers mon sang. En touchant la personne malade, je peux trouver la maladie et la soigner.

Nous sommes les ancêtres de nos arrières petits-enfants. Nous prenons soin d’eux, tout comme nos ancêtres prennent soin de nous. Nous ne sommes pas ici pour nous-mêmes, nous sommes ici pour chacun d’entre nous et pour les enfants de nos petits-enfants.

Pourquoi suis-je ici ? Parce que mon peuple aime sa terre, sans elle nous mourrons. Il y a bien des années, le président du Botswana nous a dit que nous pourrions vivre sur notre territoire ancestral pour toujours. Nous n’avons jamais eu besoin que quelqu’un nous dise cela. Bien entendu nous pouvons vivre là où Dieu nous a créés ! Mais le président suivant nous a dit de partir et nous a forcés à le faire.

Ils nous ont dit que nous devions partir à cause des diamants. Puis ils nous ont dit que nous chassions trop de gibier. Mais ce n’est pas vrai. Ils disent beaucoup de choses qui ne sont pas vraies. Ils nous ont dit que nous devions partir pour que le gouvernement puisse nous développer. Le président affirme que si nous ne changeons pas, nous disparaîtrons comme les dodos. Je ne savais ce qu’était un dodo. Mais j’ai trouvé : c’est un oiseau qui a été exterminé par les colons. Le président a raison, ils nous tuent en nous forçant à quitter notre territoire. On nous a torturés et tirés dessus. Ils m’ont arrêté et brutalisé.

Merci pour le Right Livelihood Award. C’est la pleine reconnaissance de notre lutte et il permettra de faire entendre notre voix dans le monde entier. J’ai appris que le prix nous avait été décerné le jour même de ma sortie de prison. Ils disent que celui qui se tient devant vous aujourd’hui est un criminel.

Je me demande de quel développement il s’agit lorsque les gens vivent moins longtemps qu’avant ? [Dans les camps de relocalisation] le sida fait des ravages parmi nous. Nos enfants sont maltraités dans les écoles et ne veulent plus y aller. Certains d’entre nous se prostituent. Nous n’avons pas l’autorisation de chasser. Les gens se battent entre eux par ennui et parce qu’ils boivent. On commence à constater des suicides. Nous n’avions jamais vu cela auparavant. Cela fait mal de dire ça. Est-ce cela le développement ?

Nous ne sommes pas primitifs. Nous vivons différemment de vous mais nous ne vivons pas exactement comme nos grands-parents, tout comme vous. Vos ancêtres étaient-ils primitifs ? Je ne le crois pas. Nous respectons nos ancêtres. Nous aimons nos enfants. C’est la même chose pour tout le monde.

Il faut maintenant que le gouvernement cesse de nous voler notre terre : sans elle nous disparaîtrons.

Si celui qui a lu beaucoup de livres pense que je suis un primitif parce que je n’en ai lu aucun, alors il devrait jeter tous ses livres et chercher celui qui dirait que nous sommes tous frères et sœurs devant Dieu et que nous aussi avons le droit de vivre.

C’est tout. Merci."


Roy Sesana First People of the Kalahari, Botswana
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« Répondre #1 le: 24 Avril 2006 à 19:18:24 »

Dric,

Voici un article qui ne te laissera pas indifférent.
Concerne l'offensive à l'encontre des Bushmen du Kalahari central destinée à détruire leur mode de vie.  Triste

Source : survival-international / 02 janvier 2006, 11 h 50

"Les Bushmen sont persécutés par les autorités du Botswana : la fermeture de leur territoire, l'interdiction de chasser, l'interdiction de s'approvisionner en eau, la présence de gardes armés dans chaque communauté laissent peu d'espoir de survie aux Bushmen qui s'y trouvent encore.

Les 'Bushmen' sont les plus anciens habitants de l’Afrique méridionale où ils vivent depuis au moins 20 000 ans. Leur habitat est le vaste désert du Kalahari.
Les Bushmen sont des chasseurs-cueilleurs qui, pendant des milliers d'années, ont trouvé leur subsistance dans le désert grâce à leurs connaissances et à leurs compétences. Ils chassent - principalement plusieurs espèces d'antilopes - mais leur nourriture quotidienne a toujours été surtout constituée de fruits, baies et racines du désert. Ils se construisent des abris de bois temporaires. Beaucoup d'entre eux ont été forcés de quitter leur territoire et de vivre dans des villages situés dans des zones impropres à la chasse et à la cueillette; ils doivent faire un peu de culture ou travailler dans des fermes.

A quels problèmes sont-ils confrontés ?
Le territoire des Bushmen a été envahi par les éleveurs bantous il y a environ 1 500 ans et par les colons blancs ces 100 dernières années. Depuis cette époque, ils doivent faire face à la discrimination, à l'expulsion de leurs terres ancestrales, aux meurtres et à l'oppression qui ont abouti à un génocide massif, mais dont on ne parle pas, qui a réduit leur nombre de plusieurs millions à 100 000. Quoique tous souffrent de ce que leur mode de vie soit considéré comme 'primitif' et qu'on exige d'eux qu'ils vivent comme la majorité des éleveurs, ils affrontent des problèmes différents selon le lieu où ils sont établis. En Afrique du Sud, par exemple, les droits sur les terres des !Khomani sont reconnus mais beaucoup d'autres groupes n'ont nuls droits territoriaux.
Au Botswana, les Gana et les Gwi de la réserve de gibier du Kalahari central sont parmi les plus persécutés - ils n'ont aucun droit sur leur terre et le gouvernement du Botswana tente depuis 16 ans de les faire partir de force de leur habitat ancestral. En 1997, beaucoup furent expulsés de chez eux dans le Kalahari et ceux qui sont restés ont subi de drastiques diminutions de leur territoire de chasse, un harcèlement continuel et des tortures. Au début de l'année 2002, le harcèlement s'est intensifié : les pompes à eau ont été détruites, les réserves d'eau vidées dans le désert et la chasse et la cueillette interdites. Pratiquement tous les Bushmen ont alors été expulsés de la Réserve du Kalahari mais un grand nombre d'eux sont depuis retournés sur leurs terres et beaucoup d'autres veulent en faire autant.

Ces méthodes répressives constituent le point culminant de l'offensive du gouvernement contre la résistance bushman à leur expulsion forcée. Tout cela malgré le procès, toujours en cours, qui doit trancher sur la légalité ou l'illégalité de leur expulsion.
Rafael Runco, chairman de Survival International, a déclaré hier : "Il semble que le gouvernement du Botswana ait perdu tout bon sens. Affrontant les critiques de toutes parts, il vise les cibles les plus faciles, les Bushmen qu'il persécute depuis si longtemps. Ces derniers agissements se rapprochent dangereusement du génocide ¬ la tentative de destruction systématique d'un groupe ethnique".

La campagne de Survival
Survival lutte pour le respect des droits de l'homme et des droits territoriaux pour tous les Bushmen de l'Afrique méridionale. Survival mène campagne, en particulier pour la reconnaissance des droits territoriaux des Gana et des Gwi du Botswana - garantis par le droit international - et de leur droit à choisir leur propre mode de vie. Des représentants du gouvernement du Botswana auraient fait savoir que cette campagne ne prendra fin qu’à la mort du directeur général de Survival, Stephen Corry. Ce dernier a déclaré aujourd’hui : ‘Je ne sais pas si cette menace peut être comparée à celles proférées à l’encontre de M. Gakelebone, mais ce qui est certain, c’est que notre travail ne repose pas uniquement sur moi. Plus de 250 000 personnes ont soutenu cette campagne qui continuera bien après moi. Nous ne baisserons jamais les bras devant des tactiques de voyous. Elles nous encouragent au contraire à faire encore plus d’efforts pour sensibiliser l’opinion internationale à la situation tragique des Bushmen’.

Le prestigieux prix Nobel alternatif, Right Livelihood Award, vient d'être décerné à l'organisation First People of the Kalahari pour la détermination dont ils ont fait preuve dans leur résistance à l'expulsion de leurs terres ancestrales et le maintien de leur mode de vie traditionnel."

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Point besoin de porter la crinière, pour croquer la latérite afin qu'elle coule dans mes veines.



Si vous appréciez un commentaire constructif sur vos photographies.... Les autres aussi… Merci.
dric
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« Répondre #2 le: 24 Avril 2006 à 19:25:10 »

C'est bien triste, en effet. Il faut toujours que l'on méprise ceux qui sont différents. Triste
Sur tous les continents, les gouvernements sont les mêmes. Business is business. L'argent et le développement avant tout. Quant à la nature et ses habitants alors ça !!! ?
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« Répondre #3 le: 25 Avril 2006 à 12:18:47 »

Merci Dric pour cet émouvant témoignage et merci à Simba pour le complément fourni.
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« Répondre #4 le: 29 Juin 2006 à 10:54:19 »

Oui! C'est très émouvant... Et c'est une belle leçon de vie!
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« Répondre #5 le: 04 Mars 2013 à 20:14:21 »

Hello

un petit ajout sur ce fil émouvant pour continuer à parler du peuple San, si maltraité et oublié par tous. En 7 ans rien à changé. Et pourtant, génétiquement ils nous relient à l'origine de l'humanité.

Chassés de partout, alcoolisés pour mieux leur piquer leur bétail, considérés comme des moins que rien.

Un peuple sans visage (il aurait fallut un photographe avec talent... Rire )









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« Répondre #6 le: 05 Mars 2013 à 12:51:53 »

Dric,

Ce texte est magnifique.

Papy
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« Répondre #7 le: 05 Mars 2013 à 13:38:23 »

Merci à Nammanu d'avoir détérré ce post et merci bien tardif à Dric d'avoir mis cette lettre d'un San Yes Yes Yes
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"La vie de safari a quelque chose qui vous fait oublier tous les chagrins de la vie et vous donne 24h sur 24, l'impression de boire du champagne.
On est pénétré de la reconnaissance la plus profonde pour le fait de vivre"
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« Répondre #8 le: 05 Mars 2013 à 18:18:02 »

Hello,

a ceux qui se posent la question de savoir si il faut aller visiter les villages Sans, voyeurisme, mise en scène.

Et bien moi je pense que si il n'y avait plus de visiteurs, il y a longtemps que leur culture aurait disparue.
Tout cela doit bien sur se faire avec beaucoup d'intelligence et de compréhension mutuelle.
Les himbas (champions du marketing...) l'ont bien compris.
Ces hommes font partie du village de N!xau acteur Namibien d'un film sud af bien connu avec une célèbre bouteille.
Les producteurs, pour une fois prévoyants, avaient choisi de verser une rente à N!xau. Il faisait ainsi vivre toute la communauté jusqu'à sa mort il y a 8 ans (je crois)...







A suivre...
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