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Sur les pistes africaines => Les carnets de voyage => Discussion démarrée par: sophie83 le 23 Mai 2016 à 09:06:18



Titre: Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 23 Mai 2016 à 09:06:18
Bonjour à tous ! Voilà un petit moment que je n'ai pas posté sur le forum ! alors nous revoilà avec un nouveau carnet de voyage, cette fois-ci au Sénégal où nous sommes partis pendant les 15 jours des vacances de Noël. Bonne lecture à tous !

Nous avions envie de soleil pour ces vacances d’hiver, aussi après épluchage de tous les comparateurs de vol disponibles sur internet, nous avons jeté notre dévolu sur le Sénégal. En ces temps où de nombreux pays africains se ferment petit à petit en raison du terrorisme, il devient difficile de trouver une destination sûre sur ce continent. Les pays du Maghreb, de nombreux pays d’Afrique de l’ouest, certains pays d’Afrique de l’est et centrale … bref cela devient un casse tête. Le Sénégal qui a (pour le moment ?) échappé à cette tourmente offre une destination idéale pour qui recherche de la chaleur, des oiseaux et une population accueillante. Autre atout non négligeable à présent au départ de Marseille, il y a un vol direct vers Dakar. 5h30 de vol, c’est bien mieux que les 10 heures avec escale …

Nous arrivons le samedi 19 décembre à 23h30 à l’aéroport Yoff de Dakar. Notre première impression à la sortie de l’avion est une agréable sensation de chaleur. La température doit avoisiner les 26 degrés. Nous passons rapidement les formalités d’entrée qui ont été allégées dernièrement. En effet, pendant presque deux ans, un visa et moult paperasses avaient rendu l’accès au pays contraignant. Depuis le 01 mai 2015, ce n’est plus le cas. En sortant de l’aéroport, nous achetons une carte téléphonique afin de pouvoir passer des appels nationaux et internationaux puis allons patienter devant le loueur de voiture. Avant de partir, beaucoup nous ont déconseillé de louer une voiture dans le pays, la conduite y étant dangereuse. Les autres options n’étaient pas très nombreuses. Soit louer une voiture avec chauffeur, soit utiliser les transports en commun du pays dont principalement les taxis. Nous aimons bien voyager sans contrainte, pourvoir s’arrêter à n’importe quel moment, les taxis ne sont donc pas faits pour nous. Nous serions frustrés de voir de jolis endroits ou des oiseaux traverser la route sans que nous puissions nous arrêter pour les détailler. Quant à voyager avec un chauffeur, cela génère des contraintes dont devoir trouver un endroit pour dormir tous les soirs, faire de vrais repas … Ce sera donc location de voiture pour ces 15 jours de périple à travers le Sénégal. Après plus de 30 min, l’employé arrive enfin et c’est au volant d’une Hyundai i20 magnifiquement cabossée que nous repartons. Nous avons loué chez l’habitant et c’est vers 2 heures du matin que l’on y parvient. La nuit sera courte !

Dimanche 20 décembre

5h, le Muezzin voisin lance à travers de puissants haut-parleurs sa litanie … ça fait un peu tôt pour nous ! Rebelote peu de temps après. Vers 7 heures c’est le chant d’un Bulbul qui prend le relais accompagné de celui de Tourterelles maillées. Ambiance exotique garantie ! Nous profitons de ces douces températures matinales pour prendre notre petit déjeuner dans le jardin. Dans les quelques arbres des Amarantes du Sénégal (les bien nommées) tandis que, rasant le toit, des Milans à bec jaune se pourchassent et n’hésitent pas à se percher sur l’antenne de notre maison ! C’est un premier contact en douceur avec l’avifaune locale.
On suit la corniche pour sortir de la ville et sommes impressionnés par le nombre de Milans à bec jaune qui croisent dans le ciel de Dakar. Des groupes de plusieurs dizaines volent de-ci de-là et y compris sur le front de mer. Nous prenons l’autoroute pour sortir définitivement de la ville et constatons qu’il n’y a pas d’embouteillages monstres comme nous avions pu le lire sur des forums. Nous arrivons assez rapidement hors de la ville, croisons un Vautour oricou sur un lampadaire puis enchaînons, en suivant la nationale, la traversée de nombreux villages et villes. Ici aussi, de nombreux Milans à bec jaune forment d’impressionnantes pompes. Au milieu, nos premiers Vautours charognards mais tous sont assez loin et il n’est pas pratique de s’arrêter sur le bord de la route pour les observer correctement. Au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord, le nombre de véhicules diminue et les paysages évoluent. Les belles forêts au vert feuillage des environs de Dakar laissent la place à une végétation de plus en plus disparate où dominent des acacias. Un Vautour charognard posé au bord de la route est une bonne excuse pour faire une pause.

01-Vautour charognard
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C’est une charogne qui a attiré son attention et le passage de voitures ou de camions ne le fait pas fuir, tout au plus, quelques pas sur le côté lorsqu’il s’agit d’un gros camion. C’est une bonne opportunité pour faire une série de photos.

Dans les villages que nous traversons et dans les environs, une nouvelle espèce se montre facilement, il s’agit du Choucador à ventre roux. Deux Vautours de Ruppell font une brève apparition au dessus de la route.

02-Vautour de Ruppell
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Vers 15h, nous atteignons St Louis, une ville mythique. Son histoire est liée à celle de l’Aéropostale et des aviateurs de légende des années 1930 comme Mermoz, Guillaumet ou St Exupéry.

Les lagunes à l’entrée de la ville sont intéressantes. Des Sternes caugeks et des caspiennes, des Vanneaux éperonnés, du Grand Gravelot mais surtout des Aigrettes des récifs au plumage bleu-gris. Voila une espèce que nous voulions voir. Quelques individus se nourrissent et se querellent aux abords d’une lagune nous offrant la possibilité de faire des photos malgré une lumière encore un peu dure.

03-Aigrette des récifs
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Nous profitons qu’il fasse encore chaud pour visiter le centre historique de la ville et les canaux où dorment les pirogues multicolores des pêcheurs. Certaines impressionnent par leur taille et rappellent les formes des Boutres de la péninsule Arabique. Plus discrètement entreposées dans un enclos, d’autres pirogues, plus sveltes, ne sortent que lors des grandes occasions, les compétitions à la rame entre les quartiers de St Louis.

04-Saint Louis
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Nous reprenons la route en direction du nord-est, tâtonnons  un peu pour sortir de la ville car il n’y a pas (ou très peu) de panneaux. Pas de soucis, il suffit de demander et il y a toujours quelqu’un pour nos indiquer la bonne route. Au village de Ndiol, un rustique et discret panneau signale « Djoudj ». Nous quittons la route et roulons à présent sur une piste. Dès les premières centaines de mètres, des mares, des chenaux et des oiseaux. Vanneaux éperonnés, Œdicnème du Sénégal, Coucal du Sénégal, Jacana à ventre dorée … enfin on peut se mettre à l’ornitho !

05-Vanneau éperonné, Djoudj
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06-Tisserins à tête noire, Djoudj
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07-Héron crabier, Djoudj
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Aux principales intersections, des panneaux sont présents donc c’est sans problème que l’on serpente sur les nombreuses pistes. Les canaux qui dérivent l’eau du fleuve Sénégal semblent récents et dénués de végétation aquatique. Il n’y a donc pas beaucoup d’oiseaux. La présence de ces canaux a engendré une mutation dans les pratiques agricoles, passant de cultures de décrue à des cultures irriguées. De vastes zones ont aussi été modifiées afin de développer des parcelles dédiées à la culture du riz et ce, au détriment des tamariçaies. Le tamaris a, dans ces zones saheliennes, un rôle essentiel dans la structuration du sol auquel s’ajoute sa capacité à maintenir sa cohérence. Depuis sa disparition, la désertification gagne du terrain et lorsque souffle l’Harmattan, le vent du désert, les poussières de ces nouvelles zones désertifiées sont transportées jusqu’à Dakar où les tempêtes de sable sont devenues de plus en plus en plus nombreuses. Le rôle protecteur que jouaient ces zones de transition n’existe plus.

08-Les pistes autour du Djoudj
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Dans une zone végétalisée relique, un groupe de Singes rouges ou Patas s’enfuit alors que nous sommes dans la voiture et à plus de 100m d’eux. Farouches les bêtes !

09-Patas, Djoudj
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Vestiges de la saison des pluies se déroulant entre les mois de juin et octobre, des flaques et des mares subsistent encore en cette fin décembre dans le paysage de la plaine du fleuve Sénégal. Certaines mares se révèlent plus intéressantes que d’autres avec de beaux rassemblements de Combattants variés, parfois plusieurs centaines ! On trouve aussi des Echasses, des Avocettes, des Chevaliers aboyeurs … un petit air de printemps en Provence, bien agréable !

10-Limicoles, Djoudj
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Sur l’horizon, au dessus des rizières, des vols de Spatules blanches, de Hérons cendrés, de crabiers, d’Ibis falcinelles s’enchainent. Tous rejoignent les dortoirs en cette fin de journée. Il y a profusion de vie et nous ne sommes pas véritablement encore dans le delta. Çà promet ! Alors que le soleil s’approche de l’horizon, viennent se réfugier sur les fils électriques, Hirondelles de rivage et rustiques mais aussi de splendides Guêpiers de Perse et Rolliers d'Abyssinie.

11-Rollier d'Abyssinie, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0782992001463986989-781151582.jpg)

12-Guêpier de Perse, Djoudj
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13-Oedicnème du Sénégal, Djoudj
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Après 30 km de piste, nous arrivons à l’entrée du parc du Djoudj. Il est tard, l’heure pour nous de rejoindre le campement Ndiagabar (le Pélican en Wolof) qui se trouve à 500m sur la gauche. Le site est tenu par les villageois de Diadem, il offre des emplacements de tentes, des cases et de quoi se restaurer. Le repas préparé par la fatou locale est un régal et nous, nous sommes contents de contribuer au développement des populations locales qui voient ainsi l’intérêt de préserver un tel site.
C’est avec le chant d’un Petit duc africain et d'un engoulevent encore inconnu que nous nous endormons.
 


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 23 Mai 2016 à 10:31:52
Je vais suivre ce carnet avec plaisir avec ce récit naturaliste captivant "w"

Au Sénégal, les vanneaux éperonnés et les oedicnèmes sont très peu farouches, belles photos  (Y) (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: PAKA le 23 Mai 2016 à 12:46:36

Attendez-moi, j'arrive  :)
Ce voyage promet d'ores et déjà un texte et des clichés de qualité.
Je vais suivre ce carnet avec d'autant plus d'intérêt que cette destination est prévue sur mon agenda de fin d'année.



Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Canis lupus le 23 Mai 2016 à 16:01:13
J'arrive aussi !

Belle qualité de photos et de récit  (L)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: musungu le 23 Mai 2016 à 19:28:10
Allez, allez, poussez vous m'sieurs dames, je veux aussi une petite place dans la i20 : des photos de qualité, des jolis noms d'oiseau (Guêpier de Perse ... mmmh ça fait rêver  ), et un récit bien léché, ça fait bien plaisir. En piste !!  (Y)




Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Mintou le 23 Mai 2016 à 21:09:46
J'embarque aussi, déjà de belles plumes  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 24 Mai 2016 à 20:33:00
Merci pour vos commentaires !
Voici donc la suite de notre récit !

Lundi 21 décembre

La nuit est encore noire pourtant bon nombre d’oiseaux sont déjà en vol. Aux cris plaintifs, nous reconnaissons des Dendrocygnes veufs qui passent par vols de plusieurs dizaines. Ils ont quitté leurs dortoirs et rejoignent les reposoirs dans les étangs à quelques centaines de mètres du campement. Des Oedicnèmes du Sénégal tournent autour de notre voiture et se mettent à leur tour à pousser des cris. Nul besoin ici de réveil ou de coq, les oiseaux locaux font l’affaire ! Les premières lueurs du jour apparaissent, c’est le signal.

14-Mare du campement Ndiagabar, Djoudj
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Nous nous préparons pour notre première grande journée à la découverte du Parc national du Djoudj. Couvrant une zone d’environ 16 000 ha dans le delta du fleuve Sénégal, Le parc regroupe différents habitats qui contribuent à la grande richesse ornithologique du site. Autour d’un grand lac central, on trouve des marais plus ou moins eutrophisés, de vastes roselières, des canaux, le fleuve Sénégal ainsi que ses bras morts et des zones pré-désertiques à végétation rase et à buissons épars. Le tout forme un sanctuaire  pour toute une avifaune sahélienne mais aussi un grand nombre d’espèces venant de l’Europe. C’est en effet pour tout migrateur transsaharien,  la première véritable oasis où les conditions sont propices pour un hivernage complet. Anatidés, ardéidés, Limicoles se donnent ainsi rendez-vous sur les terres du Sénégal. On estime que le parc accueille plus d’un million et demi d’oiseaux. Crée en 1971, il fait partie du réseau des sites Ramsar traduisant l’importance de cette zone humide et en 1981, il a été classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.

15-Entrée du Djoudj
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Le spectacle débute dès les étangs devant l’entrée du parc. La pâle lumière matinale révèle d’importants reposoirs de Dendrocygnes veufs. Ils sont sur le qui-vive et à la moindre alerte ce sont plusieurs milliers d’oiseaux qui prennent leur envol.

16-Dendrocygnes veufs, Djoudj
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D’autres espèces profitent des ressources alimentaires de ces zones en eau. Des Barges à queue noire, et elles sont nombreuses ainsi que des Bécasseaux minutes arpentant les rivages. Nous sommes surpris de voir qu’ils sont peu farouches. L’intensité lumineuse augmente, nous arrivons sur le bon créneau pour la lumière. Dans une portion de roselière, se tiennent les Hérons crabiers et de belliqueuses Aigrettes des récifs. Sans cesse à se chamailler, elles tolèrent difficilement la présence d’un autre individu à proximité.

17-Aigrette des récifs, Djoudj
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Un Vanneau éperonné monte la garde devant l’entrée du parc, nous le dépassons et pénétrons enfin dans l’enceinte.

18-Vanneau éperonné, Djoudj
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L’accueil n’est pas encore ouvert mais en nous voyant arriver, un garde s’empresse d’ouvrir le local. 5000 FCFA par tête et 10 000 pour la voiture, soit un total de 20 000 Francs CFA (30 euros) pour une journée à deux dans le parc. C’est plutôt cher ! Les tarifs ont été multipliés par 2,5 au mois de mai 2015 et à titre de comparaison, l’entrée dans le parc d’Etosha en Namibie, c’est 10 euros pour deux et la voiture par jour. Dans le parc Kruger en Afrique du sud l’entrée revient dans les mêmes conditions à 30 euros par jour si l’on ne prend pas la wildcard (bien moins cher avec) …
Il est possible de visiter le parc avec sa propre voiture et de prendre un guide qui vous fera découvrir les merveilles qu’il recèle, de louer une calèche avec son cocher ou alors comme nous avons fait, de se débrouiller seul. Il n’y aucun plan fourni mais ce n’est pas bien grave, on aime bien se balader au gré des pistes et avoir ce sentiment de découverte, un peu comme si nous étions les premiers à venir explorer ces paysages. On se lance. On passe devant la station biologique (où l’on peut aussi être hébergé) et prenons le temps d’observer sur les zones en eau voisines, les Barges à queue noire, les Oedicnèmes du Sénégal, les Guêpiers nains et autres Combattants.

19-Guêpier nain, Djoudj
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La piste suit à présent la digue puis à la première intersection, on prend à droite en prenant une digue secondaire. A droite des roselières, à gauche, de vastes étendues semi-désertiques parsemées de petites mares … on adore !

20-Djoudj
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Nous sommes seuls et les milieux à prospecter sont vastes. Il y a de quoi y passer une semaine ici pour découvrir tous les recoins et les trésors cachés de ce parc.  Des échasses et les combattants sont les principaux occupants  de ces petites mares. Nous repérons de loin un mirador. C’est notre cap et nous parvenons au bord du marigot de Khar. Marigot, ce n’est pas un mot que j’emploie tous les jours. La dernière fois que j’ai du voir ce mot, c’est dans les écrits de Théodore Monod, Méharées ou l’Emeraude des Garamantes, je ne sais plus.

21-Observatoire du Djoudj
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Dans les buissons bordant le point d’eau, des chants en sourdine s’élèvent. Ils sont familiers. Un petit temps est nécessaire au cerveau pour mettre les chants en face des noms des espèces. Fauvettes passerinettes. Elles sont omniprésentes. Ça chante de partout. On regarde les cartes de répartition qui confirment que l’espèce est bien présente à travers le Sénégal. La zone d’hivernage de cette fauvette forme une bande s’étirant d’est en ouest de l’Afrique sur environ 500 km de large. Elle semble dépendre d’un type d’habitat particulier, fuyant les zones totalement désertiques mais aussi les zones à végétation tropicale. Autre espèce paléarctique, une Pie-grièche à tête rousse vient se percher sur un buisson voisin. Quel plaisir de découvrir enfin l’autre univers de nos oiseaux. Pouvoir découvrir les milieux que colonisent ces espèces une fois qu’elles ont quitté l’Europe, savoir qu’elles chantent (pour les fauvettes et les pouillots) sur leurs lieux d’hivernage est très enrichissant. Une bande de Guêpiers de Perse nous survole puis c’est au tour de nuées d’Hirondelles de rivage de voltiger en tous sens. Nous grimpons sur l’observatoire pour découvrir ce marigot. Beaucoup de Flamants roses au loin et encore plus loin un gros groupe de Flamants nains. C’est par centaines qu’ils décollent à la moindre alerte offrant un magnifique spectacle haut en couleur. Le rose est bien présent sous ce beau soleil sénégalais !


22-Busard des roseaux, Djoudj
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Des cris devant nous, ce sont des Alcyons pies querelleurs, occupés à se battre pour les meilleurs perchoirs. De nombreuses Sarcelles d’été, quelques Ibis falcinelles, une Spatule blanche et un Balbuzard viennent terminer ce tableau de choix.

23-Alcyon pie, Djoudj
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24-Phacochère, Djoudj
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Nous reprenons la piste et roulons vers l’est. Une forme sombre attire notre attention à l’ombre d’un buisson à 50 m environ. Marche arrière lentement mais, se sentant découvert, un Loup doré (ou Chacal du sénégal, Canis anthus) se redresse et s’enfuit rapidement. Ce n’est qu’une fois en sécurité à plus de 150 m qu’il s’arrête et se retourne pour nous observer quelques instants. Il reprend sa marche, gravit la dune, jette un dernier regard en arrière et disparait. Il est intéressant de remarquer qu’il adopte la même stratégie que les Chacals à chabraque qui, au petit matin, s’endorment au pied d’un buisson pour s’y abriter durant la journée de la morsure du soleil.

25-Chacal du Sénégal, Djoudj
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Sur la piste menant au 4ème mirador, un couple de Moinelette à oreillons blancs, peu farouche, avance lentement devant notre voiture. Les deux adultes se nourrissent au pied des petites touffes d’herbes et sont rapidement rejoints par un jeune à peine volant. Les trois oiseaux finissent par s’envoler dégageant la piste pour que nous puissions avancer.

26-Moinelette à oreillons blancs, jeune, Djoudj
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27-Moinelette à oreillons blancs, mâle, Djoudj
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28-Moinelette à oreillons blancs, femelle, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0967319001464114458-781151582.jpg)

Sur notre droite, deux impressionnants oiseaux décollent des prairies à présent jaunies par le manque d’eau. Des grues et pas n’importe lesquelles, une nouvelle espèce pour nous, des Grues couronnées. Elles sont vraiment farouches car nous sommes à plus de 300m. Elles ne nous donnent aucune chance de les photographier. Les brumes de chaleur sont là et en plus elles disparaissent tout au fond sur l’horizon. Sur les étendues du grand lac, de belles concentrations de Sarcelles  d’été, de Souchets et de Balbuzards (9 oiseaux). Côté nord, durant notre pique nique, deux Cigognes noires qui étaient restées dissimulées dans la végétation riveraine prennent leur envol, dessinent quelques orbes. C’est sans mal qu’elles prennent de la hauteur car en cette mi-journée, les thermiques sont bien présents. La léthargie nous gagne,  et c’est en compagnie d’un couple de Gravelot pâtre que nous faisons une petite sieste à l’ombre de l’observatoire.
En début d’après midi, nous faisons demi-tour, croisons des Chevaliers stagnatiles ainsi qu’un Tantale ibis le long de la digue principale qui nous emmène vers l’embarcadère.
Autre surprise dans le marigot, un énorme Varan du Nil déambule lentement à découvert avant de se réfugier dans la végétation.

29-Varan du Nil, Djoudj
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Plus loin deux espèces cousines se partagent le même marais. Tournant la tête de droite à gauche, une Spatule blanche d’Europe accompagne une Spatule africaine.

30-Spatule blanche (gauche) et Spatule africaine, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0548502001464114549-781151582.jpg)

Hier soir, nous avons réservé une sortie en pirogue sur un bras mort du fleuve Sénégal. C’est un peu le clou du spectacle pour tout visiteur du Parc du Djoudj. Vers 15h30, nous sommes sur place. Le guide est prêt mais pas nous. Il fait encore trop chaud et la balade devant durer 1h30 nous préférons attendre que la lumière soit moins dure. En attendant, nous profitons du ballet des Guifettes moustacs, surprenantes avec leur plumage d’hiver que nous n’avons que rarement l‘occasion d’observer. Deux Sternes caspiennes passent au dessus, quel contraste de taille avec l’espèce précédente !

31-Guifette moustac, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0363113001464114597-781151582.jpg)

Enfin arrive l'heure du départ ! et nous voilà partis au milieu des pélicans ... à suivre au prochain post !


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: samapi le 25 Mai 2016 à 11:17:30
Plein de piafs avec de belles photos  (Y)
J'ai déjà suivi avec attention ton carnet de voyage au Sénégal au fur et à mesure que tu le postais sur ton blog Sophie  ;)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Canis lupus le 25 Mai 2016 à 16:19:04
C'est de toute beauté !

Et le commentaire est très érudit  ;)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 26 Mai 2016 à 19:57:04
Joli busard des roseaux ainsi que les moinelettes que je n'avais pas croisé au Djoudj (Y) (Y)
Ton fil me rappelle de bons souvenirs.
Est-ce que l'hôtel Djoudj à l'entrée du parc est toujours ouvert?


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 26 Mai 2016 à 20:51:25
Allez j'embarque avec vous et pour réveiller plein de beaux souvenirs  "w"

ne crois tu pas que c'est plutôt une sterne hansel au lieu d'une moustac ?  ???


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Cedric68 le 27 Mai 2016 à 08:27:27
Pour mon retour sur COW, j'embarque également dans la i20. La qualité des textes est au niveau des photos. Je me réjouis de la suite.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 27 Mai 2016 à 18:23:17
Est-ce que l'hôtel Djoudj à l'entrée du parc est toujours ouvert?
Coucou ! oui, quand on est passé il était ouvert mais de clients ...


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 27 Mai 2016 à 18:26:03
Merci pour tous vos commentaires !
ne crois tu pas que c'est plutôt une sterne hansel au lieu d'une moustac ?  ???
J'ai revérifié les critères mais la hansel a beaucoup moins de noir en période hivernale et ne présente qu'un loup à l'arrière de l'oeil, la taille n'est pas visible sur la photo, mais elles étaient plus petites que des hansels.




Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 27 Mai 2016 à 18:44:18
Voici donc la suite de notre découverte du Djoudj. 16h, l’heure du départ pour une virée en pirogue. Nous sommes seuls à embarquer. Le moteur est un peu récalcitrant au démarrage ce qui nous vaut de percuter des piliers en béton. Visiblement la pirogue en a connu d’autres. Le guide est sympa, il connait bien les oiseaux et c’est avec plaisir qu’il met à chaque fois la pirogue en position pour que nous puissions faire des photos. Le spectacle ce sont les pélicans qui l’assurent. Deux groupes de plusieurs dizaines d’individus se partagent cette portion du bras mort.

32-Pélican blanc, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0316332001464366537-781151582.jpg)

Dans chaque groupe, les Pélicans nagent de concert puis dans un mouvement parfaitement synchronisé, plongent tout ou partie du corps  formant de belles gerbes d’eau. Un à un ils remontent vers la surface, certains avec un poisson, d’autres sans. Le manège se reproduit plusieurs fois, les pélicans poursuivant les bancs de poisson depuis la surface sans qu’ils ne puissent les voir  tellement l’eau est trouble. Comment font-ils ? y a-t-il des signaux qui nous échappent comme des petites bulles, des mouvements d’eau qui trahissent la présence des poissons à un endroit donné ?

33-Pélicans blancs, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0830714001464366574-781151582.jpg)

Des Anhingas d’Afrique se sèchent à présent au doux soleil de cette fin de journée.

34-Anhinga d'Afrique, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0089156001464366615-781151582.jpg)

Un Pygargue vocifère adulte trône au sommet d’un arbre tandis que plus loin, c’est un immature qui nous regarde nous approcher. Lorsqu’il juge que nous sommes en deçà de sa distance de sécurité, il prend son envol. Le Djoudj constitue la limite nord de l’aire de répartition de cette espèce typiquement africaine qui profite ici, de l’abondance de vie qu’amène le fleuve Sénégal. Plus au nord, le milieu devient inhospitalier, il n’y a plus de grand fleuve, plus de marais, rien qu’un océan de sable et de pierres.

35-Pygargue vocifère immature, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0808015001464366647-781151582.jpg)

36-Pygargue vocifère, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0531894001464366679-781151582.jpg)

Sur les feuilles flottantes des nénuphars en fleurs, vagabondent de graciles Jacanas. Ils ne sont pas faciles à approcher mais quand on y parvient, le résultat est toujours sympa.

37-Jacana à poitrine dorée, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0686571001464366711-781151582.jpg)

38-Nénuphars, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0088673001464366734-781151582.jpg)

Par endroits, ce sont des tapis de fleurs bleues qui couvrent les baies tranquilles. Ces milieux sont favorables aux Hérons crabiers et à une toute petite espèce de canard au plumage très coloré, l’Anserelle naine. Pas de chance, deux prennent leur envol avant que nous n’ayons réussi à les détecter. Impossible de faire la moindre photo, juste le temps de les observer aux jumelles tellement elles sont rapides. Elles disparaissent derrière une roselière. Notre pirogue n’est pas assez rapide, nous n’essayons même pas de nous lancer à leur poursuite.

39-Héron crabier, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0479313001464366768-781151582.jpg)

40-Héron crabier, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0934404001464366791-781151582.jpg)

41-Héron crabier
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0765482001464366873-781151582.jpg)

42-Nénuphars, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0827049001464366837-781151582.jpg)

Les méandres s’enchaine lentement ce qui permet de profiter pleinement de cette balade. Beaucoup d’oiseaux dans des reposoirs qui avec l’heure avançant deviennent des dortoirs. S’il fallait comparer cette sortie avec celle faites l’été dernier sur le fleuve Okavango, nous pourrions dire que nous avons vu encore plus d’oiseaux ici … Sur la berge, de gros Varans profitent de la chaleur ainsi que d’autres gros reptiles … des Crocodiles.

43-Varan du Nil, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0586960001464366897-781151582.jpg)

Nous apercevrons deux beaux spécimens d’environ deux mètres de long. Nous mesurons pleinement la chance de pouvoir observer ces Crocodiles d’Afrique de l’Ouest (Crocodylus suchus). Longtemps considérés comme une sous espèce du Crocodile du Nil, ils sont pourtant bien distincts d’un point de vue génétique.  Si par le passé la répartition de cette espèce se prolongeait vers le nord, ce n’est quasiment plus le cas aujourd’hui. Au Maroc, les derniers spécimens contactés l’ont été au début des années 1950. Aujourd’hui mises à part de rares populations reliques vivant dans quelques gueltas perdues au milieu du désert mauritanien ou tchadien, c’est ici, au Djoudj que se trouve la limite nord pour cette espèce. Il est curieux de se dire que des crocodiles vivent en plein désert, loin de tout grand fleuve ou toute zone de marais. Comment ont-ils pu se retrouver là ? Il faut remonter dans le temps, il y a 10 000 ans pour trouver l’origine. La Sahara était à l’époque une région humide avec des marais propices pour les grands reptiles. Lorsque le climat a changé, que les pluies sont devenues moins abondantes, le désert à pris le dessus piégeant les crocodiles dans les dernieres oasis hospitaliers. Un programme de réintroduction devrait être entrepris au Maroc, dans le Bas-Drâa où l’on trouve encore des milieux favorables pour l’espèce.*

44-Crocodile d'Afrique de l'ouest, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0376827001464367059-781151582.jpg)

45-Crocodile d'Afrique de l'ouest, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0766589001464367088-781151582.jpg)

La balade atteint son point ultime avec la colonie de Pélicans Blancs. De gros jeunes au plumage noir se tiennent au milieu des adultes. Selon notre guide, ils seraient 4500 couples sur cet ilot … Nous restons à distance, les observons quelques instants puis les laissons tranquilles.

46-Colonie de Pélicans blancs, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0983861001464367117-781151582.jpg)

47-Pélicans blancs, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0785734001464367154-781151582.jpg)

48-Pélican blanc, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0925509001464367175-781151582.jpg)

Sur le retour, nous croisons un Balbuzard pêcheur profitant des dernières belles lumières ainsi qu'un Pygargue vocifère.

49-Balbuzard pêcheur, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0641242001464367204-781151582.jpg)

50-Pygargue vocifère, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0552613001464367252-781151582.jpg)

51-Pygargue vocifère, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0688564001464367274-781151582.jpg)
   
La journée a été bien remplie, et c’est avec plaisir que nous retrouvons notre campement. Nous effectuons un dernier arrêt pour photographier une Barge à queue noire ainsi qu'un Chevalier aboyeur alors que la lumière devient limite.

52-Chevalier aboyeur, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0211143001464367307-781151582.jpg)

53-Barge à queue noire, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0980353001464367327-781151582.jpg)

Nous sommes surpris par de grosses chauves-souris que nous prenons quelques instants pour des Engoulevents. Elles chassent sur le petit plan d’eau voisin durant 5 minutes avant de disparaître dans la nuit.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: musungu le 27 Mai 2016 à 19:18:22
Oh les jolis pélicans en 48 !!!  (L)



Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Cedric68 le 27 Mai 2016 à 23:20:29
Une bien belle mise à jour. Petite préférence pour les pélicans de la 46


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Floflo le 27 Mai 2016 à 23:36:06
ouh la ça va vite ici... attendez-moi j'embarque aussi! alors en vrac les 3 pélicans sont superbes et bien groupés, le loup doré a l'air bien mignon (belle rencontre) et bien sûr les oiseaux limicoles qui semblent nombreux et le superbe pygargue  :v:


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: genir le 28 Mai 2016 à 08:37:40
j'arrive également avec du retard. Carnet avec bien sur de belles photos (par exemple les pélicans 46 (L) (L) (L)) mais surtout un vrai récit bien documenté (Y) (Y) (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: francky4_ le 28 Mai 2016 à 15:47:34
Les pélicans et les rapaces, dans la belle lumière, sont magnifiques...  (Y)

Franck


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 30 Mai 2016 à 11:10:17
Bonjour à tous et merci pour vos commentaires ! Voici donc la suite de ce carnet avec une nouvelle journée dans le parc du Djoudj.

Mardi 22 décembre

Même manège ce matin en guise de réveil avec le passage des Dendrocygnes veufs au dessus du campement. Nous sommes rapidement sur pieds, près pour observer le lever du soleil sur le plan d’eau à l’entrée du parc. L’ambiance est encore une fois excellente avec de beaux contre-jours sur les canards.

54-Dendrocygnes veufs
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0746871001464597769-781151582.jpg)

55-Dendrocygnes veufs
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0371329001464597798-781151582.jpg)

56-Lever de soleil sur le Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0473726001464597822-781151582.jpg)

Nous prenons le temps faire des photos sur les Vanneaux éperonnés. Un couple parade au bord de la piste à moins de 10 m de nous et l’on ne peut pas dire qu’il soit discret.

57-Vanneau éperonné, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0222118001464597910-781151582.jpg)

Nous payons l’entrée du parc et flânons quelques minutes autour de la station biologique. Le petit groupe d’œdicnèmes du Sénégal rencontré hier est encore présent mais cette fois ci, les oiseaux sont au bord de la piste. Quelques individus se laissent photographier puis un à un ils regagnent la tranquillité d’un ilot.

58-Œdicnème du Sénégal, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0517785001464597965-781151582.jpg)

59-Œdicnèmes du Sénégal, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0083452001464597989-781151582.jpg)

Au pied d’une touffe d’herbes immergée, un oiseau blanc attire notre attention. C’est un Combattant varié original par son plumage. A cette époque de l’année, les adultes arborent normalement un plumage d’hiver plutôt terne mais notre mâle ici présent est presque paré de son plumage nuptial.

60-Combattant varié, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0576385001464598017-781151582.jpg)

Nous empruntons la digue principale séparée d’une grande roselière par une haie de tamaris. Des petits passereaux y ont trouvé refuge dont des Tisserins, des Rousserolles effarvattes ainsi qu’un probable Hypolaïs obscure.

61-Tourterelle pleureuse, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0976071001464598103-781151582.jpg)

Nous prenons la deuxième piste à droite, et partons à la découverte d’une zone du parc encore inconnue. Arrêt au premier observatoire. Un petit groupe de phacochères déambule entre les buissons tandis que sur le plan d’eau c’est assez calme. Dans les herbes autour, un Prinia modeste se faufile puis finit par se montrer à découvert. Il partage les mêmes herbes qu’une Pie-grièche à tête rousse ainsi qu'une Cisticole roussâtre.

62-Prinia modeste, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0642467001464598133-781151582.jpg)

63-Cisticole roussâtre, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0472175001464598158-781151582.jpg)

64-Cisticole roussâtre, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0617652001464598179-781151582.jpg)

65-Pie-grièche à tête rousse, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0817958001464598209-781151582.jpg)

66-Guêpier de Perse, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0494395001464598227-781151582.jpg)

67-Sternes caspiennes, adulte et son jeune, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0629538001464598262-781151582.jpg)

68-Moineau doré, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0121668001464598305-781151582.jpg)

Au loin nous apercevons quelques flamants disséminés dans la végétation du point d’eau. Nous atteignons le deuxième mirador situé au bord du lac de Gainth. L’endroit est vraiment superbe. Un cordon d’arbres s’est développé autour de la zone humide. Ici poussent de nombreux nénuphars dont les fleurs blanches ou bleues apportent une note de fraicheur dans ces paysages que la chaleur commence à écraser. Silencieux, une petite dizaine de Pouillots véloces inspecte les feuilles à la recherche des insectes de cet oasis. Surprise, un individu se met à chanter et lance une série de « Chif chaf » caractéristique. Il n’est pas le seul à chanter ici, des Phragmites des joncs donnent aussi de la voix.

69-Le Marigot de Gainth, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0864826001464598379-781151582.jpg)

70-Cormoran à poitrine blanche, Gainth, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0047727001464598423-781151582.jpg)

Nous continuons la balade et découvrons un gros rapace posé dans de grands acacias. Un petit temps de doute, nous vérifions qu’il ne s’agit pas d’un Aigle fascié, espèce présente aussi dans les environs du Djoudj mais non, c’est bien un Aigle de Bonelli.

71-Aigle de Bonelli adulte, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0065268001464598523-781151582.jpg)

72-Aigle de Bonelli femelle adulte, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0314463001464598605-781151582.jpg)
   
Les données de cet aigle méditerranéen dans le nord du Sénégal sont  peu courantes même si ce territoire constitue sa limite sud d’hivernage. Les observations sénagalaises concernent  habituellement des jeunes ou des immatures qui lors de leur période d’erratisme vagabondent jusque dans cette partie de l’Afrique. Là, et c’est exceptionnel, il s’agit d’un bel adulte, la large tâche blanche sur le dos l’atteste. Se sentant observé, il prend son envol, disparait quelques instants derrière les arbres puis revient faire un tour devant nous, ce qui nous permet de voir sa face ventrale. De nombreuses flammèches sur la poitrine, des culottes rousses, cela conforte notre première impression d’un gros oiseau. C’est une femelle. Pas le temps de l’observer davantage, elle disparait définitivement derrière les arbres. Cette observation est vraiment inhabituelle car les adultes vivent toute l’année sur leur territoire de reproduction et ne  s‘en éloignent guère. Les plus proches se situent dans l’Anti-Atlas marocain soit à environ 1600 km. C’est loin, certes, mais même si elle parait impressionnante, cette distance ne prend que quelques jours à parcourir pour un tel oiseau. C’est ce que montre le cas de Zahara. En 2014, ce jeune mâle d’Aigle de Bonelli né en captivité en France a été relâché dans la région de Madrid équipé d’une balise. En 3 jours, il parcourt 600 km … A Gibraltar, il traverse, un jour de grand passage migratoire, le détroit et arrive au Maroc. De là, il rejoint l’Algérie, puis le Mali, la Mauritanie et se retrouve au Sénégal avant de remonter vers la Mauritanie où sa balise a cessé d’émettre un jour d’octobre. En 7 jours, il aura parcouru 2000 km à travers l’Afrique. Si on regarde le statut et les données de cet aigle dans les pays sahéliens voisins, on se rend compte qu’il n’y a que peu d’informations. En Mauritanie, où l’espèce est un hivernant occasionnel, il n’existe qu’une donnée sure d’un adulte observé à Atar le 17 novembre 2007 (P. Géniez) soit à environ 600 km au nord du Djoudj.

Des hirondelles se posent sur un morceau de tronc sortant du sol. Approche en douceur pour une photo sympa d’une jeune Hirondelle de cheminée.

73-Hirondelle rustique, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0513734001464598670-781151582.jpg)

La piste que nous avons empruntée devient de plus en plus difficile à suivre. Les traces des véhicules précédents se font rares ou ont été effacées par le temps. Un couple de Vanneaux du Sénégal occupe une dépression dépourvu de végétation et se met à alarmer à notre passage.

74-Vanneau du Sénégal, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0904716001464598721-781151582.jpg)

Nous arrivons au bout de la piste, laissons la voiture et explorons les environs. Des Dendrocygnes veufs au bord de l’eau, quelques ardéidés et un Engoulevent sp qui file à travers les branches basses des buissons. Malgré les heures chaudes, un Agrobate roux se poste au sommet d’un buisson et se met à chanter. Il y a plus de 10 ans que nous n’avons plus entendu ce chant mais c’est toujours aussi agréable.

74-Calao à bec rouge, Gainth
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0339606001464598751-781151582.jpg)

Il est à présent l’heure de manger, le lac de Gainth fera parfaitement l’affaire. De l’ombre, de l’eau, des oiseaux, quoi de mieux pour un pique nique. Pendant le repas, un Autour sombre poursuivi par des tisserins nous fonce dessus et ce n’est qu’au dernier moment qu’il nous aperçoit. Il fait un crochet et s’enfonce dans le couvert végétal. Pas eu le temps de faire de photo mais à l’œil nu, on l’a bien vu ! Des Jacanas à poitrine doré, des Hérons bihoreaux, des Bergeronnettes printanières et des Tisserins se partagent les feuilles et les fleurs de nénuphars. Dans le ciel, se succèdent des milans à bec jaune, des Glaréoles à collier, des Guêpiers de Perse et bien sur, des escadrons de Pélicans blancs. Un vrai plaisir. Au pied des arbres ou bien dans ceux-ci, des Varans du Nil de toutes tailles profitent de la chaleur de cette mi-journée.

75-Jeune Jacana à poitrine dorée, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0294490001464599436-781151582.jpg)

76-Tisserin à tête noire sur le Marigot de Gainth, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0718403001464598820-781151582.jpg)

77-Pélicans blancs, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0621186001464598905-781151582.jpg)

Après une bonne sieste, nous abandonnons notre oasis et retournons vers la digue principale l’occasion de croiser un Crocodile dans le Marigot de Khar. Sur la piste menant vers le grand lac, la traversée de la roselière nous permet de voir du Blongios nain, non pas dans la roselière elle-même mais dans le tamaris juste à côté. Se sentant découvert, il s’étire pour passer inaperçu mais visiblement notre trop grande proximité ne lui inspire pas confiance. Il préfère s’éloigner de branches en branches tout doucement comme si de rien n’était.

78-Blongios nain, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0799857001464598945-781151582.jpg)

Dans l’après midi, nous atteignons le secteur du grand lac. Encore beaucoup d’oiseaux sur les vastes étendues d’eau dont des Flamants roses et de très nombreuses Sarcelles d’été. Le couple de Gravelot pâtre d’hier est encore là devant les observatoires. On improvise une petite séance photo sur ces individus finalement assez coopératifs.

79-Gravelot pâtre, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0690001001464598993-781151582.jpg)

Ce qui est plaisant ici au Djoudj, c’est qu’il y a toujours une espèce à observer. Le long de la piste, le Cochevis huppé se manifeste régulièrement !

80-Cochevis huppé, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0173534001464599025-781151582.jpg)

Plus localisée, la Moinelette à oreillons blancs, semble apprécier les substrats sableux.

81-Moinelette à oreillons blancs, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0893579001464599094-781151582.jpg)

82-Paysages du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0348203001464599117-781151582.jpg)

Sur le chemin du retour, nous croisons un phacochère se laissant déparasiter par 2 pique-bœufs à bec jaune, station de nettoyage !

83-Phacochère, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0914758001464599190-781151582.jpg)

84-Piqueboeufs à bec jaune, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0107343001464599158-781151582.jpg)

Une bande de Singes rouges coupe la piste devant nous. Farouches, ils se dispersent rapidement dans la végétation avant que nous n’arrivions sur place. Seul le mâle dominant reste en arrière de sa troupe, se dresse sur ses pattes arrière, surveille les environs puis s’éloigne avec assurance.

85-Singe patas, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0733014001464599214-781151582.jpg)

86-Singe patas, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201605-0662931001464599236-781151582.jpg)

La nuit tombe,  et avant qu’il ne fasse nuit noire, nous passons à l’hôtel du Djoudj pour tenter de faire regonfler le pneu avant qui présente les symptômes d’une crevaison lente. Pas de gonfleur ici,  juste une pompe à vélo avec laquelle nous nous épuisons en vain à remettre des bars dans le pneu tandis qu’une chouette effraie nous nargue avec ses cris. N’ayant pas de roue de secours, on vocifère contre le loueur de voiture mais après exploration approfondie du coffre, nous tombons sur un gonfleur qui se branche sur la prise allume cigare. En 15 secondes, le pneu a retrouvé fière allure et c’est avec les bras fourbus par l’effort que nous rentrons au camp.  Ce soir nous dormirons dans le confort de la case.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: avet le 30 Mai 2016 à 13:48:23
Superbe ces deux dernières mises à jour (Y)
Très belles images  "w" "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: PAKA le 30 Mai 2016 à 16:31:49
Merci pour les commentaires de votre voyage et toujours vos sublimes illustrations.

J'aime l'originalité des 70 et 76.
Mais vraiment prise de tête de donner une préférence  ^-^  tout est magnifique  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: gégé red léo le 30 Mai 2016 à 19:21:11

Quelle collection d' oiseaux !

J' aime bien les cisticoles ( 63 et 64 )



Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: samapi le 30 Mai 2016 à 20:42:11
J'aime bien le gravelot pâtre en 79  (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Mintou le 30 Mai 2016 à 21:03:46
ça ne manque pas d'oiseaux  ;), belle composition pour la Cisticole roussâtre  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Floflo le 30 Mai 2016 à 21:28:02
sympa l'ambiance de la 55 et la cisticole   :v:


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Cedric68 le 31 Mai 2016 à 10:28:30
Les textes sont toujours aussi intéressants, dénotant une très belle connaissance ornithologique. Merci du partage.

Les photos sont dès lors encore mieux mises en valeur.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 31 Mai 2016 à 11:08:55
Ce n'est plus le calao à bec rouge mais le : Calao occidental -Tockus kempi - Western Red-billed Hornbill

Une coche à moindre frais. Merci pour le fil instructif ;)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 31 Mai 2016 à 17:54:52
Merci petit Robert pour ce commentaire ! Effectivement la légende est inexacte mais dans notre liste nous avions noté la bonne espèce donc pas de coche supplémentaire ... En revanche on vient de s apercevoir que notre hirondelle notée en rustique est en fait une hirondelle de guinée. Pour le coup c eest une nouvelle espèce pour nous !


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 31 Mai 2016 à 18:45:10
Superbe mise à jour!
J'aime beaucoup les photos d'ambiance au lever du soleil "w"

Pour pinailler un peu, la cisticole roussâtre s'appelle maintenant Cisticole du Nil
, la roussâtre étant la dénomination pour la sous-espèce du sud de l'Afrique!
J'ai vérifié dans mon carnet sénégalais, j'avais fait la même erreur :o
Belle prise aussi avec ce combattant varié mâle blanc (Y) (Y).


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 31 Mai 2016 à 19:10:49
Merci beaucoup Merle pour cette précision ! Je ne savais pas qu'elles avaient été séparées ! Je pourrai modifier dans ma liste.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Canis lupus le 01 Juin 2016 à 16:47:52
Quelle diversité d'oiseaux !

Bravo  (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 02 Juin 2016 à 20:16:35
Dernier jour dans le Djoudj

Mercredi 23 décembre 2015

Ce matin, c’est avec le chant des engoulevents que nous nous levons. Depuis deux jours, on se demande à quelle espèce peut-il appartenir. Le chant ressemble à celui de l’Engoulevent d’Europe mais il manque la modulation caractéristique qui intervient forcément à un moment donné dans le ronronnement. Nous en observons un furtivement passer dans le ciel alors qu’il fait encore sombre. Passage devant l’entrée du parc et comme les jours précédents, les Dendrocygnes s’agglutinent sur le point d’eau. Il y a aujourd’hui quelques Spatules blanches qui sommeillent. Le programme du jour consiste à repasser sur les mêmes spots que les jours précédents et de saisir les opportunités photographiques. C’est notre dernière journée dans le parc et maintenant que l’on connait un peu le site, on peut consacrer un peu plus de temps à de la photo. Dès les premières centaines de mètres sur la première piste, des cris de Chacals nous interpellent. Ils sont au moins deux quelque part au nord de notre position. Distance estimée, 300- 400m. Nous coupons le contact et patientons de longues minutes mais nous n’aurons pas la chance d’en apercevoir un passer à travers le rideau de végétation. Des arrêts de ci delà au gré des rencontres. Le chant d’un Agrobate roux, l’envol d’une Tourterelle maillée, ou bien ces magnifiques Guêpiers de Perse posés sur des tiges au ras du sol. La lumière commence à être belle, les oiseaux peu craintifs se laissent photographier. Les adultes ont un plumage abimé, beaucoup de plumes sont usées et de nouvelles commencent à apparaitre. La mue est en cours. Les jeunes arborent un plumage encore neuf reconnaissable au vert moins intense que celui des adultes et aux liserés des couvertures alaires plus clairs donnant une impression de « dos » délicatement écaillé. Si l’on ajoute les petits cris de contact qu’ils poussent régulièrement, on obtient une peinture de cette ambiance d’un matin dans le Parc du Djoudj.

87-Guêpier de Perse, immature, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0054340001464890393-781151582.jpg)

Décidément ces tiges offrent d’excellents perchoirs, car à présent c’est un Cochevis huppé qui en profite.

88-Cochevis huppé, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0581333001464890413-781151582.jpg)

Une Grue couronnée nous survole, elle vient probablement de quitter son dortoir et file vers ses zones d’alimentation suivi peu de temps après par un juvénile de Busard des roseaux. Cette dernière espèce aussi passe la nuit dans un dortoir. Au sol, habituellement dans des zones de roselières sèches et parfois en compagnie d’une autre espèce de busard, le Busard cendré.

89-Busard des roseaux, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0036856001464890449-781151582.jpg)

Arrêt au niveau du premier observatoire où chantent des Tourterelles pleureuses.

90-Hirondelle pleureuse, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0719918001464890475-781151582.jpg)

Un petit groupe de Spatules blanches, des jeunes en plumage de 1er hiver, rejoignent aussi les marigots afin de s’alimenter.

91-Spatules blanches, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0521047001464890501-781151582.jpg)

Du mouvement dans les buissons autour de nous, ce sont des Tisserins vitellins. Ils se nourrissent discrètement de baies.

92-Tisserin vitellin, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0406049001464890527-781151582.jpg)

Depuis l’observatoire, le marigot semble calme, seul un Alcyon pie monte la garde du haut de son perchoir.

93-Alcyon pie, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0209571001464890550-781151582.jpg)

Au deuxième observatoire, les canards sont encore présents en nombre. Ils sont loin et chaque passage d’un Balbuzard ou d’un Busard des roseaux sème la panique. C’est un beau spectacle auquel nous assistons. Un petit groupe de 4 Colious huppés vient se percher dans les derniers arbrisseaux de Salvadora avant le lac. Une fois à l’intérieur, ils deviennent très difficiles à distinguer malgré leur nuque bleue-turquoise.

94-Coliou huppé, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0987255001464890573-781151582.jpg)

Nous décidons de ne pas poursuivre vers les deux derniers observatoires et faisons demi-tour pour rejoindre la digue principale. Des Hirondelles de rivage se sont rassemblées au sol et passent facilement inaperçues avec leur plumage couleur sable.

95-Hirondelles de rivage, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0249120001464890605-781151582.jpg)

96-Bergeronnette grise, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0718286001464890632-781151582.jpg)

Au passage de la zone de roselière, qui hier hébergée quelques Blongios nains, une forme traverse la piste. C’est un mammifère, presque un mètre cinquante de long dont une grande partie pour une queue quasi glabre terminée par une panicule de poils noirs. Le corps est complètement aplati, il rampe et s’enfonce dans la végétation. Nous restons circonspects. Nous avançons pour tenter de mieux l’observer. On devine l’animal à travers les branchages et les roseaux puis il disparait laissant derrière lui une trace sur le sol sableux. C’est une mangouste, et avec une telle taille, une ichneumon. Nous ne pensions pas qu’elle pouvait atteindre de telles dimensions ! Le Djoudj est vraiment une zone naturelle qui regorge de vie, où tout prospecteur qui sait être patient est récompensé.

Une fois de retour sur la piste principale, nous prenons le temps d’observer les associations de limicoles. Combattants, Barges à queue noire, Chevaliers sylvains, culblancs et aboyeurs se partagent les mêmes mares. Nous recherchons plus particulièrement le Chevalier stagnatile, une espèce peu commune, bien qu’annuelle lors de sa migration en Provence. Nous avons donc ici l’occasion de nous  familiariser avec ce chevalier qui se reproduit dans le sud de la Russie et dont les sites de reproduction les plus occidentaux se trouvent en Ukraine et en Moldavie. Nous sommes surpris de l’observer plusieurs fois par jour dans le Djoudj. Pas de concentration d’oiseaux chez cette espèce mais des observations d’individus isolés. Au final, il s’avère être plus courant que le Chevalier aboyeur, espèce plus classique en Europe de l’Ouest. La lumière étant un peu dure pour la photo, nous poursuivons lentement notre avancée.

Un petit rallidé apparait au pied de scirpes. Si jusqu’à maintenant, c’est uniquement du Râle à bec jaune que nous avons contacté, cette fois, c’est une nouvelle espèce. Nous avons de la chance, il s’agit d’une marouette et pas n’importe laquelle, une Marouette de Baillon, un petit Graal pour de nombreux ornithos français ! Plus de 20 ans d’ornithologie en Provence et jamais cette espèce n’est passée dans le champ de nos jumelles. Pourtant, ce n’est pas faute d’y avoir consacré du temps. Nous en avons passé des heures au bord de la Durance et dans les environs d’Hyères à scruter le pied des roseaux en ces mois de mars et avril, période où elles passent chez nous. Si les Marouettes poussin et ponctuée sont classiques, la Marouette de Baillon, dont l’aire de reproduction est plus orientale, ne fait que rarement halte en France. Sa principale zone d’hivernage se situe dans l’est et le sud de l’Afrique. De manière secondaire, quelques petits ilots de présence existent le long du Sahel et le Djoudj en fait partie. Comme les autres marouettes, c’est principalement le matin et en fin de journée que l’on a le plus de chance de l’observer. Il est presque 10h aujourd’hui et elle est encore active malgré la chaleur qui s’installe. Son plumage indique que c’est un jeune de l’année. Se sentant découvert, son inquiétude est trahie par les hochements de l’arrière du corps. Il fait un tour sur lui-même puis trouve refuge définitivement à l’intérieur de la végétation.

97-Marouette de Baillon, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0402687001464890670-781151582.jpg)

Nous prenons la piste en direction de Gainth. Dans cette zone de brousse ouverte, nous cherchons à revoir le Busard cendré qui chassait hier ici. Le contrejour et les brumes de chaleur ne nous avaient pas permis de faire une belle observation. Pas de busard, mais à la place un Balbuzard pêcheur perché sur un petit monticule à même le sol. Son poisson du jour capturé et dévoré, il lézarde à présent pour de longues heures. Il y a sur les rives de ce fleuve Sénégal, de belles densités de ce rapace piscivore. Nous aurons la chance de croiser entre 10 et 15 oiseaux différents par jour, synonymes d’une grande richesse halieutique de ces marais et lacs. Venant de France, d’Ecosse, d’Allemagne, de Finlande … les adultes trouvent ici des conditions idéales pour passer l’hiver, quant aux jeunes, ils y resteront parfois quelques années avant de revenir se reproduire au bord d’un lac des forêts suédoises.

Nous arrivons au premier observatoire. Deux Guêpiers nains nous y attendent poussant leurs cris caractéristiques. Nous sortons de la voiture sans que cela ne les effarouche. Tentative d’approche à moitié camouflé par un buisson. Pas de doute, ils sont coopératifs. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut photographier des guêpiers sans affut, juste à l’approche.

98-Guêpier nain, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0658704001464890747-781151582.jpg)

Les Fauvettes passerinettes sont encore bien présentes et puisque la chance nous sourit pourquoi ne pas essayer d’avoir une photo de ce magnifique passereau sur ses quartiers d’hiver. Une chanteuse se tient à proximité, nous tentons un petit affût  mais malgré notre attente elle restera enfouie dans son tamaris. Heureusement, il y a souvent une récompense pour tout effort, cette fois-ci c’est un Pririt du Sénégal aux couleurs pie qui viendra se poser sur les branches du buisson sec devant nous.

99-Pririt du Sénégal, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0881468001464890779-781151582.jpg)

Nous jetons quand même un coup d’œil depuis l’observatoire. Un pélican, aux teintes grisâtres, posé au sommet d’un arbre au milieu du marigot nous intrigue. Les brumes de chaleur commencent à apparaitre et malgré la distance nous l’identifions, c’est un Pélican gris. Une coche !

En route vers Gainth, nous croisons à nouveau le chemin des Guêpiers de Perse. C’est la bonne heure pour eux, heure à laquelle les insectes volent près du sol. Posés sur des mottes, cailloux ou à même le sol, les guêpiers s’élancent dans une rapide course-poursuite létale habituellement pour l’insecte. Le taux de captures est impressionnant !

100-Guêpiers de Perse, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0411928001464890812-781151582.jpg)

Enfin nous atteignons le lac de Gainth et sa fraicheur. Les Pouillots véloces sont toujours là. Il est remarquable de constater la prédilection de cette espèce pour cet habitat. Dans les buissons et les petites forêts qui parsèment le Djoudj, nous n’avons que peu contacté ce petit passereau. A Gainth, le mélange d’essences et la maturité des arbres offrent certainement des conditions propices pour toute une entomofaune. Une cigogne blanche bien solitaire traverse le ciel bleu tandis que sur l’horizon se succèdent des vols de Pélicans blancs. On ne doit pas être très loin de l’ilot où ils se reproduisent.

Au milieu des nénuphars des Cormorans à poitrine blanche remontent à la surface après une immersion pêcheuse, faisant fuir des Jacanas à poitrine dorée et … une Talève d’Allen.

101-Cormoran à poitrine blanche, lac de Gainth, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0845401001464890843-781151582.jpg)

Ah enfin, nous parvenons à l’observer. Nos voyages africains ces deux dernières années se sont tous soldés par un échec. Introuvable en Namibie, introuvable au Botswana, il aura fallu attendre le Sénégal pour y tomber dessus. Cette espèce strictement africaine est rarement observée dans le Paléarctique (10 obs au Maroc, quelques une en Espagne, 4 en France…) autant dire que les chances de l’observer en Europe sont maigres. La dernière donnée française datant de janvier 1991. Nous n’aurons pas le temps de profiter longtemps de cette observation, elle s’envole après quelques pas d’élan vers les tamaris où se concentrent les Hérons bihoreaux.

102-Talève d'Allen, lac de Gainth, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0165413001464890870-781151582.jpg)

Un singe patas fait une brève apparition dans les arbres en face de nous, obligeant hérons crabiers et bihoreaux à se lever du milieu.

103-Anhinga d'Afrique, lac de Gainth, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0955137001464890893-781151582.jpg)

Après le repas, nous prospectons les bois environnants. Peu d’oiseaux, si ce n’est un Martin pêcheur huppé et de très nombreux bihoreaux. Bien dissimulés dans les tamaris, les hérons y passent toute la journée, attendant la tombée de la nuit pour partir en chasse au bord des marigots.

Un oiseau décolle rapidement à 3 mètres devant nos pas. Un engoulevent … mais lequel ? Selon notre guide on trouve plusieurs espèces en période hivernale. Des espèces connues comme l’Engoulevent d’Europe, à collier roux ou du désert et des inconnues comme l’Engoulevent doré, terne ou à balanciers. Notre oiseau s’est reposé plusieurs dizaines de mètres plus loin. Nous parvenons à le retrouver au milieu des branchages où il se confond parfaitement avec son environnement.

104-Engoulevent à longue queue, Djoudj A vous de le trouver !!
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0826126001464890988-781151582.jpg)

105-Engoulevent à longue queue, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0168198001464891014-781151582.jpg)

106-Engoulevent à longue queue, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0712089001464891057-781151582.jpg)

Alors que nous sortons du petit bois, l’Aigle de Bonelli de la veille fait un passage rapide au dessus de la cime des arbres. En voila un qui a trouvé une zone de chasse favorable.

Nous rebroussons chemin et croisons un petit troupeau de Zébus. Que font-ils dans cette zone protégée ? En provenance des villages voisins, ces bovins laissés en divagation contribuent à la modification des habitats en exerçant une pression de pâturage préjudiciable. L’empreinte de l’Homme est partout y compris dans les sanctuaires comme le Djoudj. Historiquement, avant 1970, ces milieux étaient des terrains traditionnels de pâture pour les ethnies locales desquels ils ont été expulsés. Les herbivores sauvages ayant disparus depuis longtemps de ce territoire, leur mise en protection offre une possibilité de recolonisation pour des espèces de gazelles en provenance notamment de la Mauritanie voisine. Y a-t’il des gazelles dans le parc ? Régulièrement, occasionnellement ? La présence d’un pâturage d’animaux domestiques n’est pas de bon augure.

107-Bétail, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0054600001464891084-781151582.jpg)

Nous repassons sur le secteur à Marouette de Baillon mais sans succès. A la place du rallidé, un crocodile s’insole sur le rivage du marigot de Khar. Ils ne sont donc pas tous uniquement dans le marigot du Djoudj, ce bras mort du fleuve Sénégal que nous avons parcouru hier en pirogue. Il doit probablement être présent aussi dans le lac de Gainth, là où nous avons apprécié pique-niquer au bord de l’eau …

La lumière, meilleure à présent que ce matin, nous donne l’occasion de photographier nos chevaliers. Au milieu des stagnatiles, guignettes et autres aboyeurs, se sont glissés une Echasse blanche et un Bécasseau cocorli.

108-Chevalier aboyeur, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0938709001464891109-781151582.jpg)

109-Chevalier stagnatile, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0675181001464891133-781151582.jpg)

110-Chevalier stagnatile, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0771364001464891152-781151582.jpg)

111-Echasse blanche immature, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0401568001464891172-781151582.jpg)

112-Barge à queue noire, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0472996001464891190-781151582.jpg)

113-Bécasseau cocorli, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0027011001464891210-781151582.jpg)

114-Chevalier guignette, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0884682001464891233-781151582.jpg)

Pour terminer la journée, nous décidons de partir prospecter le secteur où nous avons observé le Chacal du Sénégal. Les kilomètres s’enchainent lentement sans trouver la moindre trace de présence du canidé. Alors que le soleil est bas sur l’horizon, deux Grues couronnées passent en vol, effectuant le chemin en sens inverse de celui de ce matin pour rejoindre leur dortoir. Ce n’est que sur le retour, juste avant de sortir du parc que nous croisons deux chacals s’éloignant dans la brousse. Trop tard, plus assez de lumière pour faire une photo digne de ce nom.

115-Grues couronnées, Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0750006001464891262-781151582.jpg)
 


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: francky4_ le 02 Juin 2016 à 20:54:03
Un grand merci pour ce partage, ces belles leçons de chose, et ces belles images...  (Y) ;)

Franck


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Cedric68 le 03 Juin 2016 à 09:17:50
Encore une mise à jour de très haut niveau. Merci

(concernant la photo 90, tu voulais dire tourterelle au lieu d'hirondelle je présume  ;) )


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: vinnylove le 03 Juin 2016 à 10:28:24
Quelle diversité !
Bravo pour les photos  (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: gégé red léo le 03 Juin 2016 à 10:44:36

Que d' espèces différentes !

Bravo tout particulièrement pour les 2 espèces de guêpiers, pour les spatules en vol et pour le coliou



Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: samapi le 03 Juin 2016 à 12:09:37
Que d' espèces différentes !
Bravo tout particulièrement pour les 2 espèces de guêpiers, pour les spatules en vol et pour le coliou
Je bisse. La talève d'allen et l'engoulevent en 105 sont cools également  (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 03 Juin 2016 à 12:13:23
Pour moi se sera évidement la marouette de Baillon et l'engoulevent  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Floflo le 03 Juin 2016 à 14:07:51
eh ben! quelle mise à jour fort bien documentée et surtout avec de belles photos bien piquées
perso l'engoulevent à longue queue m'a beaucoup plus et bien sûr les jolies guépiers
je ne connaissais pas l'existence de la marouette de Baillon mais je comprends que tu as du être content de l'avoir "coché"
quand à la présence des zébus... j'ai l'impression d'entendre toujours la même chose quelque soit l'endroit ou l'on se promène de part le monde et c'est bien triste  :(


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 03 Juin 2016 à 20:00:49
Encore une belle mise à jour avec une préférence pour le pririt du Sénégal
et la marouette qu'il fallait dégoter! Bravo
Les engoulevents à longue queue se rencontrent effectivement sous les petits arbres qui
bordent les étangs après l'observatoire. C'est toujours une belle rencontre (Y) (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 03 Juin 2016 à 22:05:01
Encore une mise à jour de très haut niveau. Merci

(concernant la photo 90, tu voulais dire tourterelle au lieu d'hirondelle je présume  ;) )

Effectivement !!! j'ai écrit un peu vite !!

Merci pour tous vos commentaires !


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: mosquito le 03 Juin 2016 à 22:16:25

 Un petit faible pour le pririt du Sénégal et son petit œil noir.
 Une belle lumiere pour la série des chevaliers, le Chevalier stagnatile (L).


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Laurent Renaud le 04 Juin 2016 à 08:15:56
Un reportage très pointu  (Y)   (Y)
et alors quelle diversité  "k"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: genir le 04 Juin 2016 à 10:54:45
Un reportage très pointu  (Y)   (Y)
et alors quelle diversité  "k"

je bisse


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 07 Juin 2016 à 18:53:22
Jeudi 24 décembre.

Ce matin, ils sont encore là. Au moins deux chanteurs d’engoulevents lancent leur ronronnement depuis différents perchoirs autour du camp. Les premières lueurs du jour apparaissent et cela va être l’heure pour eux de s’éclipser. L’oiseau le plus proche de nous s’envole pour rejoindre un autre poste de chant, le sommet d’un grand arbre, à l’extérieur du camp. On se rapproche. Il continue à chanter durant 2 minutes avant de s’envoler et glisser vers une zone de buissons hauts où après un virage serré il s’engouffre au pied d’une zone plus dense. Nous lui laissons quelques instants d’avance tandis que les habitants du village commencent à sortir de leur case. Approche en douceur et nous découvrons l’engoulevent au sol, au pied d’un buisson. On reconnait la même espèce d’engoulevent que celle déterminée hier dans le parc du Djoudj, c’est un longue queue. Nous nous éloignons afin qu’il entame sa journée de sommeil.

Nous quittons le camp et faisons nos adieux au parc du Djoudj non sans jeter un dernier coup d’œil aux mares devant l’entrée. Rien de plus que les jours précédents, il est temps pour nous de repartir vers la civilisation. Pas trop vite d’ailleurs car les 30 km de pistes avant de retrouver l’asphalte peuvent se révéler intéressantes. Nous avons vu lors de l’aller qu’il y a avait des mares, des roselières, des milieux de sansouires, des allées de tamaris, des rizières … qui offrent gîtes et couverts pour de nombreux oiseaux.

116-Coucal du Sénégal, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0959860001465318000-781151582.jpg)

117-Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0587730001465318027-781151582.jpg)

Nous effectuons de nombreux arrêts pour tâter le terrain en fonction des habitats qui nous paraissent favorables et après plusieurs essais un constat ressort … les oiseaux ne doivent pas encore être réveillés. Tout est bien calme. Les prospections dans les zones de buissons bas, dans les forêts, dans les haies … pas grand-chose ne bouge. Vers 8h00, enfin un peu d’activité. 2 Astrils cendrés dans des buissons au bord de la piste, quelques tisserins et guêpiers nains et de Perse.

118-Tisserin vitellin, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0339138001465318048-781151582.jpg)

119-Guêpier nain, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0308530001465318067-781151582.jpg)

120-Guêpier de Perse, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0331010001465318087-781151582.jpg)

121-Guêpier de Perse, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0116544001465318104-781151582.jpg)

Passage en vol de deux Pipits à gorge rousse … heureusement qu’ils ont eu la bonne idée de crier sinon, ils seraient restés indéterminés. Plus classique, l'observation de Coucals du Sénégal se chauffant au doux soleil du matin. Une mare avec une roselière permet de rencontrer davantage de vie. Sarcelles d’été, Aigrettes garzettes, Hérons crabiers ainsi que des Spatules. Plus discrète, une Talève sultane se faufile brièvement à découvert, le temps d’apercevoir ses belles couleurs bleues.On trouve aussi une mare de l’autre côté de la piste. Celle-ci est envahie de nénuphars et de Hérons crabiers. Ils sont une douzaine à chasser l’alevin ou la petite grenouille, chacun dans leur coin.

122-Crabier chevelu, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0637004001465318125-781151582.jpg)

Quelques kilomètres plus loin, nous tombons sur une Cigogne noire dans le même secteur qu’à l’aller. Elle passe en vol au dessus de nous et s’éloigne vers l’est.
Des milans cerclent à proximité, nous suivons les traces d’une charrette qui nous y conduisent et arrivons au bord d’un canal d’irrigation. Il y a bien quelques milans à bec jaune, sous-espèce du Milan noir, en vol mais il y en a aussi davantage posés sur la bute du canal.
A l’approche de notre voiture, ils s’éloignent quelque peu. Toutefois il suffit de patienter une paire de minutes pour voir les premiers se rapprocher. A contre jour dans un premier temps puis ensuite, leur instinct querelleur reprend le dessus et font fi de notre présence. Ils se pourchassent du bon côté de la lumière, parfait pour une séance photo.

123-Milan à bec jaune, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0158934001465318181-781151582.jpg)

124-Milan à bec jaune, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0995829001465318202-781151582.jpg)

125-Milan à bec jaune, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0337399001465318226-781151582.jpg)

Un groupe de Mouettes à tête grise se repose aussi à proximité et ce n’est que le passage d’un troupeau de zébus qui les contraindra à décoller.

126-Zébus, Pistes près du Djoudj
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0476796001465318257-781151582.jpg)

Le temps passe, il nous faut avancer. Des hésitations à certaines intersections mais c’est finalement sans encombre que nous regagnons la route goudronnée, direction Saint-Louis et la Langue de Barbarie !


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Mintou le 07 Juin 2016 à 20:48:03
Beaux guêpiers  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 07 Juin 2016 à 21:17:49
j'en redemande !

Quand j'étais allé là bas, j'avais trouvé les guêpiers de perse extrêmement farouches. Apparemment ceux que tu as rencontré étaient plus conciliants vu la proximité que vous avez eu  ;)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: mosquito le 07 Juin 2016 à 22:23:34

Beaux guêpiers  "w"

 (Y)  (Y) Oui vraiment très beaux ces guêpiers!



Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 08 Juin 2016 à 12:43:27
D'accord avec Robert pour les guepiers de Perse farouches alors que les "nains"
se laissent facilement approcher :o

De beaux milans pour finir (L)



Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Canis lupus le 08 Juin 2016 à 15:21:57
Les guêpiers  (Y) Et le crabier chevelu  (Y) Et le milan en vol  (Y) ...

Que du bon, tout ça  (L)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Cedric68 le 08 Juin 2016 à 20:38:58
Toujours aussi intéressant et varié. Merci


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 12 Juin 2016 à 14:21:38
Merci pour vos commentaires ! Visiblement on a eu pas mal de chance sur les guêpiers de Perse que l'on a observés de façon assez régulière et sans difficultés !

Continuons donc notre voyage. Jeudi 24 décembre 2015 Nous avons quitté le Djoudj. Retour vers St Louis où nous profitons du passage en ville pour refaire le plein de vivres et d'essence. A la sortie de la ville, nous prenons à droite et suivons la route vers la réserve de Guembeul.

Cette réserve privée de 7,6 km2 est une zone classée RAMSAR en raison du stationnement en fin d’hiver de plusieurs milliers d’Avocettes mais c’est aussi une zone où sont élevés, dans le but d’être réintroduits dans leur environnement, différentes espèces animales. Ici aussi les tarifs d’entrée applicables sont les mêmes que ceux des parcs nationaux du pays. 5000 FCFA par pers et 10 000 pour la voiture. Cher ! Quand on sait que la visite est obligatoirement guidée (prestation du guide en sus) et qu’elle ne prend qu’1h30. Pas moyen d’y rester seul à l’intérieur ou d’y pique niquer … Bref, nous acceptons de payer et entamons la visite avec le vétérinaire de la réserve (car le guide est absent aujourd’hui…). Passage par l’écomusée pour une explication du rôle de cette réserve et des principales espèces qui y sont élevées puis début de la visite avec les tortues. Des jeunes individus sont regroupées dans un enclos dédié tandis que les gros spécimens bénéficient de davantage d'espace. Toutes ces tortues appartiennent à la même espèce, la Tortue sillonnée aussi appelée Tortue de savane. Cette espèce est mine de rien la troisième plus grosse espèce de tortue terrestre au monde avec des mâles pouvant atteindre les 100 kg. Une spécificité anatomique est la forme de la carapace qui est aplatie. Autrefois commune au Sénégal, elle est devenue à présent très rare. Un programme de reproduction afin de réintroduire l’espèce dans la réserve de faune du Ferlo nord  (N-E du pays) a été entrepris avec la SOPTOM (l’association qui gère le village des tortues de Gonfaron dans le Var !). Le monde est petit !

127-Tortue sulcata, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0676207001465733485-781151582.jpg)

Sitôt sortis de l’enclos, un sifflement en provenance de la roue de la voiture nous intrigue. La roue perd de l’air. Une crevaison lente hier et maintenant une roue crevée, il est temps de faire quelques réparations. Retour à St Louis où l’on trouve facilement un réparateur au bord de la route. Pour 4000 FCFA, les réparations sont faites et l’on repart après 40 minutes avec une voiture en état. Comme il n’est pas possible de manger dans la réserve on s’arrête près de mares en bordure de route. Des Avocettes, des Barges à queue noire, Des Grands Gravelots, des Echasses, du Chevalier stagnatile …  s’alimentent ou se reposent ici en toute tranquillité. Une huppe passe en vol et se perd dans les jardins maraichers. Nous la suivons aux jumelles et découvrons un vol de plus de 100 Martinets des maisons tournoyant dans le ciel. Nous terminons notre repas en compagnie d'un Ecureuil terrestre du Sénégal puis retournons à la réserve de Guembeul où le personnel, regroupé sous une tonnelle, est en train de préparer le thé.

128-Écureuil terrestre du Sénégal
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0870209001465733542-781151582.jpg)
   
Nous sommes invités à le partager et en profitons pour en apprendre un peu plus sur la société sénégalaise. Une fois la tournée de thé au basilic, (original !) terminée, nous repartons sur la visite. Nous laissons les tortues et allons voir les Gazelles dorcas dans leurs enclos. Espèce des milieux désertiques et pré-désertiques, la Dorcas occupait aussi les zones sahéliennes du Sénégal d’où elle a disparu suite à une chasse intensive. Classée comme « Vulnérable » par l’UICN, l’espèce a été, après acclimatation à Guembeul, relâchée dans le Ferlo en 2009. En collaboration avec les habitants Peuls de la région, 23 individus y ont retrouvés leur liberté. Notre vétérinaire nous précise que les individus présents ici peuvent servir dans tout programme de réintroduction au Sénégal et dans les pays voisins.

129-Gazelle dorcas, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0598747001465733584-781151582.jpg)

Nous rejoignons à présent le grand étang de la réserve de Guembeul où se concentrent en février les oiseaux migrateurs lors de leur remontée vers l’Europe. Aujourd’hui, ils ne sont pas très nombreux. Il y a surtout des bécasseaux sur les vasières, environ 300, ainsi qu’un reposoir de 150 Avocettes.

130-Ilot de nidification, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0622660001465733613-781151582.jpg)

131-Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0444074001465733638-781151582.jpg)

Nous observerons aussi 3 balbuzards et 2 Goélands railleurs.

132-Balbuzard pêcheur, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0983292001465733663-781151582.jpg)

Dans les sansouires autour de l’étang, un groupe de Singes patas s’enfuit à notre approche mais deux jeunes individus décident de rester sur place et se camouflent derrière les salicornes nous permettant d’observer de près leurs visages mutins.

133-Singe patas, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0627700001465733687-781151582.jpg)

Autre espèce emblématique de cette réserve, l'Addax dont un adulte se tient près de l'étang. Il s'agit d'une espèce d’antilope relictuelle en voie de disparition, dont l’aire de répartition a fondu comme neige au soleil au cours des 50 dernières années. Adaptée aux rudes conditions des ergs sahariens, son aire de répartition couvrait les zones les plus arides allant de la Mauritanie au Soudan. Aujourd’hui il ne reste que de très petites populations isolées dans les zones les plus reculées du nord du Mali et au Niger, notamment dans la réserve naturelle nationale de l’Aïr et du Ténéré  (< 200 ind en 1991) … Cette espèce très farouche a subi, et continue de subir dans les zones non protégées, une importante pression de chasse. Il est à présent très rare de pouvoir l’observer dans la nature et la plupart des mentions proviennent d’observations indirectes, notamment de traces dans le sable. Capable de se déplacer sur de longues distances à la recherche de nouveaux pâturages, il arrive exceptionnellement que soient rapportées des observations dans son ancienne aire de répartition. Ainsi en 2007, des traces d’une quinzaine d’individus ont été relevées dans le nord de la Mauritanie à environ 220 km de la frontière avec le Sahara occidental marocain. Cela faisait plus de 25 ans qu’il n’y avait pas eu de données de cette espèce dans cette partie du Sahara … Nous sommes bien conscients que pouvoir observer de nos jours cette espèce est une réelle opportunité qui ne se présentera peut être plus jamais. C’est cette volonté qui nous a poussé à venir à Guembeul. Bien que ne bénéficiant que de faibles moyens financiers, le projet de sauvegarde de l’Addax à Guembeul offre une lueur d’espoir de pouvoir un jour réintroduire des individus dans le milieu naturel.

134-Addax, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0976168001465733712-781151582.jpg)

Nous terminons la visite de la réserve avec un troupeau d’Oryx algazelle, une autre  espèce des zones de semi-déserts herbeux où la pluviométrie ne dépasse pas les  350 mm par an. Toutefois si elle apprécie les zones désertiques, on ne la rencontre pas comme l’Addax dans les zones les plus arides. Jusqu’en 1960, l’Oryx était une espèce particulièrement abondante sur la bordure méridionale du Sahara. Ses effectifs ont chuté de manière drastique et officiellement l’espèce est éteinte en milieu naturel depuis les années 1980. Elle n’existe plus que dans des réserves fermées afin d'assurer leur reproduction, en Tunisie et au Maroc. Au Sénégal, l’espèce a été réintroduite dans la réserve de faune du Ferlo.

135-Oryx algalzelle, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0948868001465733738-781151582.jpg)
   
136-Oryx algalzelle, Réserve de Guembeul
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0136340001465733761-781151582.jpg)

En quittant la réserve, nous traversons des milieux de mangroves dégradés avec Courlis corlieux, Goélands railleurs et Pélicans gris. Moins fréquente, une Sterne hansel se repose sur un banc de sable alors que le ciel s’est à présent chargé de nuages gris.

137-Goélands railleurs et Pélican gris, Langue de Barbarie
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0114636001465733816-781151582.jpg)

138-Singe patas, Langue de Barbarie
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0455069001465733850-781151582.jpg)

Nous atteignons le Parc de la Langue de Barbarie et le camping de Zébrabar où nous avons réservé la nuit. La douche est appréciée puis nous prenons le temps d’observer sur le fleuve Sénégal qui s’écoule paisiblement au pied des bungalows. Quelques Sternes caspiennes, des Aigrettes des récifs et un lointain Balbuzard pêcheur viennent clôturer cette journée.

139-Langue de Barbarie
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0147984001465733885-781151582.jpg)

C’est en faisant le compte rendu de la journée que l’on se rend compte que nous sommes le 24, jour du réveillon de Noël. Plutôt qu’une soupe chinoise en guise de repas, nous décidons de profiter du restaurant et de sa terrasse. C’est la première fois que nous mangeons un 24 décembre à la belle étoile. Le repas sera excellent, avec pour plat principal une queue de lotte et sa sauce, le tout accompagné de pâtes …

Lundi 25 décembre

Le lendemain matin, c’est sur les bords du fleuve Sénégal que nous prenons le petit déjeuner avec face à nous la langue de Barbarie. Ce long cordon sableux s’étire sur environ 40 km, séparant le fleuve de l’océan Atlantique. Cet écosystème fragile en constante évolution est en équilibre précaire à la merci des humeurs du fleuve et de l’océan. Façonnée par les apports de sédiments, la ligne de rivage évolue de jour en jour. Aux phases d’accumulation de sable, succèdent des phases de « dégraissage » lorsqu’interviennent les crues du fleuve. La face intérieure de langue est alors attaquée. Côté océan, ce n’est pas mieux, la forte houle sévissant une bonne partie de l’année poursuit inlassablement son action d’érosion ouvrant lors des grosses tempêtes des brèches. Au fil des siècles, l’embouchure du fleuve a ainsi maintes fois changé d’emplacement. Cette zone côtière formée de longues plages de sable, balayée par les vents est restée inhospitalière pour l’Homme. La tranquillité du site associée à des eaux poissonneuses fait de la Langue de Barbarie un eldorado pour le Balbuzard pêcheur. Des dénombrements y sont régulièrement réalisés durant la période hivernale et justement hier, il y en a eu un. Bilan : 213 Balbuzards dans le parc. Un chiffre impressionnant qui fait du Sénégal l’une si ce n’est la principale zone d’hivernage pour les Balbuzards européens. La côte désertique s’étire bien au sud du parc jusqu’aux portes de Dakar, offrant de vastes habitats pour cette espèce. Des relevés réalisés au cœur de l’hiver ont permis d’y estimer à 3 000 le nombre d’individus. (Ornithondar, "PNLB, record de Balbuzards pêcheurs")

140-Courlis corlieu, Langue de Barbarie
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0893925001465733956-781151582.jpg)

Durant notre petit déjeuner, nous aurons moins de chance, seul un individu passera au loin tandis que nous parviennent le grondement des rouleaux de l’Atlantique. Un Courlis corlieu se nourrit sur les berges du fleuve au milieu des nombreux débris plastiques. Le décor est moins sympa que les paysages vierges de la toundra qui l’accueillent durant la saison de reproduction. Un pélican blanc fait une brève apparition, il remonte le fleuve peut être pour rejoindre ses congénères au Djoudj. Nous rejoignons notre emplacement de camping où nous attendent deux Cratéropes bruns et un Gonolek de Barbarie. Une magnifique coche que cette dernière espèce !

En quittant le camping, nous traversons une dernière fois les marigots de la Langue de Barbarie où se reposent Pélicans gris et Goélands railleurs. Le temps est toujours gris, nous avons de nombreux kilomètres à parcourir avant notre prochaine escale, la ville de Kaolack, nous ne tardons pas et commençons à rouler vers le sud.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Laurent Renaud le 12 Juin 2016 à 18:54:26

Quelle diversité  (Y)
Un plus pour les guêpiers de Perse  (L)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 13 Juin 2016 à 11:56:55
Belle excursion à Guembeul que j'avais hésité à faire :o
Il est vrai que la langue de Barbarie est un lieu exceptionnel en hiver
pour voir les balbuzards!

Les cratéropes et les gonoleks de Barbarie sont très souvent ensembles
et sont aussi bien présents en langue de Barbarie.

Vivement la suite...


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 13 Juin 2016 à 18:24:44
Belle suite avec de la variété. J'avais visité cette réserve de Guembeul en 2012, c'était assez décevant.  ;)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Floflo le 13 Juin 2016 à 22:57:49
ils sont beaux ces Oryx algalzelle et puis les petits Patas  (L)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 18 Juin 2016 à 20:37:11
Vendredi 25 décembre

C’est parti pour plus de 300 km de routes en direction de Koalack. Si à l’aller nous avions emprunté la N2, la route principale passant par Thiès, sur le retour, nous allons l’éviter et passer par l’intérieur du pays. Vers Thiès, et l’approche de Dakar, la circulation se fait plus dense notamment en poids lourds ce qui fait grandement réduire la vitesse et perdre beaucoup de temps. A Louga, nous faisons le plein d’essence puis obliquons vers l’est en direction de Dahra. Les Vautours recommencent à faire leur apparition dans le ciel alors que nous traversons des paysages marqués par le pâturage. Il doit y avoir davantage de charognes ici que dans les étendues sauvages du Djoudj. D’ailleurs, un animal écrasé au milieu de la route nous incite à faire demi-tour pour vérifier l’espèce.

Nous pensons à un lièvre mais non, c’est un renard. De très petite taille au pelage clair, c’est un Renard pâle. Essentiellement crépusculaire et nocturne, ce petit canidé n’est pas aisé à observer en pleine journée. La route sur laquelle nous sommes n’est pas particulièrement fréquentée en pleine journée mais les voitures que l’on croise roulent dans l’ensemble assez vite. La nuit, le passage de véhicules doit être encore moindre, pas de chance donc pour ce renard qui n’a pu éviter la collision. A Ourak, nous prenons à droite direction Touba. A peine le temps d’accélérer en sortie du village que nous repérons de nombreux vautours dans le ciel et d’autres beaucoup plus bas sur notre droite. Ils cerclent au dessus du champ voisin et s’approche de la route. Nous nous mettons sur le bas côté et profitons du spectacle des vautours survolant la voiture à seulement quelques mètres. De l’africain, du charognard, du Rüppell et toujours aussi impressionnant, l’oricou.

141-Vautour oricou près de Touba
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0409182001466274546-781151582.jpg)

142-Vautours fauve, oricou et africain près de Touba
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0756902001466274583-781151582.jpg)

Deux adultes longent l’asphalte et vont se poser à quelques centaines de mètres sur une curée. Des Vautours africains les rejoignent tandis que d’autres quittent l'attroupement. Nous approchons en douceur mais visiblement ce n’est pas nécessaire d’être aussi précautionneux car au passage d’une carriole, les vautours n’esquissent qu’un léger recul avant de se jeter à nouveau sur ce qu’il reste de cette jeune chèvre. Les oricous sont dominants sur la curée. A grand renfort de postures d’intimidation ils le font comprendre. Corps vouté, ailes écartées, une démarche avec des pas bien appuyés, le message est clair. Mais pour ceux qui ne comprennent pas la signification de ces postures, un bon coup de bec remet les pendules à l’heure.

143-Vautour oricou près de Touba
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0500326001466274612-781151582.jpg)

144-Vautour oricou près de Touba
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0906432001466274628-781151582.jpg)

145-Vautours fauve, oricou et africain près de Touba
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0452918001466274648-781151582.jpg)

Un à un les vautours quittent la place,  seul reste un petit groupe où nous reconnaissons un vautour fauve. C’est connu maintenant, une partie des  jeunes Vautours fauves espagnols traversent le détroit de Gibraltar en octobre-novembre avec un passage annuel estimée à environ 5 000 individus, 3 000 au pic de passage le 28 octobre 2015. Ces vautours se répartissent jusque dans les zones désertiques du Sahara et d’autres les traversent pour rejoindre le Sahel où ils côtoient les espèces africaines. Nous noterons deux fauves dans cette curée. Les deniers vautours prennent leur envol, seul reste un charognard qui tente de récupérer les ultimes et minuscules morceaux de chair encore accrochés à la peau qui gît dans la poussière. Équarrissage efficace garanti !

146-Vautours charognard près de Touba
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0949184001466274699-781151582.jpg)

147-Vautour africain près de Touba
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0374745001466274727-781151582.jpg)

Vers 13h, nous faisons un stop pour le repas. Il fait chaud, pas vraiment d’ombre accessible en bordure de la route, nous devons nous contenter de manger en plein soleil. Après le repas, petit tour dans les environs histoire de prendre un peu le pouls de cette brousse. Bonne idée car des petites surprises nous attendent. Dans les herbes hautes, un oiseau au corps noir luisant, à longue queue tenue à la verticale et à l’extrémité des rectrices blanches cherche sa pitance au sol. A bien y regarder, ils sont deux, c’est un couple d’Agrobate podobé. Une espèce que nous espérions voir car le seul endroit où l’espèce s’observe occasionnellement dans le paléarctique est la ville d’Eilat en Israël lors de la migration prénuptiale … Nos deux oiseaux fuient le soleil et restent à l’ombre des quelques arbres, pas moyen de faire une jolie photo.

148-Agrobate podobé, route pour Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0297433001466274778-781151582.jpg)

Des bribes d’un chant familier s’élèvent de l’arbre voisin. Un temps d’adaptation et nous pensons à la Fauvette orphée. Pour assurer notre détermination, nous faisons un petit affût et attendons de la voir se déplacer dans le feuillage. Heureusement pour nous, elle se montrera rapidement nous évitant une insolation !

149-Agame-des-colons-route pour Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0997551001466274802-781151582.jpg)

150-Paysages de brousse entre Touba et Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0982690001466274829-781151582.jpg)

Nous traversons la ville de Touba, ville sainte pour les sénégalais, centre sacré de la confrérie soufie, où vécu et travailla leur chef spirituel, Cheikh Amadou Bamba. Lors du Grand Magal, qui a lieu 48 jours après le nouvel an islamique, Dakar se vide et tous les bus convergent vers la ville sainte. Ce pèlerinage, où l'on célèbre le retour d'exil de Bamba en 1907, est devenu la manifestation la plus importante au Sénégal.

A l’approche de la ville de Kaolack, nous nous perdons dans une série de petites routes slalomant entre de majestueux Baobabs. On ne va pas se plaindre, la campagne est ici très jolie. Cerise sur le gâteau, sur l’un des Baobab, des Vautours africains ont installé leurs aires. Certains couvent tandis que d’autres dorment sur les branches voisines. La saison de reproduction est plus précoce qu’en Europe et certainement qu’elle s’étale sur une longue période de l’année.

Nous finissons par arriver à Kaolack qui nous a été vendue par les sénégalais du nord comme une ville où il n’y a que de la poussière et des moustiques… pas très engageant !   Nous avons-nous un objectif bien précis. Pour cela il nous faut traverser la ville, son marché, longer la zone des salins pour atteindre notre poste d’observation. Le passage crépusculaire des Faucons crécerellettes à déjà commencé. En un mouvement quasi continu, les oiseaux se suivent espacés d’une centaine de mètre sur un large front. Après une journée de chasse dans la brousse environnante, les oiseaux rejoignent le dortoir situé sur une ile du fleuve Saloum. Grégaire, le crécerellette recherche la sécurité du nombre pour passer la nuit. En un peu moins d’une heure, nous dénombrons 418 individus. Un beau chiffre, c’est la première fois que nous en voyons autant. Toutefois, la lumière est trop faible et les oiseaux passent trop haut pour pouvoir faire des photos. Les faucons ne sont pas les seuls à rejoindre les dortoirs, les Hérons gardeboeufs aussi se pressent par vols de plusieurs centaines, en longue file indienne s’étirant dans les dernières lueurs orange du soleil couchant. Derrière nous, au milieu d’une grande zone limoneuse dénudée, 5 Cigognes noires se rassemblent et s’apprêtent à y passer la nuit. Au loin, deux Hérons mélanocéphales poursuivent leur route en suivant les méandres du fleuve, ce sera notre seule observation de cette espèce du voyage. Un Chevalier culblanc s’envole en poussant une série de cris, c’est le signal,  il est temps de rejoindre notre hôtel en ville.

151-Hérons garde-boeufs, Kaolak
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0584870001466274885-781151582.jpg)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 18 Juin 2016 à 23:20:22
De belles observations de vautours malgré la lumière dure (Y) (Y)
L'agrobate podobé, je l'ai croisé au Djoudj mais trop furtivement pour le mettre en boîte!
Bravo pour la photo (Y) (Y) (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 19 Juin 2016 à 01:32:29
Encore une suite intéressante et des oiseaux qui réveillent des souvenirs  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Philippe.Hayart le 19 Juin 2016 à 18:01:55
Je viens de parcourir ce magnifique carnet avec beaucoup de plaisir !  (Y) (Y) (Y)
Bravo et merci pour le partage, ça donne des envies de voyages  :)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 21 Juin 2016 à 10:00:45
Matinées des Samedi 26, Dimanche 27 et Lundi 28 décembre
Durant trois jours, nous sommes restés sur Kaolack, cette grande ville de 200 000 habitants située à environ 190 km de Dakar. Stratégiquement positionnée, elle dispose d’un port encore très actif. Construit à l’époque coloniale par les français, il permet aujourd’hui encore de tirer des revenus de l’exportation de l’arachide et du sel. Le sel est une production locale puisque les salins sont situés au sud de la ville, sur les tannes du fleuve Saloum. Malgré l’éloignement avec l’océan (112 km), la production saunière de Kaolack est possible car l’eau du fleuve subit l’influence des marées de l’océan. L’eau salée gagne sur l’eau douce et remonte bien en amont de Kaolack. Cette « transgression marine » est favorisée par la baisse régulière du débit du fleuve à laquelle s’ajoute les années de sécheresse.La production de sel à Kaolack est une activité ancestrale. Les longues caravanes d’harratins (esclaves affranchis) quittaient la ville et s’enfonçaient vers l’intérieur de l’Afrique, amenant le sel vers le Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire… et ce, durant des siècles. Mais avec l’industrialisation de la production, ces caravanes  ont été peu à peu remplacées par un transport fluvial. Aujourd’hui, l’ensablement du fleuve limite aux seuls navires à faible tirant la possibilité de naviguer. Les choses évoluant, ce sont désormais les camions qui ont pris le relais.

152 - Les bords du Saloum à Kaolack
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Avant le lever du jour, nous nous positionnons à proximité de tables salantes artisanales en rive nord du fleuve. Les premières lueurs du jour apparaissent, c’est le signal d’envol pour les Faucons crécerellettes. Quittant leur dortoir sur une ile au milieu du fleuve, ils se dispersent dans toutes les directions. Nous sommes postés sur une zone de passage, un premier individu, suivi d’un deuxième survolent le paysage de tanne qui s’offre à perte de vue devant nous.

153 - Faucon crécerellette, Kaolack
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Ces deux oiseaux sont le prélude à un impressionnant passage de plusieurs centaines d’individus. En moins de 20 minutes, on dénombre un millier de crécerellettes. Jusqu’en 2007, on ne savait pas grand-chose des zones d’hivernage de ce petit faucon en Afrique. Enfin si, on savait que les populations d’Europe orientale et d’Asie allaient hiverner en Afrique australe dont l’Afrique du sud où d’importants dortoirs étaient connus. Quant aux populations d’Europe occidentales, cela restait un mystère. Durant deux hivers, des équipes d’ornithologues français ont patrouillé les zones sahéliennes du Niger, du Mali et du Sénégal et c’est en 2007 qu’ils ont découvert un important dortoir à proximité de la ville de Kaolack. Ils ont estimé à 28 000 le nombre de ces faucons ! Est-ce le seul ? Non car sur le site de Kaolack, on trouve essentiellement des oiseaux espagnols. Les Faucons crécerellettes français eux hivernent plutôt dans le sud-est de la Mauritanie et au Mali. Le récent programme de baguage et de pose d’émetteurs sur des oiseaux réintroduits en Bulgarie a montré de nouvelles zones d’hivernage au Tchad et au Niger. La présence d’autres dortoirs est une bonne nouvelle pour la survie de cette espèce sur ses quartiers d’hiver. Toutefois, en Europe comme en Afrique, les menaces sur la biodiversité sont permanentes. Un projet d’extension des salins de Kaolack en direction de l’ile servant de dortoir se précise … la pérennité de ce dernier pourrait être remise en question.

154 - Faucon crécerellette, Kaolack, Sénégal.
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Les Crécerellettes ne sont pas les seuls à aimer les criquets et à venir se réfugier sur cette ile durant la nuit. En ce début de jour, alors que le passage des sombres Crécerellettes s’estompe, apparaissent d’élégants oiseaux au blanc plumage. Le dos légèrement plus gris, deux taches carpales noires et une  longue queue profondément échancrée permettent d’identifier des Elanions nauclers.

155 - Elanion naucler, Kaolack
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156 - Elanion naucler, Kaolack
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Ce rapace strictement africain à l’écologie peu connue se reproduit sur l’ile en densité importante et durant l’hiver, ce même site leur sert de dortoir. Aux oiseaux locaux se rajoute alors un important contingent en provenance des régions environnantes. L’élanion est un migrateur partiel qui effectue des mouvements  saisonniers. Il remonte vers le sud du sahel pour se reproduire et redescend vers les zones soudanaises pour hiverner. Faucons et Elanions cohabitent sur les dortoirs alors que ces deux espèces se partagent les mêmes proies et sont donc en concurrence directe. Chez l’élanion, les orthoptères (55%) et les solifuges (43%) représentent l’essentiel de leur régime alimentaire hivernal. Les comptages effectués pour cette espèce au dortoir de Kaolack sont encore plus impressionnants que ceux des crécerellettes. Environ 31 000. Ce qui fait de ce dortoir une zone d’importance accueillant quasiment 60 000 rapaces ! Probablement l’un des plus gros dortoirs de rapaces au monde. Le pattern des départs matinaux de l’Elanion est différent de celui des Faucons. Si en moins de 40 minutes, le passage des Crécerellettes est terminé, et ce bien avant le lever du soleil, le passage des Elanions s’étire sur une grande partie de la matinée. Parfois seuls quelques oiseaux défilent de manière disparate puis soudain des groupes de plusieurs dizaines apparaissent sur l’horizon. En faisant un 90 degrés aux jumelles lors d’un rush, on a dénombré 342 individus. Le front de passage est large car que l’on regarde vers la droite ou vers la gauche il y a des oiseaux.

157 - Elanion naucler
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158 - Elanion naucler, Kaolack
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159 - Elanion naucler
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Le flux diminue petit à petit puis s‘éteint. Nous en profitons pour partir explorer le tanne. Quasiment pas de végétation dans ce paysage où les remontées salines affleurent. De temps en temps, des ilots permettent de gagner quelques décimètres d’altitude, suffisant pour faire diminuer la salinité et voir apparaitre une mini strate herbacée et accompagnée parfois de quelques buissons. Nous repérons au loin sur la rive du fleuve un Chacal du sénégal. Nous tentons d’approcher mais dans ces paysages plats, il est difficile de se dissimuler et lui aussi nous a repéré depuis longtemps.

160 - Chacal du Sénégal, Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0544462001466495593-781151582.jpg)

Craintif, il maintient constamment une distance de 400 mètres entre nous. Nous arrêtons d’avancer, il s’arrête aussi, surveille les environs puis finit par se coucher. Nous reprenons notre approche, il se relève immédiatement et s’éloigne définitivement en trottinant.

Un Milan à bec jaune bien moins farouche vole dans notre direction, nous passant à quelques mètres au dessus de la tête. Si nous avions été en France, le Milan noir aurait changé de cap depuis bien longtemps, mais ici au Sénégal, ces rapaces se sont habitués à vivre auprès des hommes et ne les craignent pas. Nous croisons son regard, il semble un peu surpris mais poursuit son chemin à la recherche de proies.

161 - Milan à bec jaune
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Parmi cette masse d’élanion, nous repérons un jeune. Il se distingue des adultes par une queue moins longue et moins fourchue mais surtout par l’absence des tâches carpales noires. Après réflexion et consultation de nos photos, c’est le deuxième juvénile que nous ayons identifié au cours des trois matinées passées ici à observer cette migration journalière. Surprenant, car nous n’avons pas pu passer au travers... quoique dans le nombre, il ne soit pas forcément facile de faire attention à la présence de ces fameuses tâches. Autre hypothèse, il y a peut être des dortoirs différents pour les adultes et les jeunes chez cette espèce ?

162 - Elanion naucler immature
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0171385001466495723-781151582.jpg)

Le soleil commence à jouer son rôle, les brumes de chaleur se font sentir, les courants thermiques se créent et le passage des Elanions gagne en altitude. Notre attention est attiré par un vol de Flamants nains. Les oiseaux survolent à plusieurs reprises  le fleuve, semblant indécis concernant la zone où atterrir. Leurs couleurs roses ne passent pas inaperçues dans cet univers des tannes où le blanc domine.

163 - Flamants nains
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La lumière est à présent trop vive, les yeux nous brulent, nous quittons le site et rejoignons la ville.
Les deux matins suivant, nous profiterons à nouveau de cette fabuleuse opportunité que de voir passer des Elanions et des Faucons crécerellettes parfois à moins de 2 mètres de nous. Les conditions lumineuses des deux jours suivants seront moins bonnes, ne nous permettant pas de faire de meilleures photos que celles prises lors du premier jour.  Mais le spectacle n’en restera pas moins exceptionnel ! Au max, nous aurons un millier de Faucons crécerellettes et 5 à 6 000 Elanions nauclers.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: langanes le 21 Juin 2016 à 11:24:56
Vos images sont splendides.
De plus il semble que vous savez de quoi vous parlez ;D

Patrick


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: gégé red léo le 21 Juin 2016 à 15:25:06

Beaucoup d' oiseaux

De beaux oiseaux pas courants

Et des belles photos

Que demander de plus !



Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 21 Juin 2016 à 17:19:37
J'ai visité ce site en 2012 mais on appelait cet endroit, l'île de Kousmar. C'est effectivement un endroit impressionnant où la quantité d'oiseaux de ces deux espèces d'oiseaux est assez impressionnante. Belles photos comme d'habitude  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Canis lupus le 21 Juin 2016 à 17:20:56
Vos images sont splendides.
De plus il semble que vous savez de quoi vous parlez ;D

Patrick

Oh que oui  ;) (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 24 Juin 2016 à 08:29:54
Samedi 26 décembre (après-midi)

Une fois la matinée passée à observer les Elanions nauclers et les Faucons crécerellettes quitter le dortoir, nous décidons de partir faire un tour en brousse à la recherche de leurs zones d’alimentation. Sur la carte, pas vraiment de route dans la zone que nous souhaitons prospecter. La route principale reliant Kaolack à Dakar est en pleine réfection. Les Bulldozers et les niveleuses sont en action tandis que sur la piste de délestage, les bus et les camions, roulant à vive allure, maintiennent en permanence un impressionnant nuage de poussière. Nous finissons par trouver un échappatoire avec une piste s’engageant vers le nord en direction du village de Dialo. Enfin nous sommes tranquilles et pouvons de nouveau nous servir de nos jumelles.

164 - Baobabs près de kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0590646001466749072-781151582.jpg)

Une première mare qui est en fait un abreuvoir pour le bétail offre une halte bienvenue. De nombreux petits oiseaux s’y concentrent. Perchés dans les arbres, ils attendent que les environs soient sûrs pour descendre prélever rapidement quelques gorgées d’eau avant de se réfugier à nouveau dans les buissons.

165 - Moineaux, alectos, choucadors près de kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0161153001466749108-781151582.jpg)

166 - Alecto à bec blanc près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0906149001466749144-781151582.jpg)

On y trouve des Cordons bleus, différents de ceux d’Afrique australe avec leurs joues rouges, des Alectos à bec blancs, qui a cette époque de l’année ont le bec noir, et des Moineaux gris et dorés. Ces derniers sont particulièrement beaux, enfin surtout les mâles avec leurs belles parures jaunes or ! Les femelles sont beaucoup plus quelconques.

167 - Cordonbleu à joues rouges près de kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0478413001466749175-781151582.jpg)

Nous nous éloignons de quelques centaines de mètres du village, et le milieu devient un peu plus sauvage. De grands Baobabs, sont disséminés dans le paysage ainsi que d’autres essences exotiques. Par endroit, le sol porte les traces d’une culture récente, céréales ou arachide. Ce milieu attire des Rolliers d’Abyssinie et de nombreuses tourterelles.

Afin de manger à l’abri de la chaleur, nous trouvons refuge sous un grand arbre au bord  de la piste. Pas le temps de dévorer nos sandwichs, des cris inconnus nous tirent à l’extérieur pour rechercher son auteur. Profitant des fleurs de notre arbre hôte, un Souimanga pygmée nous fascine avec son délicat plumage jaune et vert. Sans cesse en mouvement, il prospecte une à une les fleurs qui malheureusement pour nous se trouvent dans la partie haute de l’arbre … de plus le ciel s’est couvert, pas top pour les photos.

De passage rapide, une nouvelle espèce de guêpier fait une halte dans ce même arbre. C’est un Guêpier d’Orient au beau plumage vert. Ces observations nous motivent à laisser la voiture et partir faire « un bout de brousse ». Bien que la mi-journée ne soit pas le bon créneau, il y a de l’activité dans les buissons et dans les arbres. Les Pouillots de Bonelli, espèce nicheuse chez nous en France semblent particulièrement apprécier cet habitat et leurs petits cris se font régulièrement entendre de-ci delà. Plus discret, un Camaroptère à tête grise se déplace furtivement dans un buisson épineux. Il faudra de la patience pour arriver à l’avoir sur la carte mémoire !

Autre surprise paléarctique, un Circaète jean-le-blanc ne fait qu’un bref passage au dessus des grands Baobabs.

Quelques instants plus tard, ce sont des vautours africains qui empruntent le même trajet. Des cris sifflés au loin nous indiquent la direction à suivre. Nous tombons sur un petit groupe de Calaos à bec rouge ayant trouvé refuge dans un arbre avec une importante frondaison. Il y a de la vie à découvrir dans cette brousse pour peu que l’on prenne le temps de l’explorer. De retour vers la voiture, nous sommes gratifiés de l’observation d’un Rollier varié.

Nous reprenons la voiture pour nous enfoncer davantage dans ces paysages. A l’entrée d’un petit village, constitué de quelques cases, un Traquet brun est une nouvelle coche. Il chante depuis différents perchoirs, indifférent, alors que s’affaire une femme à quelques mètres de lui. En sortie du même village, sur quelques zébus errants, nous tombons sur deux grands oiseaux noirs au bec partiellement rouge. Ce n’est pas une espèce que nous avions remarquée sur le bouquin et il nous faut un peu de temps pour arriver à la l'identifier. En fait, c’est un corvidé et il répond au nom bizarre de Piapiac africain … Après vérification, ce nom provient de son cri grinçant, des séries de piac piac piac …

168 - Piapiac africain près de kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0643167001466749254-781151582.jpg)

169 - Piapiac africain près de kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0774528001466749279-781151582.jpg)

Nouvel arrêt et prospection d’une portion de brousse avec des champs où les récoltes ont déjà eu lieu. Sur le tronc d’un arbre, un écureuil arboricole à queue annelée s’enfuit à notre approche. C’est un Heliosciure de Gambie. Avec un peu de patience, il pointe à nouveau le bout de son nez à l’entrée de sa cavité.

170 - Heliosciure de Gambie vers Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0786048001466749316-781151582.jpg)

171 - Heliosciure de Gambie vers Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0850521001466749350-781151582.jpg)

Les champs environnants semblent le terrain de prédilection pour des Vanneaux à tête noire. Ils sont une douzaine à s’y alimenter et sont assez farouches. La encore, un peu de patience et ils se laissent photographier.

172 - Vanneau à tête noire près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0293735001466749382-781151582.jpg)

Nous terminons cette après midi près d’une nouvelle mare où se concentrent toutes les Tourterelles des environs. Maillées, vineuses, rieuses où d’Abyssinie, nous avons le choix et le temps pour détailler les subtilités de taille et de plumage.

173 - Tourterelle rieuse près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0939468001466749442-781151582.jpg)

174 - Tourterelle maillée près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0642457001466749469-781151582.jpg)

175 - Tourterelle pleureuse près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0469258001466749497-781151582.jpg)

176 - Tourtelette d'Abyssinie près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0426607001466749521-781151582.jpg)

177 - Tourterelle masquée près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0193217001466749546-781151582.jpg)

En quittant le site, deux Youyous du Sénégal nous survolent puis deux Perruches à collier. Cette visite en brousse a été très fructueuse et nous a permis de découvrir de nombreuses espèces typiquement sénégalaises.

178 - Pique-boeuf à bec jaune près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0431963001466749571-781151582.jpg)

179 - Village près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0885084001466749599-781151582.jpg)

180 - Rollier d'Abyssinie près de Kaolack
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0637283001466749624-781151582.jpg)

181 - Choucador à ventre roux, environs de Kaolack, Sénégal
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0988120001466749653-781151582.jpg)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 24 Juin 2016 à 11:59:21
Encore une belle suite et plein d'oiseaux sympas  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 26 Juin 2016 à 10:43:44
De belles coches encore avec ce vanneau à tête noire et le choucador à ventre roux
que j'avais aperçu de loin sans pouvoir les photographier (Y) (Y)
Un plus pour le piapiac juvenile en 169 "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 27 Juin 2016 à 11:03:18
Mardi 29 décembre

Nous voilà à Ndangane sur les rives du Sine Saloum. 7h30, nous sommes à l’heure sur les bords du fleuve alors que le village se réveille. Il faut patienter quelques minutes avant l’arrivée de notre piroguier ce que nous faisons en observant un couple de Souimanga à longue queue. Au programme, un long tour à travers les bolongs, ce dédale de chenaux ceinturant les nombreuses iles basses au milieu des 180 000 hectares du delta du Sine Saloum. De Ndangane, nous filerons vers la pointe de Djiffer située à l’embouchure du fleuve avant de remonter par l’intérieur du Delta en contournant l’ile de Mar lodge soit environ 10 heures de pirogue.

La lumière est belle ce matin et lorsque l’on longe les premiers bancs de limons affleurant où se reposent de nombreux oiseaux, nous en prenons plein les yeux. Des Goélands railleurs se sont rassemblés ici en compagnie de Sternes caspiennes. Les goélands sont en voix et l’on comprend d’où provient leur nom de railleurs. Pas vraiment farouches, nous effectuons deux passages pour d’une part les photographier et d’autre part, tenter de faire des lectures de bagues. Même si nos oiseaux français hivernent  essentiellement en Méditerranée, il n’est pas impossible que quelques individus aient pu rejoindre la côte atlantique en compagnie d’oiseaux espagnols et d’oiseaux sénégalais. Nous trouvons bien deux oiseaux bagués mais nous ne parviendrons pas à lire les bagues. Sur la vasière suivante, des Mouettes à tête grise se sont jointes aux Aigrettes des récifs et aux Pélicans gris.

182 - Mouette à tête grise, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0288566001467016828-781151582.jpg)

183 - Goéland railleur, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0862970001467016848-781151582.jpg)

184 - Goélands railleurs, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0298878001467016872-781151582.jpg)

185 - Goélands railleurs, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0565529001467016892-781151582.jpg)

186 - Pélican gris et Sternes caspiennes, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0485747001467016913-781151582.jpg)

Nous descendons lentement le fleuve, des Cormorans africains s’envolent des palétuviers, ces arbres amphibies capables de se développer à la fois les racines dans l’eau et de supporter des phases d’à secs. Pour pouvoir croître dans cet écosystème littoral où les contraintes environnementales sont difficiles, l’espèce a dû développer des adaptations  physiologiques afin de pourvoir notamment résister à la présence de sel. Pression osmotique élevée, glandes excrétrices de sel, revêtement des feuilles épais limitant l’évapotranspiration, tout est fait pour que le végétal puisse conserver aux maximum l’eau douce et expulser le sel. Le palétuvier est à la base de cet écosystème de mangrove, un milieu riche en espèces de poissons pour lesquels il sert de nurserie, de site de nourrissage, de refuge… Les oiseaux sont aussi bien représentés avec de nombreuses espèces piscivores appartenant aux groupes des sternes, des pélicans, des ardéidés …

187 - Mangroves du Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0978726001467016986-781151582.jpg)

Les sédiments fluviatiles transportés se déposent dans le delta donnant des hauts fonds dans certains bolongs qu’il convient de connaitre afin éviter de s’y échouer. A marée basse, Ces hauts fonds sont exondés et servent de reposoirs à différentes espèces d’oiseaux en leur offrant la tranquillité nécessaire. D’autres les colonisent afin de profiter de la manne alimentaire. Les sédiments gorgés d’eau accueillent une importante malacofaune et de belles densités d’annelides. Espèce prédatrice par excellente de ces deux groupes d’invertébrés, le Courlis corlieu que l’on voit déambuler, sondant de son long bec les sédiments à la recherche de ses proies.

188 - Courlis corlieu, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0884828001467017051-781151582.jpg)

Sur les bords des bolongs, au pied des palétuviers, ces mêmes oiseaux recherchent les crabes violonistes. Dans une petite anse, un imposant  Héron goliath se tient à l’agachon. Il sait se montrer patient et attendre qu’un imprudent poisson passe à proximité. Le passage de  notre pirogue ne semble pas le déranger, ici l’espèce semble bien moins craintive qu’en d'autres terres africaines...

189 - Héron goliath, Sine Saloum
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Nous en croiserons 5 autres durant la balade.

190 - Héron goliath, Sine Saloum
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Rencontre  avec un groupe lâche de Sternes caspiennes rejoignant un reposoir. Les adultes sont pour certains encore accompagnés de leur jeune de l’été dernier. Plus loin encore un groupe de Goélands railleurs et surprise, au milieu, se trouve un Goéland d’Audouin, un bel adulte qui ne tarde pas à s’envoler. Cette espèce atteint quasiment ici sa limite sud d’hivernage sur le littoral atlantique.

191 - Sterne caugek, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0266691001467017220-781151582.jpg)

192 - Sterne caugek, Sine Saloum
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193 - Sterne caspienne, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0778887001467017137-781151582.jpg)
   
194 - Sterne caspienne, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0130679001467017158-781151582.jpg)

195 - Sterne caspienne
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196 - Goéland d'Audouin, Sine Saloum
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197 - Goéland d'Audouin, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0512027001467017329-781151582.jpg)

Dans cette portion reculée du delta, les racines aériennes des palétuviers sont colonisées par des huîtres. Près des villages, la pression de cueillette, réalisée par les femmes, est à l'origine d'une régression des effectifs et met en danger cette espèce. Consommée séchée ou bouillie, il faut donc du bois et c’est celui des palétuviers qui est utilisé, mettant en péril l’hôte de l'huître. Des projets en partenariat avec des ostréiculteurs français ont été mis en place récemment afin de tenter d'orienter les populations vers l'élevage plutôt que la cueillette. Une chance pour la sauvegarde de cet écosystème de mangrove.

198 - Récolte des huîtres dans le delta du Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0406123001467017370-781151582.jpg)

Un vol de Pélicans gris, d’autres posés sur l’eau, le delta accueille une population reproductrice d’environ 4000 couples. En période hivernale, l’espèce est dispersée et sur le delta, nous n’en verrons que quelques dizaines.

199 - Pélican gris, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0633477001467017398-781151582.jpg)

200 - Pélicans gris, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0035910001467017422-781151582.jpg)

Vers 10h, nous mettons le pied sur le sable de la plage du village de Djiffer. Devant nous, alignées les unes à côtés des autres, les pirogues colorés des pêcheurs qui aujourd’hui ne sont pas partis en mer. A peine amarrés, qu'un gars vient nous voir pour nous faire payer le stationnement de notre pirogue sur la plage … même ici, on n’est pas tranquille. Nous ne sommes pas directement concernés, c’est notre piroguier qui gère mais cela donne l’impression que chacun cherche à tirer profit de la présence de touristes en instaurant des taxes … sous les yeux amusés de Mouettes à tête grise.

201 - Mouettes à tête grise et Sterne caugek, Djiffer, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0029822001467017447-781151582.jpg)
   
202 - Djiffer, Sine Saloum
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Une forte odeur règne sur la plage. Dès que l’on s’enfonce derrière les pirogues, on comprend l’origine. Sur des étals, en plein soleil, sèchent poissons divers et mollusques. Un en particulier, le yet ou « camembert de mer » répondant au nom latin de Cymbium olla. Une fois la coquille cassée, le mollusque est enfoui plusieurs jours dans le sable pour faisander avant d’être lavé à l’eau de mer puis exposé au soleil afin de sécher soit en en entier soit découpé. Il possède une odeur assez forte et tient une place importante dans la cuisine sénégalaise, notamment dans le thiéboudiène, plat national par excellence qu’il parfume et relève … Les quantités pêchées de ce mollusque sont assez impressionnantes quand on regarde les monticules de coquilles qui s’amoncellent sur l’arrière plage.

203 - Yet ou Camembert de mer, Djiffer, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0891095001467017626-781151582.jpg)

Si nous avons fait un arrêt ici, ce n’est pas pour faire la visite du séchoir de Djiffer, quoique très instructive. Nous attendons le retour des pêcheurs afin d’acheter du poisson frais et non pas celui qui est stocké depuis plusieurs jours dans de vieux congélateurs qui ne sont même pas branchés … Pendant notre attente sur la plage, nous profitons du ballet des Sternes royales qui font d’incessants allers-retours le long du rivage, attendant que les entrailles des poissons fraîchement arrivés soient jetées à la mer. Malheureusement pour nous, elles sont à contre-jour.

204 - Djiffer, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0934681001467017664-781151582.jpg)

Nos 3 Barracudas achetés, nous reprenons le large. Le vent s’est levé et les vagues aussi. Nous prenons des projections d’eau et juste avant de rentrer le matos photo, un balbuzard pêcheur transportant son poisson nous survole.

205 - Balbuzard pêcheur, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0039253001467017685-781151582.jpg)

Notre piroguier nous indique deux îles en limite du delta et de l’océan. Il y a quelques années, elles n’étaient pas des îles mais constituaient l’extrémité sableuse de l’isthme de Djiffer. Les assauts de l’océan lors d’une tempête ont eu raison de ce fragile cordon sableux en ouvrant une brèche qui s’est agrandit au fil du temps donnant naissance à ces deux îles. Atterrissement lié aux apports de sédiments par le Sine Saloum et érosion maritime s’affrontent ici en un combat que l’océan semble gagner.

Notre piroguier nous trouve une petite plage abritée du vent sur une ile isolée. Pendant qu’il nous prépare le repas (nettoyage des barracudas, épluchage des oignons, cuisson à la braise) nous faisons un petit tour sur l’ile qui se révèle assez calme. A notre retour, il nous présente un énorme plat avec un Yassa de poisson. Tout simplement un pur délice !

L’après midi sur les bolongs sera bien plus calme, nous parlons de mariage, d'émigration, de salaire, de famille... et apprenons qu'ici à l'occasion des lamantins sont pêchés accidentellement mais qu'il est difficile de les voir. Les dauphins en revanche s'observent assez régulièrement dans le delta où ils chassent les poissons. Il fait chaud, nous nous réfugions sous la tonnelle de notre pirogue et les oiseaux eux, à l’ombre des palétuviers comme ces Aigrettes des récifs ou ces Aigrettes ardoisés. Nous en profitons pour former nos deux piroguiers sur l'identification des espèces et ils semblent très intéressés. Nous ne coupons pas au rituel des 3 thés, le premier amer comme la Mort, le deuxième doux comme la Vie et le troisième sucré comme l'Amour.

206 - Aigrette des récifs, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0586927001467017749-781151582.jpg)

207 - Aigrette des récifs, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0944822001467017772-781151582.jpg)

208 - Aigrette ardoisée, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0395763001467017798-781151582.jpg)

209 - Aigrettes ardoisées, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0888410001467017817-781151582.jpg)

210 - Aigrette ardoisée, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0834762001467017839-781151582.jpg)

211 - Aigrettes ardoisées, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0586943001467017861-781151582.jpg)

212 - Aigrette ardoisée, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0774123001467017881-781151582.jpg)

Escale dans un petit village du delta pour faire un tour avec une toute petite pirogue en plein cœur d’une mangrove. Pas vraiment d’oiseaux mais petit tour agréable tout en pagayant.

Avec l’approche de la fin de l’après midi, les oiseaux s’activent à nouveau. Nous prenons plaisir à observer des Pélicans blancs sur une vasière en compagnie de Dendrocygnes veufs.

213 - Pélicans blancs, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0689865001467017929-781151582.jpg)

214 - Pélicans blancs, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0829696001467017960-781151582.jpg)

Dans un bolong étroit, un couple d’Alcyons-pies se tient perché près d’un talus. Au final très peu de contact avec cette espèce qui se révèle bien moins présente ici que dans le Djoudj. Peut être le manque de talus propice à la nidification !

215 - Alcyon pie, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0186797001467017988-781151582.jpg)

216 - Héron cendré, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0656998001467018023-781151582.jpg)

217 - Ndangane, Sine Saloum
(http://photo.colorsofwildlife.net/201606-0027908001467018053-781151582.jpg)

Retour au village d’Ndangane vers 18h.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 27 Juin 2016 à 13:17:32
Très belle suite qui réveille une fois de plus d'excellents souvenirs.  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 01 Juillet 2016 à 14:14:19
D'accord avec Robert (L)
Jolis plans serrés de l'aigrette ardoisée (Y) (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: samapi le 01 Juillet 2016 à 17:47:31
Intéressante cette Réserve de Guembeul avec des espèces d'antilopes rares  (Y)
Superbes photos d'Elanion naucler  (L) et une découverte pour moi avec cette aigrette ardoisée  :)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: sophie83 le 07 Juillet 2016 à 15:52:33
Dernière escale de notre périple au Sénégal
Samedi 02 janvier 2016
C’est le jour de notre départ, en effet après 15 jours de voyage à travers le pays, il est malheureusement temps de rentrer en France. Pour cette dernière journée, nous avions réservé à l’avance une sortie sur les iles de Dakar. Si la plupart des touristes vont visiter l’Ile de Gorée pour son histoire dans la traite des esclaves, nous, nous avons choisi les Iles de la Madeleine. Havre de quiétude et de nature, ce petit archipel constitué de deux iles se trouve à quelques encablures de la côte (3,6 km pour être précis). C’est l’un des plus petits parcs marins au monde puisqu’il ne couvre que 45 ha, terre et eau comprises. Erigées au statut de parc national en 1976, la prise de conscience de la richesse de ces iles est antérieure car dès 1949 elles ont été classées en réserve. Les premiers inventaires datent de 1749 avec le botaniste français Michel Adamson puis bien plus tard, complétés par d’autres naturalistes dont Théodore Monod qui y fera une escale en 1938. Celui-ci s’intéressera aussi aux restes de présence humaine …

218 - Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0150114001467898750-781151582.jpg)

A ce jour, 110 espèces végétales ont été dénombrées sur ces bouts de roches basaltiques jetés dans l’océan. Anciennement, ces iles étaient appelées "Iles aux oiseaux", du fait du grand nombre d’oiseaux marins qui s’y reproduisaient. La sécurité qu’offre l’éloignement de la côte vis-à-vis des prédateurs, la richesse des eaux en poissons et la particularité d’être les seules iles rocheuses proches de la côte au sud du Sahara expliquent cette fréquentation en nombre. Si aujourd’hui les effectifs reproducteurs n’ont plus rien à voir avec le passé, c’est en raison des activités humaines (militaires, agricoles, construction d’un lazaret…) qui s’y sont développées au gré du temps. Le classement en parc national a eu un effet bénéfique en permettant une recolonisation par les différentes espèces d’oiseaux.
Nous avons rendez-vous ce matin à 8h30 dans les locaux du parc. Ceux-ci se trouvent dans une petite anse sur la corniche de Dakar. Nous sommes surpris de trouver les portes closes. En insistant un peu, un garde endormi sur le canapé se lève, s'habille et vient nous ouvrir ! Ça commence bien. Nous lui expliquons que nous avons appelé il y a 3 semaines pour réserver une sortie sur l’ile et que celle-ci était prévue en début de matinée. Il fait la moue, et nous indique que ce n'est pas possible, il n’y a aucun piroguier de disponible … Après de longues minutes, il se décide à en appeler un … Verdict, il y a de la houle et la marée n’est pas bonne pour accoster. Il faut attendre jusqu’à midi pour voir si la traversée est possible. Nous errons sur la corniche en attendant l’heure puis revenons attendre dans les locaux, regardant un mauvais film de série b.

Vers 13 heures, enfin, le signal du départ est donné. Le ponton permettant d’accéder à la pirogue est rudimentaire et malgré l’abri de la baie, il y a des vagues. Nous ne sommes qu’une petite dizaine à embarquer. Dès que l’on quitte la baie, la houle venant du nord nous fait faire les montagnes russes. Un coup on voit les iles, un coup on ne les voit plus. Mais les rouleaux vers lesquels nous nous dirigeons ne nous font pas rigoler. Ils sont impressionnants lorsqu'ils s'écrasent trois mètres plus bas. On se dit que les piroguiers devaient avoir leurs raisons pour ne pas s’y aventurer plus tôt. D’ailleurs ils n’ont pas l’air d’être d’accord entre eux pour savoir quelle trajectoire suivre pour attendre l’ile sereinement ! Nous on est plutôt d’accord avec celui qui est à la barre derrière nous. Il propose d’obliquer par le sud pour contourner l’ile tout en évitant les grosses vagues et le gros navire échoué …. Bingo, c’est lui qui a le dernier mot. Cette déviation nous permet de nous rapprocher d’une balise où sont perchés deux oiseaux. Le mouvement de la houle et la distance rendent difficile leur identificatio aux jumelles. On fait une photo rapide avec le petit appareil, la détermination se fera plus tard devant l’écran de l’ordinateur. Et bien, il s’agit de deux Fous bruns, seul contact avec cette espèce lors de notre voyage … une coche non cochée …

219 - Fous bruns, Ile de la Madeleine
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Nous longeons les falaises ouest de l’ile hautes d’environ 30 mètres et constituées de prismes (ou orgues) basaltiques trahissant son origine volcanique. Les iles de N’Gor, de Gorée et de la Madeleine tout comme la presqu’ile du Cap Vert (l’avancée où est construite Dakar) sont le résultat d’une activité volcanique datant du Miocène (entre 5 et 23 millions d’années). L’ile principale de l’archipel de la Madeleine est d’un point de vue géologique atypique en raison de la nature de la prismation basaltique que l’on y rencontre. Côté ouest de l’ile on trouve des prismes basaltiques « classiques » verticaux, de gros diamètres ayant été formés à l’interface entre la couche de lave et l’air environnant plus froid.

220 - Ile de la Madeleine
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Mais dans d’autres parties de l’ile, les prismes basaltiques que l’on rencontre sont horizontaux, plus fins, de longueurs comprises entre 50 et 80 m mais surtout courbes à leurs extrémités. En 1953, le géologue Marcel Combier décrivait l’ile principale en ces termes «Le Sud de l'île est divisé en secteurs d'une trentaine de mètres de hauteur, séparés par de profondes coupures au fond desquelles gronde la mer. Des gerbes de colonnes basaltiques d'axe courbe mais quasi horizontal paraissent se jeter l'une contre l'autre. On croirait saisi -depuis longtemps figé- le mouvement même des laves qui jaillissaient de la profondeur et se rencontraient en chocs gigantesques. À l'extrémité Sud de l'île, inaccessible, l'axe des colonnes se relève jusqu'à la verticale et dessine une arche naturelle entourée d'écume ».(1) Ce type de structure prismatique en « arcs », dont la genèse n’est pas encore expliquée, est extrêmement rare sur la planète.

221 - Ile de la Madeleine
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Au fond de la petite crique de St Hubert, que nous traversons doucement, se trouve le débarcadère. La houle du large se fait encore partiellement sentir et de belles vagues pénètrent jusque sur la plage de gros galets noirs. Les eaux n’étant pas profondes, il faut relever le moteur nous laissant ainsi à la merci des vagues qui nous chahutent. Des piroguiers se jettent à l’eau pour stabiliser l’embarcation et nous amarrer non sans mal. Le débarquement se fait rapidement. Une fois sur la terre ferme, on peut souffler.

222 - Ile de la Madeleine
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Réunis près du seul palmier de l’ile, le guide débute sa présentation. Il explique l’absence de colonisation par l’Homme en raison de la présence des génies protecteurs. Ceux-ci jetèrent des pierres et des boules de feu sur les premiers Lébou qui tentèrent de s’installer ici au XVIème siècle … Théodore Monod trouva des tessons de poteries, des débris de coquilles et des os longs de mammifères mettant en évidence une colonisation proto-historique mais aussi préhistorique de l’ile principale. Malgré toutes ces tentatives de colonisation, l’ile reste vierge de toute construction aboutie. Nous grimpons sur le plateau pour débuter la balade qui nous emmènera faire le tour des 17ha de l’ile. En cette saison sèche, deux couleurs dominent, le jaune de la végétation et l’ocre du sol.

223 - Ile de la Madeleine
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Nous passons à proximité d’une colonie de Cormorans à poitrine blanche installée sur les falaises. Modérément confiants, les oiseaux se reposant sur le haut de la falaise décollent à notre passage le long du sentier, seuls restent les oiseaux couvant en contrebas.

224 - Colonie de Cormoran à poitrine blanche sur l'le de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0782294001467899030-781151582.jpg)

225 - Colonie de Cormoran à poitrine blanche sur l'le de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0886727001467899103-781151582.jpg)

Au sud-est de l’ile, nous empruntons entre des blocs de basalte un petit sentier descendant en direction de la plage à proximité de laquelle gît un gros bateau. C’est l’Almadraba Uno, un thonier espagnol qui est venu s’échouer sur un haut fond en août 2013. Depuis le bord de mer, nous constatons que des chiffres ont été peints sur les blocs de granite. Nous sommes sur l’un des trois secteurs où l’oiseau emblématique des Iles de la Madeleine se reproduit, le Phaéton à bec rouge.

226 - Colonie de Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0472109001467899135-781151582.jpg)

Derrière certains de ces blocs, des femelles sont en train de couver l’œuf unique qu’elles ont pondu. La période de reproduction s’étale sur plusieurs mois, débutant à partir du mois de décembre et se terminant vers juin. Selon les années le nombre de couples oscille entre 20 et 40. Il semble que cette année nous soyons dans la fourchette haute. Notre guide grimpe dans les blocs rocheux, inspecte quelques terriers et nous invite à venir découvrir un oiseau en train de couver. Coup d’œil rapide, deux photos puis nous nous éloignons pour ne pas gêner l’oiseau. L’objectif de notre sortie sur les iles est atteint, nous avons réussi à voir cette magnifique espèce d’affinité tropicale. Il y a quelques années, nous avions échoué dans notre tentative de l’observer sur les côtes indiennes de la péninsule arabique. Nous étions trop tard en saison !

227 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0983304001467899161-781151582.jpg)

Il existe trois espèces de Phaéton à travers le monde. La Phaéton à brins rouges, le phaéton à bec jaune et le bec rouge. Ce sont de grands oiseaux pélagiques, élégants avec leur long prolongement caudal qui permet de doubler la taille de l’oiseau. Ils passent l’essentiel de leur vie à voler au dessus des océans qu’ils soient Pacifique, Atlantique ou Indien. L’aire de répartition du Phaéton à bec rouge recouvre partiellement les eaux tropicales de ces trois océans. Ce n’est qu’en période de reproduction qu’ils reviennent près des côtes et notamment celles des iles rocheuses pour y pondre. L’espèce se rencontre sur certaines iles des Caraïbes, sur la côte ouest du Mexique, sur les iles Galapagos, sur les côtes rocheuses d’Oman ainsi que sur les Iles du Cap vert et sur le seul site du Sénégal, les Iles de la Madeleine. Depuis début 2015, un projet de monitoring à l’aide de balises GPS se met en place sur les oiseaux sénégalais afin d’en connaitre davantage sur leur écologie. Quelles sont leurs zones d’alimentation durant la période de reproduction ? Et hors période, où vont-ils ? Quels sont les interactions avec les pêcheries industrielles ? Ce projet de suivi s’inscrit dans un cadre plus vaste, dénommé « Alcyon » (2) qui met en relation différents projets menés sur l’avifaune marine et se déroulant dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest (Mauritanie, Sénégal, Iles du Cap vert…). Ces programmes cherchent à connaitre les besoins alimentaires ainsi que les zones fréquentées par les Sternes royales, caugeks, caspiennes, les Puffins du Cap-Vert, les Fous de Bassan, les Goélands d’Audouin afin d’identifier les ZICO (Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux) marines et de proposer des mesures de protection. Ces eaux possèdent une importante ichtyofaune attirant de grandes quantités d’oiseaux marins. On estime que c’est ici que se trouvent les plus grandes concentrations de Fous de Bassan au monde. Environ 30% de la population mondiale hivernerait dans les eaux au large de la Mauritanie. Cette richesse attire d’autres prédateurs beaucoup plus redoutables, des flottilles de bateaux de pêche industrielle. En échange d’aide au développement, Les navires chinois ont accès aux eaux territoriales mauritaniennes et pêchent sans limite puisqu’il n’y a aucun quota et très peu de moyens de vérification de la part des autorités. Le chalutage, les filets dérivants, les palangres écument ces eaux naturellement riches. En 2013 lors d’un contrôle d’un cargo chinois, il y avait dans ses cales des poissons mais aussi des Fous de Bassan plumés et congelés … Il y a donc en mer un braconnage sur les oiseaux marins protégés qui sont capturés à l’aide des filets ! A ces menaces viennent se rajouter les menaces émergentes que sont l'exploration du pétrole et du gaz au large des côtes sénégalaises ...

Sur le deuxième secteur de l’ile, le guide nous indique un endroit où nous pouvons nous installer pour observer les Phaétons sans les déranger. Postés sur un petit promontoire rocheux, nous surplombons les flots et les vagues qui viennent s’écraser en contrebas.

Le soleil, certes bien voilé pour le moment, est dans notre dos, il n'y a plus qu’à attendre les oiseaux. Habituellement, les femelles couvent tandis que les mâles sont en mer toute la journée et ne reviennent que vers 16h. Ils peuvent s’éloigner jusqu’à 50 km de la colonie pour aller trouver les poissons volants dont ils raffolent. Vers 14h, un bel adulte fait un passage un peu lointain. 30 min plus tard, le même oiseau nous gratifie d’observations plus rapprochées, il tente à maintes reprises de rejoindre une cavité sans y parvenir. Il passe à proximité de notre poste d’observation mais la lumière est vraiment insuffisante pour faire de beaux clichés. Vers 15h, l’activité augmente, deux oiseaux tournoient autour des falaises. Le soleil fait son apparition mais immédiatement les brumes de chaleur sont là !

228 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0570007001467899202-781151582.jpg)

229 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0560534001467899224-781151582.jpg)

230 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0733107001467899241-781151582.jpg)

231 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0553420001467899259-781151582.jpg)

232 - Phaéton à bec rouge, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0038680001467899284-781151582.jpg)

Vers 16h, on dénombre 5 oiseaux survolant de leur vol léger l’écume des vagues se fracassant contre les falaises. C’est à ce moment là que le guide revient nous chercher. Il est l’heure de quitter l’ile. Nous faisons nos dernières photos des oiseaux alors que la lumière commence à peine à être belle ! Nous rejoignons le plateau pour rendre visite au vénérable, le plus vieux et le plus impressionnant des 68 Baobabs nains que comporte l’ile. Soumis à de rudes conditions climatiques et notamment aux fortes tempêtes venant de l’Atlantique, ces arbres se sont adaptés. Le tronc est puissant et les branches ne s’élèvent pas au dessus des 4 à 5 m de haut.

233 - Baobab nain, Ile de la Madeleine
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0109268001467899373-781151582.jpg)

Le sentier nous ramène près de l’embarcadère où nous attend le reste du groupe. Quelques minutes à patienter en observant les cormorans qui se baignent dans la crique puis la pirogue arrive. Retour vers Dakar avec un océan qui s’est quelque peu assagi. Nous croisons un pêcheur, bien esseulé sur sa frêle pirogue, remontant à la main sa ligne.

234 - Pêcheur à Dakar
(http://photo.colorsofwildlife.net/201607-0806002001467899397-781151582.jpg)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: petit-robert le 07 Juillet 2016 à 22:13:21
Magnifique mise à jour avec des oiseaux rares et des explications très complètes, merci  (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: samapi le 08 Juillet 2016 à 17:52:58
Ils sont superbes ces phaétons à bec rouge (L) (L) très belles prises en 230-232  (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Cedric68 le 11 Juillet 2016 à 21:22:24
Des mises à jours toujours aussi passionnantes et magnifiquement illustrées. Merci.


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: MERLE le 12 Juillet 2016 à 10:58:17
Toujours une grande qualité de textes "k"
Les phaétons volent vitent, pas faciles à saisir (Y) (Y)


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: ojeff le 12 Juillet 2016 à 11:53:06
Un carnet riche en photos et en informations. Bravo pour le temps passé et le sérieux de la présentation. Les Phaétons sont superbes !
Jérôme


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: PAKA le 14 Juillet 2016 à 09:56:23
Merci pour ce très beau reportage et la diversité des observations.
J'espère avoir la chance d'en voir autant lorsque j'y serais dans quelques mois ; sauf le phaéton puisque La Madeleine n'est pas prévue au programme ; je ne connaissais pas cet oiseau alors merci de me l'avoir fait découvrir ; superbe  "w"


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: Floflo le 14 Juillet 2016 à 13:35:34
superbes ces phaétons en vol  "w"... et pas facile de les choper au nid bien cachés dans les roches
merci pour le partage  :v:


Titre: Re : Noël au Sénégal
Posté par: DIDS971 le 14 Juillet 2016 à 17:17:04
Les phaétons en vol sont très bien captés (L)