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Sur les pistes africaines => Les carnets de voyage => Discussion démarrée par: Marariver le 24 Février 2007 à 17:28:53



Titre: Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 24 Février 2007 à 17:28:53
Bonjour à tous les membres de COW dont je fais partie depuis  peu de temps mais avec lesquels je me sens déjà très à l'aise. Notre amour à tous pour ce continent africain se ressent à chaque instant !

J'ai effectué une bonne dizaine de safaris au Kenya et, en mars 2004, j'ai eu l'occasion unique de partir en Côte d'Ivoire avec mon mari. Nous y fûmes invités par un couple d'amis de notre village,  qui travaillaient à Abidjan pour une période de deux ans.

Sachant que nous visiterions un pays très pauvre bien qu'au sous-sol très riche (le paradoxe de beaucoup de pays africains), j'avais fait passé une petite annonce sur le bulletin communal de mon village pour récolter quelques vêtements d'enfants. J'en ai reçu environ...500 kg ! Nous n'avons évidemment pas tout pu emporter avec nous mais quand même 100 kg ! Inutile de dire que nos vêtements personnels se limitaient au strict minimum et ce fut bien suffisant.

Nous avons eu beaucoup de chance car, quelques semaines après notre retour, les troubles ont recommencé de plus belle dans ce pays agité et vous savez bien qu'une année plus tard, beaucoup de français ont dû quitter brutalement leur chère Côte d'Ivoire...

J'avais écrit un petit livre de bord que je mettais à jour chaque soir. J'ai fait de nombreuses photos "argentiques" que je ne peux vous transmettre car je ne suis pas équipée pour ce faire et ma tête est encore pleine de souvenirs intacts et émouvants que je vous fait partager.

Après un vol long mais sans problèmes ZURICH - BRUXELLES - FREETOWN - ABIDJAN, nous nous posons sur le tarmac de l'aéroport "Houphouët-Boigny" (ancien président de la République).

Pour ceux qui s'intéressent à ce pays magnifique : il a une superficie de 322'465 km2 dont 318'000 km2 de terre et 4'460 km2 d'eau. Sa population est "d'environ" 18 millions d'habitants. Sa capitale administrative est Yamoussoukro et sa grande métropole économique est Abidjan. La Côte d'Ivoire est une République et son Président est Laurent Gbagbo. La langue officielle est le français et la monnaie, le franc CFA.

Il est 21 heures quand nous rejoignons le hall d'arrivée sous une chaleur humide et suffocante qui nous donne un aperçu du climat ivoirien !

Après les tracas douaniers, dus à notre montagne de bagages (petits vêtements, chaussures, médicaments, matériel scolaire, etc), nous apercevons nos amis, tout transpirants eux aussi, qui nous souhaitent "Bonne arrivée" comme disent les ivoiriens !

Une grande affiche publicitaire très colorée et appétissante, attire notre attention puisque nous débarquons du pays du chocolat : "PREMIERES JOURNEES DU CACAO EN COTE D'IVOIRE" ! "COTE D'IVOIRE, TERRE DE CACAO" ! ;)

Nous nous engouffrons dans la voiture de nos amis (André et Paulette) et nous partons à la découverte d'Abidjan "by night" ! La conduite est loin d'être aisée et personne ne connaît ni ne respecte le code de la route par ici ! Les feux qui passent au rouge sont franchis allègrement par des colonnes de véhicules, les dépassements sont permanents, à droite comme à gauche ! A coups d'appels de phares et de klaxons, chacun réussit à se frayer un chemin là où il n'y avait pourtant plus le moindre espace !

Enfin, ces premiers moments agités, nous arrivons dans la maison de nos amis, Une vraie maison africaine, toute en peirre, fonctionnelle et non climatisée. Il est environ 22 heures et il fait 32 degrés dans le salon ! Nous prenons un rafraichissement et le défilé commence !!!

Tous les voisins et connaissances d'André et Paulette débarquent à tour de rôle pour voir la tête des nouveaux arrivants ! Moment très sympathique et plein d'émotion. Ah, la convivialité africaine ! Chacun nous souhaite "Bonne arrivée", nous raconte un bout de vie, nous questionne sur la nôtre et je fais une grande distribution de chocolat suisse fabriqué avec le cacao de Côte d'Ivoire !! Juste retour des choses !

Après cette longue journée, nous avons besoin d'un bon sommeil réparateur et André nous conduit à notre "studio", non loin de leur petite maison. On nous conseille d'emporter la lampe de poche pour éviter une rencontre indésirable sur le petit chemin herbeux (serpent) !! J'en frémis ! Nous prenons les cantonnements et hop, au lit !


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: vinnylove le 24 Février 2007 à 17:43:19
Belle entrée en matière qui donne bigrement envie de connaitre la suite  :)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: hyena le 24 Février 2007 à 17:47:26
Idem pour moi : La suite !  (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: freefox le 24 Février 2007 à 17:54:05
Ça c'est gag le coup du chocolat qui revient chez lui hihi  :-*
100 kg GLOURPS ils vous ont laissé enregistrer cela sans supplément?
Perso comme solution j'ai : j'achète sur place (vêtement, nourriture, fournitures etc.)! Ça évite la surtaxe et le transport. ;)
Mais je ne connais pas ce pays, ce n'est peut être pas possible.
Merci du partage et comme les autres je suis dans l'attente de la suite. (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Simba le 24 Février 2007 à 18:19:01
Agréable mise en bouche pour une immersion dans un pays que je n'ai pas eu la chance de visiter.
Mais je retrouve avec plaisir le mécanisme amical extrèmement développé, quant à l'accueil des chtis nouveaux.  ;)



Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 24 Février 2007 à 20:09:47
Oups, Freefox. Bonne question ! Dans ma précipitation et mon enthousiasme à écrire, je n'ai pas signalé que nous étions en fait trois à voyager. Mon amie Evelyne nous accompagnait et donc nous avons pu passer 30 kg de bagages chacun en soute plus le solde en cabine !


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: dric le 24 Février 2007 à 20:19:44
Quel debut !  (Y)

Citation
"PREMIERES JOURNEES DU CACAO EN COTE D'IVOIRE" ! "COTE D'IVOIRE, TERRE DE CACAO"

Ah ça je sais, j'ai travaillé pendant 1 an dans une chocolaterie traditionnelle et je m'occupais de la réception ( contrôle qualité ect....)  du cacao de différente provenance. Dont une grande partie de la Côte-d'ivoire  ;) Des fois j'y trouvais quelques francs CFA et même des chaussures  :-* :-* :-*


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Keekorok le 24 Février 2007 à 20:47:09
Bon, moi forcément, je connaissais déjà le parcours en Côte d'Ivoire, mais je me réjouis tout plein de lire la suite!... (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 24 Février 2007 à 23:15:05
La nuit ne fut pas si réparatrice que ça car le studio en question était en fait un appartement que nous partagions avec 4  jeunes étudiants africains. Nous avions une cuisine en commun et un cabinet WC. A peine endormis, un grésillement vient nous chatouiller les oreilles et une odeur d'oignons frits fait frémir nos narines... Un des jeunes voisins se fricote un petit souper. Arrivent les trois autres et tous ensemble, ils font un boucan d'enfer. On est si fatigués, qu'on part dans un demi-sommeil agité...  J'entends des petits rongeurs un peu partout...Notre chambre comprend deux petits lits, un lavabo et une douche. Bien suffisant mais au niveau de la propreté, c'était plus que douteux... Et je ne parle pas des WC... Et de la chaleur étouffante qui régnait en ces lieux... Mais, on voulait du "local", on l'a eu. Ne jouons pas aux Européens nantis !! :-X

Au matin, avant de prendre une douche rafraîchissante, nous devons commencer par "chasser" les petits vers bruns qui sortent de l'écoulement. Et ça se répétera avant chaque utilisation de la douche ! Original, non ? :P

Nos amis nous ont prévu une matinée consacrée à un premier tour de ville. Quelle journée ! André reprend le volant et vive l'aventure  ! Je pense que pour conduire à Abidjan, il faut être soit téméraire, inconscient ou aimer les risques et les sensations fortes ! Les pots d'échappement libèrent une fumée noire et dense. Des piétons jouent à la roulette russe en tentant de traverser la chaussée. Les passages cloutés semblent inexistants, même aux quelques rares endroits où il y en a ! Inutile de répéter que chaque voiture se faufile en klaxonnant bruyamment ! 8)

En tant qu'aide-chauffeur, Paulette essaie de prévenir son mari en annonçant les trous, les dépassements par la doite ou en troisième position par la gauche et de repérer par où nous passons pour faciliter le chemin du retour.

Ici, chacun prie chaque jour pour ses déplacements, pour ceux de sa famille et de ses voisins ! Faut l'avoir vécu pour comprendre !

Tous les principaux carrefours d'Abidjan sont animés et envahis par les vendeurs qui cherchent un client pour "faire affaire" avec des sucres en morceaux au détail, des boissons fraîches, des mouchoirs en papier, des allumettes, des lunettes à soleil, des montres, des ventilateurs, des accessoires pour voiture ou des articles de saison pour la rentrée scolaire, et, en période de fêtes de fin d'année, des sapins et des guirlandes de Noël ! Un véritable marché en plus de tous les petits et grands marchés de la ville.

Un détail amusant concernant les vieilles voitures délabrées qui sillonnent Abidjan : elles arrivent directement de France et auront une seconde vie en Afrique. Les Ivoiriens les surnomment malicieusement : "Au revoir la France" !! :-*

En ce premier jour et ce jusqu'au dernier jour de notre séjour à Abidjan, nous vivrons au rythme de l'harmattan. Nos amis nous avaient "promis" un peu de fraîcheur pendant notre séjour et bien, rien de tout ça ! Nous découvrons les réalités d'une chaleur humide, lourde et d'une poussière qui s'infiltre partout ! >:D

Ensuite, nous partons pour le marché de viande de porc de Yopougon. Si je pouvais vous faire partager les odeurs, les discussions, les prises de bec, les cris, la musique, les rires, les klaxons de la rue !

Nous avons surtout été fascinés par le système de ramassage des petits bus pour le transport collectif de 12 à 15 personnes : il y a celui qui crie pour le trajet, celui qui hurle pour savoir qui va dans cette direction, celui qui rabat en fonction du chauffeur avec qui il est en relation, celui qui court pour trouver un dernier client, celui qui ouvre, ferme, court et encaisse le prix de la course avec des billets roulés autour de chaque doigt, plus, bien entendu, les nombreux passagers montant et descendant du véhicule ! (L)

Tout ceci se fait avec des "tourner sur route" à vous couper le souffle, des arrêts sans clignotant mais avec des coups de klaxon, des piétons adultes et enfants un peu partout, des charrettes poussées à bras d'homme, transportant des vivres, des ordures, de l'herbe et autres, plus de la poussière et des caniveaux fortement détériorés !!!... Si on veut de la vie, on est servi ! ;)

Dans un autre quartier, au grand marché d'Adjamé ou de Treichville, il y a en plus de tout ce que j'ai cité plus haut, tous les petits marchands installés directement sur ce qui devrait être le trottoir !

Après toutes ces émotions, nous décidons de nous arrêter dans un maquis (petit bar) pour y déguster une délicieuse bière africaine. Ensuite, on fait un nouvel arrêt dans un marché de fruits où nous faisons provision de mangues, bananes et ananas. (Y)

Nous sommes à nouveau dans la maison d'André et Paulette et profitons de l'air bienfaisant de leur gros ventilateur ! Comme nous connaissions le goût prononcé de nos amis pour les plats au fromage, nous avons emmené de Suisse, pour leur plus grand plaisir, un mélange de fromage râpé sous vide et 1 bouteille de vin blanc et ce soir, c'est moi qui suis préposée à la cuisine (j'avais acheté du pain dans la journée) et je prépare pour nous cinq : une fondue !! C'est merveilleux de se retrouver entre amis autour d'une bonne fondue ! Habituellement, nous mangeons ce plat typiquement suisse dans la fraîcheur de nos alpages mais ce soir, dans le salon des Schulé, il fait 32 degrés !!! Bien fait pour nous !! ;D

Le lendemain matin, Paulette, Evelyne et moi commençons à trier tous les vêtements et chaussures d'enfants car nos amis, qui vivent depuis déjà un an en Côte d'Ivoire, savent où et à qui nous pourrons distribuer ces cadeaux, si précieux pour tant de familles.

Après une deuxième nuit plus calme et plus reposante, nous nous apprêtons à vivre une nouvelle journée en terre africaine ! Pendant le petit-déjeuner, Fatou, une souriante dame vient directement à la maison, vendre des légumes et des fruits. Paulette nous explique que parfois, sa bassine est si lourde qu'il faut l'aider à la descendre ou à la remettre sur sa tête !

Ce matin, nous allons, sans les Schulé, mais avec Ismaël,  leur "homme de maison", faire une visite du grand marché d'Adjamé. Nous avons déjà beaucoup voyagé, sur plusieurs continents, mais jamais nous n'avons vu un marché de cette ampleur, avec une atmosphère si particulière.

C'est si vaste et si indescriptible que je ne sais comment m'y prendre pour vous faire vivre les 2 heures passées dans cet endroit ! ;)

Comme souvent en Afrique, l'ambiance est unique ! Des gens, partout des gens. Des vendeuses de fruits, de légumes, de poulets vivants ou à moitié étouffés sous la chaleur (c'est en plus un marché couvert !), des oeufs par centaines, des poissons de toutes espèces et de toutes couleurs, des coquillages, des stands de viande où les mouches sautent "à pieds joints" d'un morceau à l'autre, des femmes aux vêtements colorés, souvent leur enfant dormant dans leur dos, des odeurs indéfinissables, des bijoux, des étoffes magnifiques, des enfants qui se traînent à quatre pattes dans de l'eau nauséabonde, des épices, du bric à brac, des meubles, des chaussures par centaines, des petits meubles, de l'artisanat, du charbon, etc, etc. (L)

Cet immense marché se prolonge encore à l'extérieur, dans toutes les rues environnantes et propose d'innombrables produits de toutes les couleurs et de tous les formats ! Vraiment trop compliqué à expliquer (dommage que je ne puisse vous transmettre quelques photos) !

Nous avons bien évidemment profité de faire quelques achats originaux à des prix plus que dérisoires 8)

J'ai l'air d'insister un peu lourdement sur la chaleur mais je n'ai jamais vécu dans un climat aussi éprouvant, aussi longtemps. L'humidité est plus inconfortable que la chaleur elle-même. Parfois, je rêvais de me promener en maillot de bain sur la banquise !!!  >:D

Nous rentrons chez les Schulé pour le repas de midi. C'est notre brave Ismaël qui se met aux fourneaux et nous prépare un plat très ivoirien : de l'attieke (semoule de manioc) et un kedjenou de poulet (ragout) : délicieux ! (L)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: freefox le 24 Février 2007 à 23:57:48
Voilà une ambiance de ville qui me rappelle bien des souvenirs  ;D
Ah c'est sur ça change de la clean Suisse  :-*
Une fondue..........là bas..................voilà qui est bien singulier!.....Saperlipopette :o
Dommage effectivement qu'il n'y a pas de photo,surtout du marché d'adjamé.  :'(




Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 11:48:52
La journée se poursuit par une visite d'une "entreprise de plombier-appareilleur" que nous avions aperçue, non loin du quartier où nous vivons.

En fait de plombier, c'est vraiment rudimentaire : une cabane en tôle avec 2 ou 3 vieux robinets, un couvercle de WC douteux, quelques vis et de vieux joints tout secs. Inutile de préciser que les clients sont rares, voire inexistants.

Le plombier en question reste dans sa cabane en tôle toute la journée, assis en compagnie de sa femme et de leurs deux petites filles de 4 et 2 ans, sous une chaleur accablante, encore intensifiée par la tôle ! Nos amis les connaissent et nous nous permettons de lier connaissance nous aussi. Ils sont véritablement très pauvres et on se demande comment ils vivent et comment ils peuvent subvenir aux besoins de ces adorables fillettes...

Nous fraternisons et leur promettons de revenir les voir un autre jour, ce que nous faisons bien sûr, les bras chargés de vêtements et de petites chaussures. La joie et la reconnaissance que nous lisons sur leurs visages est immense. La maman nous propose même d'emmener les deux enfants avec nous pour rentrer en Suisse.

- Elles auront ainsi une meilleure chance dans la vie, elles seront bien nourries et instruites !
   nous dit la maman timidement.

Nous en avons les larmes aux yeux et sommes interpelés par cette vie précaire et misérable.

Un nouveau paradoxe nous surprend quelques heures plus tard. Un mariage est célébré dans la grande église, près de notre campus. Nous apprenons que les mariés sont issus des classes pauvres mais, pour leur mariage tout comme pour leur enterrement, les Africains s'endettent terriblement. Ces étapes importantes de la vie comptent pour eux énormément.

En effet, les mariés sont superbes, les invités sont vêtus de manière somptueuse, une limousine attend, les demoiselles d'honneur sont d'une élégance rare et des choristes, tout de bleu vêtus, accompagnent toute "la noce" à l'intérieur de l'église en chantant des gospels magnifiques.

Pour terminer la journée, Paulette a réuni plusieurs femmes et enfants chez elle. Evelyne et moi leur apprenons à confectionner du pain, des tresses et des pâtisseries. Tout le monde est très intéressé et actif. Aujourd'hui encore, les femmes du campus continuent à fabriquer du pain et le vend.

Les femmes africaines ont une vie rude et difficile. Elles portent souvent toute leur famille à bout de bras, elles sont si courageuses. Nous en avons beaucoup connu lors de ce voyage : Lydie et Christine sont créatrices de cartes raffinées qu'elles embellissent par des reproduction de la vie africaine au moyen de collage de tissus colorés, D'autres tricotent, brodent et cousent. Fatima, Aminata et tant d'autres vendent fruits et légumes à domicile. Mariam confectionne des confitures délicieuses, elle vend des arachides grillées dans des bouteilles plastic récupérées.

Martine prèpare de l'alloco (bananes plantain frites à l'huile de palme). Des èquipes de jeunes filles essaient d'avoir un petit maquis au bord de la route.

Cette réalité des petits métiers nous interpelle beaucoup, pourtant elle est indispensable pour que chaque famille puisse manger dans la journée, mais en même temps, elle est tellement aléatoire que nous ne comprenons pas comment ces femmes "s'en sortent".

Et les hommes, me direz-vous, que font-ils ? Et bien, eux aussi, essaient de se débrouiller pour arriver à survivre. Pour tous ceux qui n'ont pas d'emploi fixe (la majorité), c'est le système de "la débrouille" : marchand de poisson, réparateur-docteur pour les chaussures, les montres et les cellulaires (tél. portables), gardien de maison ou de place de parc, transporteur en tout genre, menuisier, plombier-appareilleur, électricien, lessiveur, et. etc.

On se demande toujours où sont leurs outils car tout tient dans un petit sachet en plastic et encore, parfois, seul un marteau ou une pince font l'affaire : ils comptent sur les outils du demandeur de service !

Le lendemain, nous quittons Abidjan et partons à la découverte de la campagne environnante. Mais, pour sortir de la ville, il faut bien compter 1 heure et demie de voiture ! Nous traversons une grande plantation d'hévéas (arbres à caoutchouc) et nous nous arrêtons pour observer l'écoulement du latex blanc dans de petits récipients. Puis, logiquement, nous avons l'occasion de visiter une usine de caoutchouc, Très intéressant.

De retour "chez nous", je me promène dans le parc autour de la maison et je photographie de magnifiques margouillats (lézards gris-orangés) très familiers qui courent partout et s'agrippent à tous les arbres.



Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: LeTigre le 25 Février 2007 à 12:02:10
J'aime beaucoup, Marariv' ...
Citation
Les femmes africaines ont une vie rude et difficile. Elles portent souvent toute leur famille à bout de bras, elles sont si courageuses

Sonia et Alex Poussin disent que ce sont les femmes qui tiennent l'Afrique à bout de bras ...


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: babelilu le 25 Février 2007 à 13:01:08
C'est vraiment super intéressant !!!
J'adore, vivement la suite... (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: dric le 25 Février 2007 à 13:41:08
Tu as un vrai don pour les récits de voyages.  C'est super bien raconté,  (Y) (Y) (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: hyena le 25 Février 2007 à 13:56:13
Soupir... Je retrouve bien là l'Afrique et sa très grande pauvreté ; ses femmes qui se battent au quotidien, préférant donner leurs enfants... Pour une mère c'est un énorme sacrifice et un geste d'un amour hors limite et plus que respectable .

Vivement la suite !  :)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: freefox le 25 Février 2007 à 14:03:30
J'aime beaucoup, Marariv' ...
Sonia et Alex Poussin disent que ce sont les femmes qui tiennent l'Afrique à bout de bras ...

Ce n'est pas pour enchérir mais je dirais même plus, ce sont les femmes qui portent le monde, qui portent l'avenir, qui portent les enfants.............Femmes je vous aime (comme le dit si bien la chanson) ;)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 14:13:00
Quel debut !  (Y)

Ah ça je sais, j'ai travaillé pendant 1 an dans une chocolaterie traditionnelle et je m'occupais de la réception ( contrôle qualité ect....)  du cacao de différente provenance. Dont une grande partie de la Côte-d'ivoire  ;) Des fois j'y trouvais quelques francs CFA et même des chaussures  :-* :-* :-*

Ah, j'ai bien ri de ton anecdote concernant la séquence "cacao" ! Les CFA c'est déjà particulier mais les chaussures !!!... :D ça c'est vraiment l'Afrique !


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 14:15:31
J'aime beaucoup, Marariv' ...
Sonia et Alex Poussin disent que ce sont les femmes qui tiennent l'Afrique à bout de bras ...

J'ai vu le reportage super intéressant des Poussin. Je vois que chacun a la même perception des femmes africaines !


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 14:18:47
Tu as un vrai don pour les récits de voyages.  C'est super bien raconté, (Y) (Y) (Y)

Merci pour tes encouragements dric. ça me motive pour continuer et je revis ce voyage une seconde fois !  (L)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Gaston le 25 Février 2007 à 14:19:44
Que voilà au moins ... un récit qui fleure bon la vérité ...
Je sais de quoi tu parles car j'ai vécu 28 ans en Afrique ...


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 14:25:46
Que voilà au moins ... un récit qui fleure bon la vérité ...
Je sais de quoi tu parles car j'ai vécu 28 ans en Afrique ...
En effet, tu connais bien le sujet. C'est super de raconter un voyage à des gens réceptifs !


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: zabinouk le 25 Février 2007 à 14:43:37
(Y) (Y) La suite , la suite, SVP voisine, profites du temps pourri que l'on a sur la région pour continuer, a moins que tu ne digère une fondue, là c'est de saison :-*


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Simba le 25 Février 2007 à 14:56:17
Ca se boit comme un bon jus de Goyave.
Le récit est joliment écrit, bien réel mais aussi plein d'humour et la couleur locale transpire au travers des scènes de rue et des rencontres effectuées.
Moi aussi, ça me replonge quelques années en arrière...  :-[

Merci.  :)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Gazelle le 25 Février 2007 à 18:28:54
Il est vrai que l'orsque on à vécu en Afrique plusieurs années ton recit nous replonge dans la vie quotidienne qui est celle vecue au jour le jour par la femme africaine


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 18:39:03
Si vous le permettez, je désire juste vous donner un petit complément d'information relatif à "l'épisode hévéas et usine de caoutchouc" :-[

J'ai oublié de vous préciser (pour ceux qui ne connaissent pas),  que la sève (latex) qui coule des hévéas est donc récoltée dans de petits récipients. Quand ces récipients sont pleins (chaque 3 jours environ), les employés de l'usine de caoutchouc viennent les vider (le latex se solidifie) et vont les stocker dans la cour de l'usine.

Ces "pains" de latex, dégageant une odeur nauséabonde , ;D sont ensuite traités et déchiquetés puis compressés en grands blocs, en vue de leur exportation pour la fabrication des pneumatiques.

Nous continuons ensuite notre périple campagnard sous une chaleur de plomb. Nous découvrons,  au bord des routes, des expositions de tissus, nappes et même des canapés et fauteuils qui attendent preneur ! Amusant de voir des meubles et salons complets, simplement entreposés dans l'herbe, sous le soleil et parfumés des gaz des voitures et des camions !

Des hommes, accroupis par terre, en plein soleil, fabriquent des paniers, découpent des nappes et des rideaux avec des moyens tout simples. Ils sourient, chantonnent et nous accueillent d'un joyeux "bonne arrivée" !

Nous achetons de belles nappes qui apporteront une note colorée et exotique à notre intérieur ! Comme toujours en Afrique, tout se marchande dans la joie et la bonne humeur !  :D

Sur le chemin du retour à Abidjan, nous découvrons de grands projets d'urbanisation. Des immenses chantiers sont en cours et la construction de blocs d'immeubles va bon train.

Arrivés à la maison, nous nous désaltérons d'un thé à la citronelle fait maison et nous commentons avec enthousiasme les moments forts de cette belle journée. Paulette nous prépare pour le repas du soir, une grande salade de légumes frais et de viande et un "foufou" (mousse de bananes) ! Un régal qui ravit nos palais gourmands !!

Ensuite et comme chaque jour, les trois dames font la vaisselle à la mode africaine : on cuit un ou deux litres d'eau, on y ajoute de l'eau froide, on rince dans un autre récipient d'eau que l'on conservera pour l'arrosage des fleurs. Pas de gaspillage par ici !

Pendant la nuit, prise d'un petit besoin naturel, je quitte la chambre et "je me booste" pour entrer dans les WC communs, toujours aussi "accueillants" et pas clean ! Le lendemain, j'ai  acheté un produit de nettoyage et me suis lancée à l'assaut des taches non identifiées  ^-^, frottant, briquant et fière du résultat !  ::) Voilà bien un réflexe de Suissesse me direz-vous !!! ;)

Le jour suivant est à nouveau assez intense en émotions. Nous avons réunis des vêtements pour 14 enfants (entre 3 et 12 ans), des chaussures, des livres, des cahiers, des stylos et crayons de couleur, des savons, du dentifrice et des brosses à dents, le tout rangé dans une grande valise et nous sommes partis, Evelyne, mon mari et moi ainsi qu'Yvonne (une jeune femme ivoirienne, amie des Schulé). Nous avons pris un taxi-brousse de 12-15 places (mais nous étions entassés à plus de 20 avec en plus une chèvre et des poules) :-* !!

Nous nous sommes rendus à Akeikoi, un modeste village poussiéreux, à quelques dizaines de km de la ville. Quel voyage !  Nous étions les trois seuls blancs dans le véhicule d'où émanait des odeurs indéfinissables, des cris, des rires et un désordre indescriptible ! Les poules caquetaient, la chèvre bêlait, les enfants pleuraient, les femmes jacassaient, les hommes riaient (se référer au début du récit où j'explique les anecdotes des taxis collectifs). Une expérience inoubliable !! (Y)

Nous arrivons enfin à destination : l'orphelinat d'Akeikoi. Nous sommes  reçus avec cris et rires. Nous sommes invités à prendre place sous un grand arbre parasol et chacun se présente à nous, naturellement et presque timidement. Le Directeur (pasteur) de l'orphelinat et son épouse ont recueilli 14 enfants dans ce lieu très modeste mais propre et sécurisant. On nous propose un jus de fruit et nous faisons connaissance des enfants. Aucun d'eux ne se souvient de son âge réel ni de son prénom réel ! Ils sont issus de Côte d'Ivoire, du Burkina Faso, du Gana et du Rwanda. Ils sont beaux, timides et très discrets.

L'épouse du Directeur leur demande de nous interpréter une chanson de bienvenue et ils entonnent un air joyeux, tous sourires, battant la mesure et agitant avec enthousiasme leur petit derrière, en rythme (comme le font si bien les enfants d'Afrique) !

Ensuite, chacun d'eux se présente. Ils ont tous des prénoms bibliques (Emmanuel, Rebecca, Paul, Debora, etc.)

La petite Rebecca, toute timide, se trémousse en nous souhaitant la bienvenue en ces termes :"Bienvenue au tonton et aux deux tantines" (c'est souvent ainsi que les petits ivoiriens appellent les étrangers).

Nous expliquons que nous sommes venus faire leur connaissance et leur apporter des vêtements, etc.etc. Je vois immédiatement leurs yeux s'allumer comme des étoiles et leur timidité disparaître. Ils s'animent, ils rient, ils tournent, ils observent nos gestes.

J'ouvre la grande valise rouge et c'est Noël. :) Je leur explique qu'il y a de tout pour chacun d'eux, même une poupée blanche (le must) pour chaque fillette et une voiture pour chaque garçon. Evelyne m'aide à trier par âge et à faire la grande distribution. Nous avons aussi pu réunir du chocolat pour chacun (il est un peu raplapla !) mais quel bonheur de voir le visage radieux et reconnaissant de ces enfants... (L)

Une fois de plus, je regrette de ne pouvoir vous transmettre les photos qui sont superbes. Ces visages d'enfants lumineux au regard rempli de reconnaissance me fait encore monter les larmes à ce jour...

Chacune et chacun a reçu de nouveaux vêtements, de nouvelles chaussures, du matériel scolaire.etc.  Ils sont rayonnants et nous regardent avec beaucoup d'émotion.

Le Directeur et son épouse leur proposent de nous dire à tour de rôle un petit merci personnel (nous sommes un peu embarrassés) :-[

Je ne peux transcrire ici l'émotion qui nous étreint la gorge quand une petite fille d'environ 6 ans nous dit spontanément, en caressant les cheveux blonds de la poupée qu'elle vient de recevoir :"Merci tonton et tantines. C'est la première fois que je reçois des cadeaux".

Rebecca, un peu plus âgée, choisit, elle, de nous remercier par une petite prière :"Merci à Dieu qui vous a conduit chez nous et que Dieu vous fasse bien rentrer dans votre pays et que votre avion ne tombe pas".

Un jeune garçon d'environ 10 ans à choisi de nous dire :"Je sais que votre pays c'est en Europe et qu'il fait froid". Quand vous aurez vraiment trop froid, il faut que vous reveniez en Côte d'Ivoire pour avoir chaud".

J'ai demandé aux enfants s'il connaissaient une ville de Suisse et, les plus grands, tout fiers se sont écriés : "Paris" ! Eclat de rire général. :-*

Inutile de vous décrire ces moments de tendresse et d'émotion... Nous étions muets, incapables de réagir, incapables de répondre. Nos larmes coulaient doucement et nos sourires se sont fait humbles.

Et comme toujours en Afrique, tout se termine par des rires, de la joie, des chants et des danses que nous avons partagé en pensant qu'il faut souvent si peu pour apporter tant de bonheur.

Nous quittons l'orphelinat à pied, escortés de nos 14 petits amis qui veulent à tour de rôle marcher près de chacun de nous en nous tenant par la main pour un bout de chemin. Nous attendons un taxi-brousse pour le retour et les enfants attendent près de nous.

Le taxi arrive enfin, déjà surchargé et, après avoir embrassé chacun des enfants, nous embarquons dans un four ambulant !! C'est encore plus hard qu'à l'aller ! Il fait encore plus chaud et cette fois, il y a des poules mortes, suspendues par les pieds au plafond, des canards vivants et des enfants en nombre incalculable ! C'est vraiment du local ça !!! On en parle encore aujourd'hui !!

Nous arrivons sains et saufs à Abidjan, le corps ruisselant de sueur, la tête encore emplie des chants et des paroles des enfants, le coeur débordant de tendresse.

Nous remercions Yvonne de sa compagnie et nous nous réjouissons de revoir Paulette et André ce soir pour leur commenter ces moments exceptionnels.

Ce soir-là, je n'ai pas pu m'endormir facilement et pas seulement en raison de la chaleur. Je me repassais mentalement le film de l'orphelinat et je me disais que les enfants de chez nous, qui n'ont pas de point de comparaison, ne peuvent imaginer la chance qu'ils ont de vivre avec leurs parents, de manger chaque jour tout ce qui leur fait plaisir, de porter des vêtements neufs, de fréquenter l'école régulièrement, de recevoir des jouets hors de prix et à la denière mode. Sont-ils pour autant plus heureux ? Les petits orphelins d'Akeikoi connaissent, sans le savoir, la vraie valeur de chaque chose. A méditer... (L)

Le lendemain, nous quittons à nouveau Abidjan avec les Schulé, tous les cinq. Nous recommençons, comme chaque jour, un véritable "Paris-Dakar" à travers la ville mais nous commençons à nous en amuser, voire à aimer ça  8) (Y)

L'harmattan nous prive de ciel bleu mais on s'en fout, il n'arrivera pas à nous gâcher nos vacances, même qu'il fait trop chaud ! ::) Un de ces jours, je vais vraiment sortir en costume de bain, la tête serrée entre deux blocs de glace !!

A propos, j'avais emporté dans mes bagages un gadget un peu idiot (mais pas tant que ça quand même en ces lieux torrides) :  un mini-ventilateur de poche ! Et bien, même si toute l'équipe me prend pour une rigolote, cet "engin" s'est avéré être le luxe suprême !!!

André, qui se prend parfois pour Schumacher, nous semble bien téméraire ce matin ! Il double, il klaxonne comme un dingue, il freine comme un malade ! Et tout cela, sans se départir de son légendaire sens de l'humour 8) ! Paulette est à cran et l'invective fermement mais il s'en fiche ! C'est lui le chauffeur et il se comporte comme un chauffeur ivoirien !! On rit tous bruyamment !! :D :D ;D

Aujourd'hui, nous nous rendons près de Bingerville, une ville située à environ 8O km d'Abidjan. Nous traversons une région très verdoyante et bien arborisée. Un vrai repos pour les yeux et l'âme. Beaucoup de monde au bord des routes, beaucoup d'enfants à demi-nus, des femmes qui transportent de lourds chargements de bois sur leur tête, des charrettes tirées par des ânes.

Nous arrivons dans un village perdu et découvrons, autour des modestes habitations, des poules en liberté, des lapins dans un petit clapier, des femmes affables préparant le repas en plein air, des enfants nus, jouant avec un morceau de bois ou des pierres.

Nous rencontrons un grand troupeau de vaches efflanquées, aux cornes élancées. Chez nous, c'est tout banal mais en Afrique, c'est original de voir déambuler ces animaux calmes au regard humide, sur la terre ocre.

Ensuite, nous découvrons une plantation de café, la deuxième richesse du pays. Puis, nous traversons de grandes cultures de cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. Au détour d'un chemin, nous nous retrouvons face à un terrain de football improvisé où de petits joueurs aux maillots colorés s'entraînent pour la prochaine coupe du monde !!

Sur le chemin du retour, nous faisons un arrêt désaltérant au Jardin d'Eden (un maquis de plein air fort sympathique). Nous consommons une bière africaine qui nous donne une illusion de fraicheur. Des femmes préparent un repas bien appétissant composé de soupe de légumes bouillant sur une vieille marmite, directement posée sur un feu de bois, entre de gros cailloux, du poisson frit et des bananes plantain. J'en retrouve même les odeurs !!

Un détail amusant capte mon regard : des publicités colorées pour les soupes "Maggi" s'agitent au gré du vent, suspendues dans un grand arbre ! ;)

En nous voyant amicaux et chaleureux à leur égard, les femmes lâchent leur cuisine et commencent à danser pour nous. Elles sont très gaies et tout de suite, une ambiance conviviale s'installe. Je les prend en photo et, lors d'un retour éclair des Schulé en Suisse, je leur fait une copie de chaque photo. Paulette m'a raconté leur joie ! :D :D

Nous rentrons en ville. En arrivant chez nous, mon mari aide un transporteur fatigué à guider son trop lourd chargement sur les bosses du chemin herbeux.

Encore une magnifique journée à graver dans notre coeur. Ce soir, après un souper sympa chez les Schulé, les routards se couchent tôt car demain matin, une nouvelle aventure nous attend...











Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 18:44:41
Soupir... Je retrouve bien là l'Afrique et sa très grande pauvreté ; ses femmes qui se battent au quotidien, préférant donner leurs enfants... Pour une mère c'est un énorme sacrifice et un geste d'un amour hors limite et plus que respectable .
Oh comme tu as raison Hyena. Donner ses enfants par amour, pour leur assurer un avenir meilleur...


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: MCO le 25 Février 2007 à 18:57:18
Magnifique récit Marariver ou l'on sent ton amour pour ce continent, et particulièrement touchée à la lecture de ta journée dans l'orphelinat ( effectivement je suppose que tes photos de ces enfants doivent être d'une grande sensibilité ), j'aime beaucoup également tes anecdotes diverses qui sont vraiment le quotidien de la vie africaine
Merci pour ce partage et au plaisir de lire la suite


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: freefox le 25 Février 2007 à 19:02:59
Nul cliché mais en lisant, les images défilent dans l'esprit, puis les sons, les odeurs...............


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: babelilu le 25 Février 2007 à 19:32:44
Ben moi je pleure...  :'(
Je suis super sensible et le passage à l'orphelinat m'a fait monter les larmes... Ton récit est magnifique !
Je pense que si les enfants d'Europe de l'ouest pouvait se rendre compte de tout ce qu'ils ont et qu'ailleurs c'est loin d'être pareil, le monde en serait peut-être un peu meilleur... enfin... :-\ et d'ailleurs c'est pareil pour les adultes, certains devraient essayer d'aller voir ailleurs pour se rendre compte que l'on est loin d'être à plaindre même si la vie n'est pas toujours facile !


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: LeTigre le 25 Février 2007 à 20:24:07
Ah lalala sacré Babeliu  :P  ;)

Super Marariver vraiment très beaucoup super  (Y) (Y) (Y)

Et je suis content que tu prouves qu'on peut laaaaaaargement exister sur COW même sans photos


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 25 Février 2007 à 20:40:02
(Y) (Y) La suite , la suite, SVP voisine, profites du temps pourri que l'on a sur la région pour continuer, a moins que tu ne digère une fondue, là c'est de saison :-*

Merci pour ton enthousiasme voisine du vignoble vaudois ! Non, ps de fondue aujourd'hui mais...une raclette !!!


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Floflo le 26 Février 2007 à 12:16:10
Je suis bien contente que tu te sois lancée dans ce récit que je viens de lire d'une traite... comme c'est bien raconté ! on s'y croirait... moi aussi tu as réussi à me faire pleurer avec ton récit sur l'orphelinat, c'est tellement merveilleux de donner un peu de bonheur à ces enfants qui n'auront sans doute pas beaucoup de chance dans leur vie - même sans photo on sent toute l'émotion ressentie de part et d'autres
Merci pour ce partage  (L)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: kiserian le 26 Février 2007 à 13:13:51
Merci de ce beau récit Marariver.

Je ne connais Abidjan que par le hublot de l'avion et par deux transits à son aéroport.
Y aller en 2004 de surcroit ce n'est pas banal (à cause des évènements de 2002/2003 et de la partition/guerre qui ficherait la trouille à plus d'un)...Bravo. ;)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Keekorok le 26 Février 2007 à 18:47:54
Tu m'avais déjà tout raconté, mais je prends un immense plaisir à me plonger dans ton carnet de route très prenant et touchant! (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 26 Février 2007 à 22:03:31
11 mars 2004.
En nous levant, à 6 heures ce matin, nous ne savons pas encore que ce jour  marquera au fer rouge le peuple espagnol, en raison des attentats islamistes qui ont frappé la gare de Madrid...  :o

Lors de notre escapade campagnarde, nous avions fait connaissance d'un jeune français, Stéphane Brisset, gérant d'une ferme-laiterie à Bingerville. Nous avons juste échangé quelques mots avec lui et il nous a spontanément offert une visite de sa ferme "Nouvelle Normandia". Mieux : il nous a même proposé de passer nous prendre à notre domicile ! Sympa, non ?. Il vit à Abidjan et pas très loin de "chez nous".

A 6 h.3O, nous nous engouffrons tous les trois dans sa jeep et en route pour la ferme ! L'harmattan nous reste fidèle, la ville s'éveille doucement, les voitures commencent leur tour de chauffe et beaucoup de piétons se rendent au travail "pole pole" !! ;)

Stéphane adopte, lui aussi, une conduite "très sport" ! Il est beaucoup plus nerveux qu'André ! Il klaxonne avant chaque manoeuvre et hurle des noms d'oiseaux à tout bout de champ ! Nous trois, on se marre !! :-*

Enfin, après un parcours agité, nous arrivons à la "Nouvelle Normandia". Nous découvrons un grand troupeau de vaches broutant paisiblement. Elles sont de races bien connues : Holstein, Brunes et Montbéliardes ! ;) Insolite parmi ce troupeau : plusieurs aigrettes ! Nous sommes bien en Afrique !

Le cheptel est composé de 52 têtes de bétail dont 27 vaches laitières. Le personnel comprend 13 employés qui se répartissent le travail à l'écurie (traite à la machine, nourrir les animaux et nettoyer) et la fabrication du fromage, du beurre et des yogourths.

Mon mari et Evelyne, issus d'un milieu rural, sont très intéressés par le travail d'écurie,les vaches, les génisses et les veaux tout mignons, Moi, j'écoute aussi les explications de Stéphane mais je suis surtout occupée à faire de nombreuses photos !

Après le travail de la ferme, nous avons l'occasion de visiter la laiterie et de voir la fabrication des produits. Un informaticien s'occupe de toute la partie administrative et nous impressionne par sa grande taille ! Il ressemble plus à un basketteur qu'à un comptable !! (Y)

Pour terminer, nous avons droit à une sympathique dégustation de tous les produits laitiers. Nous ne manquons pas, bien sûr, de faire quelques provisions pour les jours à venir !

Cette ferme-laiterie vend ses produits à des clients privés et particulièrement en "vente à domicile". Ce sont certainement les gens de la classe supérieure qui se fournissent à la Ferme Nouvelle Normandia, étant donné les prix assez élevés :

1 litre de lait demi-écremé :                            CFA 1'000     (1.50 euro environ)

1 litre de lait entier                                        CFA   975

crème fraîche                                               CFA 1'350

1 yogourth                                                   CFA   325

1 petite meule de fromage Binger                   CFA 15'000

Un demi-Binger                                           CFA   7'500

Beurre (j'ai pas noté le poids)                        CFA   1'000

Puis, Stéphane nous "enwagonne" à nouveau dans sa jeep et nous fait même une fleur (c'est la cas de dire) sur la route du retour : on visite une allée de bambous et une jardinerie de fleurs exotiques : magnifique !! Les bambous forment un arc complet au-dessus de la route et nous admirons, humons et commentons de nombreuses espèces d'orchidées, fleurs d'ananas, hibiscus, anturiums et bien d'autres. :)

Nous voyons, pour la première fois, un poivrier : des feuilles très vertes ressemblant à des feuilles de thé et plein de petites grappes de poivre vert que ne ne manquons pas de déguster !

Stéphane nous reconduit à Abidjan et nous nous quittons en le remerciant chaleureusement de cette belle matinée. (Y)

Les Schulé sont tout heureux de nos cadeaux "lactés" et nous décidons de partir tous les cinq pour un restaurant typique, situé au bord de la lagune. L'harmattan est si violent tout à coup que nous avons l'impression de voir débarquer une tempête de sable !! :-X Nous nous régalons d'un poulet yassa (au citron) et de machoiron braisé (sorte de gros poisson).

La journée fut longue et bien remplie. Nous rentrons "chez nous", nous palabrons avec Mariam, Lydie, Sylvie qui vivent tout près et nous ouvre leur porte à chaque instant. Les Africains sont toujours si chaleureux, si conviviaux, si naturels. On apprécie  (L) (L) !

Le lendemain, nous prenons un petit-déjeuner fruité à la maison. André et Paulette nous proposent d'aller faire les courses en leur compagnie, dans un grand centre commercial. Et bien, on se croirait en France !! Et on ne voit pratiquement que des clients français, avec quelques Africains par ci, par là ! ça, c'est pas très "local" !!

Juste à la sortie du magasin, j'aperçois un grand tableau d'affichage aux annonces insolites pour des Européens :

- A vendre : plantation d'hévéas de 10 ha !

- A vendre : un palais climatisé (?)

- Jeune Togolais, sachant lire et écrire, cherche un emploi de cuisinier dans restaurant de
   spécialités libanaises et européennes.

- Mlle Kouassi Akissi Micheline, sachant lire et écrire, de nationalité ivoirienne, cherche un
   emploi dans les domaines suivants : nounou, nénage, gérante.

Soirée calme, repas : salades - fruits - fromages et yogourths de la ferme (!)  ;)

Ce matin est à nouveau le prélude à une journée formidable et riche en émotions. En Afrique, il se passe toujours quelque chose ! J'adore !

Je remplis à nouveau une autre valise de vêtements d'enfants, livres, etc. Nous nous rendons dans une petite communauté : Ono, où vivent deux ou trois familles assez pauvres que connaissent les Schulé.

Nous quittons Abidjan à 8 heures sous la chaleur habituelle mais, ô miracle, pas encore d'harmattan et ciel bleu !! Schumacher est en pleine forme ce matin et nous fait une grande spécialité, peu après le départ. Il arrête la voiture et nous désigne un HLM ivoirien typique : façade toute déglinguée, lessives super colorées suspendues à chacune des fenêtres ! Il recule pour repartir mais crac ! La roue arrière se plante dans le profond caniveau détérioré ! Nous quittons la voiture et aidons activement André à libérer son véhicule ! Aussitôt, un grand attroupement de curieux nous encercle ! Une aubaine pour commencer la journée dans les rires !! (L)

Au bord de la route, bien en dehors de la ville, je demande à André de stopper la voiture car un panneau insolite me saute aux yeux ! Il y est écrit : "A vendre remèdes pour L'ANEMIE, LA VIRILITE, PIPI AU LIT" !! c'est trop drôle ! :-* :-*

Il est vrai que les panneaux publicitaires sont très parlants dans ce pays ! On peut y voir aussi, une grosse dame souriante qui nous dit : "J'aime la Côte d'Ivoire, je paie mes impôts" ! Et aussi : "Lessive NIL, lavage à la main, LA PROPRETE SANS EFFORT !" Et encore, une grande affiche montrant 3 magnifiques enfants prenant des pauses de body-buildeurs et disant : "NIDO NESTLE, POUR UNE CROISSANCE COMPLETE" !

Et une autre méga-affiche pour les yogourths  montrant un couple amoureux tenant à chacun un pot de Yoplait et c'est inscrit : "LE PLAISIR, CA SE PARTAGE" ET une toute dernière, presque iréelle, représentant 3 hommes entrelacés et disant : "NOUS SOMMES TOUS DES FRERES ! DEPOSONS LES ARMES ! LA PAIX, MAINTENANT, ENSEMBLE" ! No comment... ???

Nous reprenons la route avec force commentaires ! Après la sortie de la ville encombrée, nous nous retrouvons à la campagne où se déroule la vraie vie africaine que nous aimons !

Nous longeons la rivière Comoe, via Alepe. Nous nous régalons de scènes de vie : au bord de l'eau, des femmes font la lessive, un homme abreuve sa vache, un autre nettoie des ustensiles. Des oiseaux aux couleurs lumineuses chantent dans les grands arbres, des femmes (toujours elles) transportent du bois. Des grumiers (camions transportant les grumes) surchargés traversent le pont de la rivière. Nous nous régalons d'Afrique ! (Y) (Y)

Maintenant, le paysage change, il devient plus monotone, l'air est de plus en plus chaud et nous retrouvons notre fidèle harmattan ! Tout à coup, nous découvrons d'immenses et impressionnantes cultures d'ananas. Aussi loin que se porte notre regard, tout autour de nous, on ne voit que des ananas ! Trois mille hectares d'ananas à perte de vue !!! ::) ::)

La chaleur est torride mais nous décidons tout de même de faire quelques pas dans cette marée verte. C'est réellement extraordinaire.

Nous arrivons enfin dans la communauté. Une agitation bizarre nous laisse penser qu'il y a un problème important. Une petite fille prénommée Ozia est en pleine crise de paludisme. André ne perd pas de temps : il transporte la fillette dans sa voiture et la conduit lui-même (il connaît l'endroit) dans le dispensaire le plus proche... à 2 heures de route !!... :(

En attendant son retour, dans plusieurs heures, nous sommes invités à entrer dans une petite maison de pierre au sol tout frais et sur lequel sont couchés 4 enfants. Un petit ventilateur apporte à tous,  un air bienvenu. Nous faisons connaissance avec nos hôtes, nous leur demandons de "nous raconter les ananas", nous fraternisons, nous rions. Après quelques minutes, nous sommes comme chez des amis ! (L)

Nous nous inquiétons pour André et la petite Ozia... Sont-ils arrivés au dispensaire sans problèmes ? Comment va la fillette ? Combien de temps vont-ils devoir attendre leur tour ? Quand vont-ils pouvoir rentrer ? :(

Nous remarquons, une fois de plus, que pour les Africains le temps n'existe pas. Ils vivent dans le présent. Ozia a été conduite rapidement dans un dispensaire, rien ne sert de s'inquiéter avant son retour !

Nous offrons "la valise" que nous laisserons à Ono, tout comme nous avions laissé la toute grande à l'orphelinat. Ces valises serviront à l'entreposage de mille choses et sont accueillies comme de précieux cadeaux. Les enfants se sont tout à coup approchés et...c'est à nouveau Noël ! Ils essaient tout de suite leurs nouveaux vêtements, leurs nouvelles chaussures, imitent le brossage des dents en riant de plaisir. Ils se regardent, ils rient mais timidement et sont priés de nous dire MERCI. Tous en choeur, ils hurlent MERCI MERCI MERCI tantines ! Moments si privilégiés... Nous nous  sentons tout à coup très proches de tous ces gens que nous ne connaissions pas il y a quelques heures ! :) :)

On nous offre de l'eau bien fraîche (en espérant qu'elle est potable...Paulette en est certaine... )??? On nous apporte...des ananas tout frais, tout sucrés, tout juteux et coupés sous nos yeux gourmands ! (L)

Le temps s'écoule. Deux heures ont passé... Nous espérons qu'André et Ozia ont trouvé le dispensaire et que cette crise de palu sera rapidement traitée...

Je demande si je peux sortir et visiter les alentours de la maison et chacun extériorise sa joie ! Evelyne et Georges m'accompagnent. Et ça valait bien le déplacement !! Nous n'imaginions pas la tranquille activité se déroulant à l'extérieur :3 ou 4 femmes sont assises sur de grosses pierres et font cuire un "repas de fête" à notre intention. Les marmites sont posées sur le feu de bois, on aperçoit de gros morceaux de canards qui frémissent (kadjenou) dans la sauce, de l'attiéke, des oignons et des tomates qui mijotent tout doucement et du poisson qui cuit (poisson braisé à coudjou).

Chacun veut se faire photographier, les femmes rient beaucoup de tout et de rien, les enfants s'amusent à toucher notre peau couleur aspirine, quelques poules curieuses picorent tout près : le tableau africain par excellence !

Les hommes sont de l'autre côté et palabrent entre eux dans leur dialecte. Ils sont assis sur un vieux banc de bois et sont calmes, calmes, calmes  8) 8) 8).

Il est environ 15 heures et, même si elle n'en laisse rien paraître, je sens que Paulette est inquiète... Et juste, quelques minutes plus tard, on entend ronronner un moteur ! Ils arrivent !! Soudainement, tout le monde sort de la maison et tout le monde crie en apercevant le retour de la voiture rouge !! :) :)

André et Ozia sont là ! Je vois tout de suite le visage de la maman s'éclairer et son sourire se faire plus joyeux. André sort, dégoulinant de sueur. Le voyage fut long et éprouvant mais Ozia est guérie !! Hourra !  :D :D :D :D :D La fillette est encore fiévreuse et fatiguée mais elle est parmi nous.  ;) ;)

Maintenant, toutes les femmes s'activent autour de leurs marmites, font frire les bananes, "affinent" les sauces, dressent la table : modestes récipients ébréchés dans une modeste salle à manger mais la chaleur de l'accueil, la qualité de la nourriture, la beauté des gestes et la sincérité de l'amitié provoquent chez nous une immense émotion et beaucoup de reconnaissance !  (Y) (Y) (Y)

Avant le repas, le papa d'Ozia fait une prière de remerciement. Nous sommes tous les trois protestants mais pas très pratiquants, même si nous croyons en Dieu. Mais cette prière est si belle, si profonde et les mots sont si bien choisis que nous ne l'oublierons jamais.

Ce moment de partage, tous ensemble autour de cette grande table, restera gravé dans notre coeur, tout comme l'après-midi passé à l'orphelinat d'Akeikoi.

Après ce délicieux repas, nous nous retrouvons à nouveau à l'extérieur, tous ensemble. Nous partageons nos idées, nos impressions, nos moments de vie. J'entends soudain un cliquetis bizarre... On dirait une machine coudre. J'en parle à Evelyne qui éclate de rire en me disant de faire attention au soleil !! Personne m'aime !! :-* :-*

Je m'éloigne de la troupe et j'avance doucement en direction de "la machine à coudre" et : c'est bien une vieille machine à coudre à pédale !!! (Y) (Y) Je vais discrètement chercher Evelyne et nous nous permettons de nous approcher. Une jeune femme confectionne une blouse dans un beau tissu rouge à gros dessins. Elle nous fait signe de la rejoindre avec de grands gestes. Nous voyons immédiatement qu'elle a un sérieux problème avec l'encolure !

J'encourage Evelyne, qui est une très bonne couturière, à proposer un "petit coup de main". La jeune femme n'attendait que ça. Quelques minutes plus tard, la blouse est terminée, la jeune fille radieuse. Elle accroche un bébé dans son dos et empoigne son fer à repasser ! Jamais pensé voir un engin pareil, comme chez nous il y a un siècle !

Le fer est en fer (faut l'faire!!) très gros, très lourd et rempli de braises chaudes. Elle nous le prête et nous avons des difficultés à manier cet engin mais le repassage est impeccable.

Il est l'heure de quitter tous nos nouveaux amis avec beaucoup de reconnaissance de part et d'autre. Moment d'émotion... :'(

Mais ils nous réservent une dernière surprise : nous recevons chacun 2 gros ananas tout frais cueillis. Quelle délicate attention  :).

Nous reprenons la route et avons l'impression que nous ne sortirons jamais des ananas. C'est pas petit 3'000 hectares !! Nous croisons soudainement...un homme à vélo ! Il coule de sueur et rentre de son travail dans les plantations. Quelle rude journée de labeur et même pas une douche pour se rafraîchir... :(

Nous arrivons tout à coup près d'une grande coopérative, au milieu des plantations. Nous nous arrêtons et un homme très sympathique nous invite à entrer. On nous explique que 1000 ouvriers travaillent dans cette plantation avec un gain mensuel d'environ 60 euros. Un tractoriste touche un salaire supérieur, soit le double.

J'aperçois une affiche où il est écrit :

"Les Meilleurs Travailleurs du mois" sont :
Hien Kpenidommon (tractoriste) Meilleur suivi de leur tracteur
Some K. Gereaud (tractoriste) Meilleur suivi de leur tracteur

et en dessous, il est aussi écrit :

Les personnes ci-dessus sont désignées comme les meilleurs travailleurs du mois et par conséquent, la Direction de la plantation les félicite et les exorte à continuer ainsi !!  ::) ::)

En quittant ces lieux très animés, nous sourions en apercevant un immense camion, bourré d'ananas, qui arbore sur le devant, suspendus à des ficelles, 3 gros ananas tels des trophées  ;)

Nous quittons cette région "juteuse" et "sucrée" , la tête et le coeur à nouveau débordant de souvenirs et de joie.

Demain, pour le dernier volet de mon récit, je vous parlerai d'une femme extraordinaire qui est toujours présente dans ma vie. Nous continuons à nous écrire via internet et je la rencontre dès que l'occasion se présente...
                                                  


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: dric le 26 Février 2007 à 22:12:20
C'est bizarre mais le fait de te lire nous emporte réellement en Afrique. :o Tu sais trouver les mots justes et nous transmettre ton amour pour l'Afrique. (Y) C'est comme si on y était. Un vrai régal. Merci et vivement la suite....... (Y) (Y) (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: LeTigre le 26 Février 2007 à 22:29:07
Citation
Les hommes sont de l'autre côté et palabrent entre eux dans leur dialecte. Ils sont assis sur un vieux banc de bois et sont calmes, calmes, calmes  Cool Cool

Ca c'est une grande constante , "all over the world" les femmes bossent et les mecs sont au troquet en train de discuter, de boire des coups ou de jouer aux dominos ...  ;D ;D ;D



Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Simba le 26 Février 2007 à 22:50:30
On frissonne à l'idée de la gamine qui a chopé le Palu (ce jour là, il y avait une voiture pouvant l'emmener au dispensaire... Mais combien de zones, sans voitures, sans dispensaires...)

On souri, aux slogans publicitaires (Ils ont toujours été d'une imagination sans bornes, à ce sujet!  :D)

On salive, à votre dégustation de ces ananas bien frais...

Merci pour cette authentique plongée au coeur du quotidien de ces hommes et femmes en Afrique.


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: gerenuk le 27 Février 2007 à 02:20:35
Merci de ce partage et de ce récit si vivant.


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: hyena le 27 Février 2007 à 12:19:50
On s'y croirait presque, bravo  (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 27 Février 2007 à 21:57:28
Les jours filent beaucoup trop vite ! Nous arrivons presque au terme de notre séjour en Côte d'Ivoire mais, la visite des Centres de Lotti Latrous, à Adjouffou, restera pour moi la plus belle expérience humaine de ma vie. Jamais je n'oublierai...

Dès notre premier jour à Abidjan, j'ai demandé à Paulette de prendre contact avec les Centres Espoir 1 et 2 (d'eux !), fondés par Mme Lotti Latrous car j'ai également des vêtements en grand nombre à lui offrir ainsi que des articles d'hygiène, des jouets pour "ses" petits orphelins et plein d'autres choses.

Rendez-vous est pris pour ce matin à 10 heures. Je réunis toutes les affaires, on prend le petit-déjeuner et "Schumi" nous embarque pour une nouvelle traversée agitée de la ville. Comme chaque jour, il fait lourd et très chaud.

En route, nous parlons de Lotti que certains d'entre vous connaissent peut-être... Elle a été l'invitée, pendant une semaine, d'une émission de la TSR s'intitulant "Zig-Zag Café", elle a reçu le prix Adèle Dutweiler en 2002 et a également été élue "Suissesse de l'année" à fin 2004.

Elle a abandonné une vie très confortable pour créer seule son Centre Espoir en 1999.Trop de pauvres gens, atteints du sida et rejetés de leurs familles, meurent dans des conditions épouvantables. Lotti veut les aider, les soigner et leur permettre de mourir dans la dignité, en se sentant aimés. :

Lotti a passé son enfance dans un beau village de la campagne zurichoise (Suisse). Son premier boulot comme aide-soignante dans un hôpital de Genève pour permettre à ce Tunisien qu'elle allait épouser de finir son diplôme d'ingénieur, le départ avec lui vers l'Afrique. L'histoire de cette femme est celle d'un renoncement, pour que sa vie devienne une cause.

Lotti nous parlera de ce "boy" qui lui servait des gin tonics en gant blanc au bord de la piscine de sa grande villa de femme d'expat, avec cuisinier et femme de ménage.
 Lotti s'ennuie pendant que ses enfants sont à l'école. Elle ne s'intéresse déjà plus à la piscine, ni au bridge... Un jour, le cuisinier de la famille Latrous était en train de préparer de la potée pour leurs  deux chiens,  avec du ragoût, des carottes, des courgettes et des pâtes quand le gardien de maison informe Lotti qu'une petite fille était à la porte et voulait lui parler.

La fillette avait environ cinq ans, des habits en lambeaux, des poux plein la tête et était maigre jusqu'aux os. Elle dit à Lotti :"Tanti, j'ai faim, est-ce que tu as un petit morceau de pain à me donner ?" :(

Lotti est allée à la cuisine et a remis à l'enfant un sac plein d'aliments. Cette petite fille, sans le savoir, a déclanché quelque chose en Lotti. Elle a réalisé que des êtres humains mouraient de faim près de chez elle et que la gamelle de ses deux chiens coûtait plus cher qu'une semaine de "bouffe" pour une famille entière de ces taudis !!

De fil en aiguille, l'idée fait son chemin dans la tête de Lotti qui commence par travailler bénévolement dans des orphelinats et décide de fonder son premier Centre. Presque 150 consultations par jour, des tests de dépistage et 400 bouillies par jour, le tout pratiquement gratuit.

Nous traversons les premiers bidonvilles. Baraques de bois , entrecoupées ça et là d'une bâtisse en béton et de petits stands qui proposent, au bord de la route, du riz et du poisson. A nouveau une foule innombrable, du rythme, de la musique à plein tube, une pauvreté évidente. :)

Lotti avait bien indiqué à Paulette le chemin à emprunter pour arriver "chez elle" mais c'est loin d'être un jeu d'enfant ! Nous glanons quelques indications aurpès d'un groupe d'hommes qui nous renseignent mollement. Nous allons arriver dans le bidonville d'Adjouffou, à Port Bouet. C'est là que "Madame Lotti" (comme chacun l'appelle ici) vit et travaille depuis plusieurs années.

La suite, nous ne nous y attendions pas : un chemin de sable, large d'environ trois mètres, qui file tout droit au travers des étals de marché misérables. Les nids de poule sont immenses ! Nous sommes ballottés de tous les côtés, propulsés hors de notre siège pour nous y retrouver, complètement aplatis ! Quand je comparais la traversée d'Abidjan au Paris-Dakar, en ce moment, c'est véritablement le Camel-Trophy ! ::)

Ce qui impressionne, ce sont tous ces gens, des gens partout qui déambulent dans tous les sens. Des jeunes assis dans des carcasses de voitures, des mères tenant leur stand avec leur bébé ficelé sur le dos, des hommes immobiles, dans des restaurants de fortune. Et des enfants en grand nombre, en shorts, t-shirts troués, sales, pieds nus. Ils se déplacent agilement au rythme d'une musique criarde crachée par des haut-parleurs. Ils rient, ils sont gracieux, comme seuls les enfants africains peuvent l'être. Lotti me dira un jour :"La richesse des pauvres, c'est le rire et l'amour" !

Nous arrivons devant un grand portail en fer orange sur lequel est inscrit "Centre Espoir". Enfin, je vais faire connaissance de Madame Lotti !

Nous sortons de notre véhicule, nous franchissons la porte de fer et nous nous retrouvons dans une grande cour, ombragée par un grand arbre parasol. Les chambres de ce dispensaire sont disposées en U: elles ne sont pas en ciment mais en fer : des containers hors d'usage. Dans la cour, l'animation est intense. Sans cesse, des personnes viennent, seules ou avec leur bébé, paient un demi-euro, reçoivent un numéro, s'asseyent sur un long

banc qui a été installé devant les containers, attendent. Attendent des heures, imperturbablement, que vienne leur tour. Une infirmière pèse chaque bébé avant la visite médicale.

Je reste saisie devant une affiche représentant un enfant qui sourit tristement. Il est inscrit au haut de l'affiche :"Que veux-tu être quand tu seras grand ?" et, en-dessous de la photo on lit :"VIVANT !"  J'ai déjà les larmes aux yeux... :'(

Tout à coup, Madame Lotti traverse rapidement la cour et se dirige vers nous. Energique, environ 1 m.60,  une grande mèche blonde balayant ses 51 ans, des yeux très bleus, un sourire radieux, une simple blouse blanche sur son jean.

Je lui dis combien je suis heureuse de pouvoir enfin la rencontrer, je loue son courage et le travail qu'elle accomplit au quotidien pour les plus pauvres d'entre les pauvres. Elle répond qu'elle ne fait que donner à des êtres humains ce qui leur est dû, tout simplement.

Lotti nous présente le Dr Germain Gnode  qui travaille bénévolement au dispensaire (mais actuellement, un autre médecin a pris le relais). A droite du cabinet du médecin se trouve le bureau de Lotti, à gauche la pharmacie où travaille l'indispensable Maurice (un jeune ivoirien atteint du sida et qui reçoit gratuitement sa trithérapie en échange de ses compétences professionnelles précieuses). (L)

Lotti nous explique le fonctionnement de ses Centres où elle donne du travail à 25 personnes africaines, essentiellement. Le dispensaire ayant ouvert ses portes le 1er février 1999, à la fin août 2003 on comptait 90'000 consultations !

Le Centre Espoir d'Eux (mouroir) a été ouvert le 2 septembre 2002. En un an, 400 patients ont reçu des soins et 150 d'entre eux sont morts.

Le nouveau foyer pour mères et enfants, ouvert en 2005, s'appelle "Centre Espoir trois. Il abrite un foyer mères-enfants et des orphelins.

En Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire est le pays le plus gravement menacé par le sida. Officiellement, près de deux millions de personnes sont séropositives et 60'000 à 70'000 nouveaux cas sont recensés chaque année. Une situation que la guerre civile a aggravée...

Lotti, malgré la journée surchargée qu'elle s'impose, prend un peu de temps pour nous donner de nombreuses informations, pour nous parler de "ses" malades, de "ses" enfants, pour nous raconter diverses anecdotes plus tristes et dramatiques les unes que les autres.

Je ne voudrais pas donner à ce récit un côté trop mélo,  mais je pense que je parle tout simplement d'une réalité que beaucoup ignorent ou oublient...

Il y a quelques mois, Lotti a ausculté Talat, une petite fille de 3 semaines et se rend compte qu'elle ne survivra pas... La mère du bébé se tient près d'elle. Avant de donner le jour à Talat, pour tenter d'éviter la contamination de la mère à l'enfant, Aseita a suivi un traitement qui n'a pas fait effet.

Pendant deux heures, Lotti garde contre sa poitrine le nourrisson secoué par les nausées et écoute les faibles battements de son petit coeur...Lotti nous dit, les larmes aux yeux :"Elle entend mon coeur battre, ça la rassure, elle va partir tranquille". Elle l'assiste jusqu'à son dernier souffle.

La mère du nourrisson est séropositive. Elle a déjà perdu quatre autres enfants ! :o :( Malgré la maladie et les risques de contamination qu'elle fait courir à ses partenaires, Aseita n'ose pas refuser les grossesses, de peur de perdre son statut de femme et de mère. :o

Lorsque le coeur de la petite Talat a cessé de battre, Aseita a hurlé son dégoût de la vie puis elle s'est effondrée, terrassée par le chagrin (L) (L) Elle dit à Lotti que la vie est mauvaise et qu'elle veut mourir avec son enfant.  Lotti pleure en nous racontant ce drame... Elle a pourtant trouvé la force de soutenir la mère puis de prendre les dispositions nécessaires pour que l'enfant ait une sépulture décente, sans que l'enterrement ruine la famille.Les services d'un corbillard légalement obligatoire coûtent l'équivalent d'un mois et demi de salaire. Et de toute façon, Aseita ne pourrait pas payer, elle n'a pas d'emploi. :(

Depuis des années, elle et son fils survivant, Bouba, 12 ans (que Lotti a adopté aujourd'hui en raison du dècés de la mère) sont entièrement à la charge de Lotti.

Lotti nous avoue être révoltée par cette tradition qui pousse les femmes malades à avoir des rapports sexuels non protégés et à donner le jour a des petits condamnés à mort !  :'(

Nous sommes bouleversés par le récit de Lotti  :'( Elle nous propose de nous rendre maintenant du Centre Espoir d'Eux. Nous nous serrons tous les six dans la voiture d'André et tournons dans la première rue à droite. Nous arrivons au Centre et apercevons également une grande cour avec, également un grand arbre parasol au milieu. Des bougainvilliers roses et oranges se balancent au vent.

Je vois les mots "paix" "shalom" et "salam" - le même mot "paix" en français, en hébreux et en arabe - écrits sur le mur, derrière les quatre grandes tables à manger et, sur un autre mur, une citation du Talmud : "Celui qui sauve une vie sauve toute l'humanité".

Nous constatons que plusieurs lits occupés chacun par un malade, sont alignés près du mur. Trois matelas sont posés sur le sol. Les malades qui sont couchées là n'ont pas trouvé de place dans les chambres pleines à craquer.

Lotti nous présente Yusuf, un enfant de huit ans dont la mère attend la mort dans une des chambres réservées aux femmes :( :( Comme Yusuf n'a plus de père, Lotti l'a recueilli chez elle, lui aussi. Il dort dans un petit lit d'enfant, au pied du lit de sa mère. Il ne peut pas étendre ses jambes mais par contre, Lotti nous dit qu'il peut au moins entendre respirer sa maman  :( :(

Lotti nous présente maintenant Bouba (le petit orphelin de 12 ans dont j'ai parlé plus haut). Lui et Yusuf sont très amis et fréquentent l'école payante du bidonville. Lotti paie leur scolarité.

Ensuite, on rencontre Christ 4 ans, Emmanuel a 20 mois et Mohammed a dix-sept mois. Ils sont tous les trois orphelins de père et de mère mais par "chance", ne sont pas infectés par le sida...

Puis, Lotti nous demande si nous désirons voir les chambres. Les Schulé et mon mari préfèrent rester dans la cour avec les enfants mais Evelyne et moi suivons Lotti. Jamais je n'oublierai ce que j'ai vu ce jour-là, ni les plaintes des grands malades, ni les râles des mourants... Lotti les caresse, leur parle tendrement, les réconforte. Evelyne et moi ne pouvons plus parler, nous sommes si tristes...:'(

Nous supportons ces regards suppliants, ces visages amaigris, ces corps décharnés... Nous supportons pour pouvoir témoigner  :( C'est pour tous ces pauvres gens que Lotti se lève chaque matin. L'énergie qui la pousse, c'est de la révolte à l'état pur. En Afrique, on ne meurt pas, on crève !

Lotti nous relate encore un dernier et dramatique événement :

- C'était en janvier 2002, j'étais assise dans mon vieux 4x4, j'étais en avance et j'attendais César (un homme qui l'accompagne dans ses visites aux domicile des malades du bidonville). Je suis descendue pour préparer mon sac et j'ai senti l'odeur douceâtre d'un animal crevé. J'ai fait le tour du véhicule en suivant l'odeur et j'ai trouvé...un homme. Il était enveloppé dans un sac poubelle noir. A trois mètres de la route, dans un fossé, complètement déshydraté, avec des fourmis qui lui sortaient de la bouche et des oreilles. J'ai vu qu'il respirait et me suis approchée. Je lui ai demandé depuis combien de temps il était ici et m'a répondu faiblement "Je ne sais pas". César est arrivé et a réuni trois hommes. Nous l'avons déposé dans le 4x4 et conduit au dispensaire. C'est ce jour-là que Lotti a pris la décision de faire construire le Centre Espoir d'Eux (mouroir) :(

Dans le bidonville, on savait que cet homme gisait là depuis...10 jours ! De temps en temps, on lui apportait un peu d'eau et des restes de repas :( :( Il a vécu encore 8 jours pendant lesquels Lotti l'a veillé avec amour. :( :(

Lotti côtoie la misère chaque jour, elle aide inlassablement tant de malades à quitter ce monde, elle leur donne de l'amour, de l'espoir. Elle leur rend leur dignité. Cette femme est admirable et ne baisse jamais les bras.

Depuis ce jour de mars 2004 qui m'a permis de rencontrer Madame Lotti Latrous, je suis restée en contact permanent avec elle grâce à Internet et je la rencontre en Suisse, trop rarement...

Je réalise, bien sûr, que mon carnet de voyage va se terminer sur une note très triste mais porteuse d'espoir. Il y aura de l'espoir tant qu'il y aura des Madame Lotti qui renoncent pour que d'autres reçoivent.

Nous allons quitter Lotti, son personnel, les malades et les enfants, non sans avoir distribué tous les vêtements et diverses choses utiles dont Lotti a tant besoin.

Nous quittons ce grand carré de poussière qu'on appelle "Adjouffou" et reprenons la route de la ville. Nous avons "des bleus au coeur" et les émotions se bousculent dans notre tête.

En cours de route, nous apercevons de grandes taches de couleur déposées à même les collines herbeuses : les célèbres lessives de l'Afrique !  (L) Nous nous faufilons dans la grande circulation et décidons de rentrer "chez nous" directement et nous partirons ensuite à pied, rendre une visite à nos amis du quartier.

Le lendemain, Les Schulé nous proposent une journée calme et reposante dans les lames écumeuses de l'Océan, à Grand Bassam, à 45 km d'Abidjan.  Finalement, nos amis André et Paulette ainsi que mon mari Georges resteront à la plage,  8) 8) mais Evelyne et moi décidons de faire quelques achats-souvenirs dans le plus grand marché artisinal que j'aie vu de ma vie !

Sur environ 2 km et de chaque côté de la route, des boutiques, des boutiques, partout et de toutes les couleurs. Des objets en bois sculptés, des souvenirs pour tous les goûts, des tissus, des cacahuètes grillées dans les bouteilles plastic, de grands papillons colorés, en bois, des sacs et trousses en tissus africain, etc. etc. etc. Il me faudrait 20 minutes pour tout détaillé et...il fait trop chaud !! Sans blaguer, ce jour-là à Grand-Bassam, on se liquéfiait. Une horreur ! Nous ne pouvions même pas marcher sur le sable du bord de la route qui s'enfilait dans nos sandales et nous brûlait les pieds !  (N) (N)

Transpiration : chercher à te fuir constamment, c'est méconnaître le milieu où tu règnes ! Mieux vaut adapter le pas et modérer les mouvements ! (auteur inconnu) !! ;)

Nous avons même dû carrément renoncer à notre magasinage et nous avons attendu qu'André vienne nous rechercher à l'heure convenue, dans un petit bar, à l'OMBRE ... en sirotant une eau gazeuse bien fraîche (Y) (Y) 8)

Le lendemain, nous réunissons nos maigres effets (maintenant, nous allons voyager léger), je donne quand même un coup de nettoyage dans notre petit logis (!) et nous décidons d'aller dans un marché local où nous achèterons quelques fruits exotiques pour emmener en Suisse.

Nous passons l'après-midi à échanger nos impressions avec André et Paulette, nous prenons une douche, nous allons embrasser tous les voisins, tous les enfants du coin qui rient avec nous, qui dansent, toujours prêts à faire la fête !! :D

Et puis voici l'heure de quitter le quartier où nous avons vécu tant de beaux moments, où nous avons connu tant de gens adorables.

Les Schulé nous accompagnent à l'aéroport. Une dernière fois nous rions des acrobaties de notre chauffeur préféré, nous jetons un dernier regard aux amusants panneaux publicitaires, aux vieilles voitures déglinguées "Au revoir la France" ! Nous retrouvons les petits vendeurs de rues, nous faisons un clin d'oeil ému  ;) en passant devant la rue conduisant à Adjouffou- Port-Bouet, avons une pensée pour Lotti, son personnel et tous les malades  (L) et nous arrivons à l'aéroport, déjà... :(

Nous buvons une dernière bière africaine et prenons congé de nos amis André et Paulette qui ont tant contribué à la réussite de cet "inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004" ! (L) (L) (L)

Je termine ici mon récit par une pensée africaine que j'apprécie particulièrement :

"Pour élever un enfant, il faut tout un village"   (L) (L)

Au revoir belle Côte d'Ivoire, puisse ton peuple trouver le chemin de la réconciliation !

Bonne chance à tous les membres de COW et à bientôt pour une nouveau safari ! (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: dric le 27 Février 2007 à 22:25:27
 :'( :-[ :-X :-\ :o O0 (Y) (Y) (L)
Ton récit aura été super du début a la fin. J'en reste muet.
Merci de l'avoir écrit. :)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: LeTigre le 27 Février 2007 à 22:30:56
Merci dric, car je ne savais pas quoi dire, donc maintenant il me suffit de dire :

Tout à fait d'accord avec dric  (Y)  ;)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: babelilu le 27 Février 2007 à 22:54:08
Bon ben tu m'avais prévenue... Et c'est juste, tu avais raison, j'ai pleuré...  :'(
J'avais d'ailleurs déjà pleuré devant zigzag café...
Autrement que dire de plus, magnifique récit, réaliste, rempli de contrastes, comme l'Afrique...
Merci...


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: freefox le 28 Février 2007 à 10:48:11
En certains lieux du monde, la tragédie, la comédie de la vie se joue sans fard, sans masque...

Merci pour cette tranche de vie au goût amer et sucré de Côte d'Ivoire que tu nous as servi Marariver.


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Gaston le 28 Février 2007 à 12:46:46
Merci pour ce témoignage .


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Keekorok le 28 Février 2007 à 13:25:25
Tu as eu un sacré boulot à retranscrire tout ça! (Y)
Merci!


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Floflo le 28 Février 2007 à 14:52:35
Tout a été dit... Merci pour ce témoignage poignant ! On remarque que c'est encore une femme qui déplace des montagnes de générosité... Et que c'est une autre femme qui en témoigne
Merci  (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: LeTigre le 28 Février 2007 à 22:03:09
J'ai pas pleuré mais j'ai beaucoup aimé quand même !
Je l'ai déja dit ?
Et bien je le redis !  ;D



Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: vinnylove le 28 Février 2007 à 22:56:27
+ 1
C'est vrai que le dernier chapitre est très poignant mais c'est aussi ça l'Afrique malheureusement.
Merci pour ce partage (Y)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Simba le 02 Mars 2007 à 20:08:35
Marariver

Lotti femme courage... Et une rencontre comme finalement on en fait peu dans la vie, une de celle qui bouleverse, qui recentre sur les vraies valeurs de l'existence.

Des prénoms, des cours instants de vie... Ce combat pour la dignité.

PS : un carnet de voyage, hors des sentiers battus. Merci


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Marariver le 02 Mars 2007 à 21:09:26
Simba, tu t'exprimes toujours en termes bien choisis et avec beaucoup de coeur. J'adore COW et je dis souvent merci à ma soeur Keekorok qui m'a embarqué dans ce livre de la jungle ! (L) (L)


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Patrick le 03 Mars 2007 à 17:56:51
 :-[ Dire que j' ai failli passer à côté de ce carnet parce qu' il n' y a pas de photo !
Quel con ! Qu' est-ce qu' on en a à faire des images quand les mots sont si bien employés.
Tout simplement bravo... et merci !


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: eRey le 07 Mars 2007 à 11:42:57
Personne ne sors indemne d'un tel voyage. Tu as très bien exprimé tes impressions et sentiments dans ce carnet de voyage. J'avais l'impression d'être dans les cours, auprès des orphelins ou des mourrants.

Merci pour ce morceau de vie africaine.

Manu


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: MCO le 10 Mars 2007 à 19:26:31
Merci pour ce témoignage sur cette dure réalité qu'est le Sida sur le continent africain, merci de parler de ces personnes hors du commun qui donne leur vie et leur amour pour apporter un réconfort à ses malades bien trop rejetés, à les assister dans les moments les plus durs de cette maladie: grande leçon de vie, d'amour et de partage.
Merci pour ces moments de joie, de vie quotidienne, ces hommes, ces femmes et ces enfants qui parlent avec leur coeur et partage leur rien comme les plus beaux joyaux du monde.
SUPERBE récit,
MC


Titre: Re : Mon inoubliable voyage en Côte d'Ivoire en mars 2004
Posté par: Jonathan le 25 Février 2008 à 23:29:22
L'absence de photos de ce récit m'avait quelques peu refroidi au premier abord, mais l'ambiance, l'atmosphère, les émotions, les scènes de vie sont si bien retranscrits qu'elles en deviennent presque inutiles (Y).

Récit très émouvant qui nous rappelle que dans notre société on oublie souvent certaines valeurs essentielles et :
(mode musique on)"... qu'il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire ..." ;D  (mode musique off)

J'en avais les yeux tout larmoyant :'( (Y) (L)