Ve 07/11/08On se lève un petit peu plus tard -- c'est le jour du départ
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J'ai de la fièvre, mal aux articulations, et je me sens vaseuse. On va faire quelques emplettes au village, sur l'île de Mabul dont on fait le tour en une demi-heure. Les gens qui vivent ici appartiennent au peuple Bajau, des nomades de la mer. Ils sont de plus en plus nombreux à être sédentarisés. Leurs maisons sont très rudimentaires, mais le village a une école, de l'électricité, un terrain de foot, une petite mosquée ... la moitié des gens du village sont employés au "resort" où nous logeons, ou à celui d'à côté.
Retour sur notre domaine de pilotis ... on règle la note à la réception, et ils réussissent même à me réapprovisionner en paracétamol (j'en ai consommé pas mal ces derniers jours pour atténuer la douleur de mon genou). On quitte Mabul à 11h. Une fois à Semporna, vu mon état, pas question de prendre un bus public. On prend un taxi qui va nous mener jusqu'à Sandakan; c'est "cher" par rapport au coût de la vie ici, mais ça représente à peine le coût d'une navette entre mon domicile et l'aéroport, ici ...
Arrivés à Sandakan, le taxi nous dépose au May Fair Hôtel qui, d'en bas, ne paie franchement pas de mine. Une simple porte au coin d'un pâté de maisons, avec le nom de l'établissement en caractères romains et chinois. On pousse quand-même la porte pour se retrouver face à une volée d'escaliers
... Bon, on monte. On débarque dans une petite pièce où un vieux Chinois grincheux compte des pièces de monnaie derrière un comptoir, en chemisette. Tout est propre et immaculé. Et tout est peint dans diverses nuances de bleu -- ça nous rappellera Mabul !! On a du pot car on obtient la dernière chambre de libre. Elle est au fond de la petite pièce, juste après le comptoir. Ici aussi, c'est petit mais ultra-propre et tout est bleu. La pièce de mobilier la plus imposante de la chambre, après le lit, est la grande TV à écran plat. Elle s'accompagne d'un lecteur DVD et VCD. Le Chinois grincheux est amateur de films d'action et Pierre lui en emprunte quelques-uns. Je m'endors au tiers du premier.
Sa 08/11/08On va à la pharmacie ce matin mais bizarrement ils n'ont pas d'antibios. Ils nous envoient à la petite clinique juste à côté où on nous annonce qu'une consultation médicale est nécessaire pour en avoir, mais que le médecin n'arrivera pas avant 9h ... or la file d'attente est déjà longue. Et 9h, c'est aussi l'heure à laquelle le taxi que nous avons commandé vient nous chercher. Tant pis; on traverse la rue pour aller prendre un petit-déj de dim sum délicieux dans une gargote chinoise. On paie l'hôtel, on prend notre taxi et on se dirige vers le port de Sandakan, et plus précisément la jetée de Crystal Quest. Cette agence de voyage est la seule à gérer le transport, le logement et la nourriture de l'unique établissement de Pulau Selingaan, une île qui fait partie d'un parc national maritime à cheval sur la Malaisie et les Philippines. C'est un sanctuaire pour les tortues marines, qui viennent y pondre.
Nous sommes accueillis, dans le bureau de Crystal Quest, par un jeune homme en polo rose qui parle quelque chose qui s'apparente vaguement à de l'anglais ... On patiente un moment avant d'embarquer pour une heure de bateau pour Pulau Selingaan, aussi appelée Turtle Island (mais où sont-ils donc allés chercher ça
...
).
L'île est très petite, encore plus que Mabul. La réception/cafétéria/musée se trouve d'un côté, et les bungalows destinés aux touristes, de l'autre. Entre les deux, des terrains destinés à l'incubation des oeufs de tortue, une minuscule mosquée, un terrain de foot pour les rangers ... En cinq minutes à pied (aucun engin à roues ici) on est de l'autre côté de l'île et on prend nos quartiers dans notre bungalow.
On part en reconnaissance; vu la taille de l'île au moins on ne risque pas de se perdre. On voit des bébés tortues morts autour de la hatchery ... je me demande comment ça se fait. C'est triste. Avant et après le repas (insipide), on se promène sur la plage et je ramasse les sacs en plastique qui traînent à gauche et à droite (très dangereux pour les tortues quand ils flottent dans l'eau car elles les confondent avec des méduses et tentent de les manger), tandis que Pierre photographie les oiseaux qui pépient partout. Il y a trois flics en train de glander sur une jetée, à côté de leur bateau. Ils doivent me prendre pour une dingue, à traîner tous ces sachets en plastique derrière moi
. Je les dépose dans une poubelle fermée, qui sera évacuée de l'île ... la question est de savoir ce qu'ils font des déchets qu'ils évacuent de l'île
L'eau est très peu profonde pour faire du snorkelling, elle est très (trop) chaude et trouble. Il y a néanmoins beaucoup de poissons. On se repose un peu sur la plage avant d'aller voir l'expo et la vidéo sur la conservation des tortues. Le repas du soir est moins fade que celui de midi. Ma fièvre est tombée mais c'est maintenant mon homme qui a les symptômes que je présentais hier
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En ce moment, nous attendons à la cafétéria qu'une tortue daigne se pointer. Il est interdit aux touristes de se promener sur les plages après le coucher du soleil, quand les tortues viennent pondre. Seuls les rangers patrouillent. On espère aussi que des bébés auront éclos aujourd'hui. Afin de limiter les nuisances aux tortues, tous les touristes que nous sommes sont invités à aller en voir pondre une seule. Pas de lumières, pas de torches électriques et surtout pas de flashes.
Un ranger arrive finalement en criant "turtle time" !! Tout le monde se rue sur ses sandales (il faut les enlever à l'intérieur), c'est quasiment la panique et certains se marchent dessus comme si la tortue allait s'envoler (à ma connaissance ça ne s'est encore jamais produit, mais bon, on ne sait jamais
).
La tortue est sur la plage où nous avons fait du snorkelling tout à l'heure et la "guide" qui est là braille constamment qu'il faut faire de la place pour que tout le monde voie (on doit être 20), qu'il ne faut pas de flashes, etc. Je me demande quand-même si le fait d'avoir quelqu'un qui hurle à côté ne dérange pas AUSSI la tortue
Les touristes font moins de bruit que les rangers ...
La pauvre tortue pond au milieu de ce chaos et effectivement ça n'a pas l'air de la déranger plus que ça. Il s'agit d'une tortue verte (Chelonia mydas) qui porte déjà une marque d'identification. Les rangers prennent ses mesures. La tortue finit de pondre, et le ranger de récolter ses oeufs. Elle referme le trou (vide). On a vu 3 tortues au total ce soir : une qui partait, son devoir accompli, quand nous arrivions, celle qui pondait, et une troisième qui arrivait lorsqu'on nous a demandé de quitter la plage. On se dirige maintenant vers la hatchery où ils nous montrent ce qu'ils font des oeufs récoltés : un trou rond et profond, a été creusé dans le sable pour accueillir les oeufs. Le ranger les y dépose délicatement, puis referme le trou en frottant les bords de celui-ci, un peu comme le ferait une tortue. Le sable tombe ainsi en couches très légères et aérées.
Voici la récolte :
Troisième étape : la plage, de l'autre côté de l'île, où il n'y a pas de ponte en cours. On va relâcher des bébés tortues (vertes) qui frétillent d'impatience dans leur panier, se marchent dessus, se retournent, se relèvent et se re-retournent ... Ils sont 88. Il y a plusieurs lâchers simultanés à différents endroits de l'île pour qu'ils offrent moins d'opportunités aux prédateurs.
Les bébés, une fois le panier incliné, se ruent vers l'eau d'une façon un peu pataude, et se mettent directement à nager à peine entrés dans l'eau. C'est très impressionnant et très émouvant
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Mon homme a de la fièvre et ne se sent pas bien du tout, on dirait qu'il a chopé le même truc que moi. J'ai eu de la fièvre pendant 24h, donc demain il devrait aller mieux.