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Auteur Fil de discussion: Sine Saloum, Djoudj et Barbarie : La Terenga  (Lu 47990 fois)
frazap
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« Répondre #75 le: 30 Mars 2011 à 21:51:30 »


Bon, il est bien vivant, c’est déjà cela ! Si on parvient à le libérer de ses nœuds de nylon, il devrait s’en sortir.
Je m’empare du paquet pour l’étaler sur la piste et ce qui provoque un cri d’horreur du pêcheur qui en a une peur panique. Il recule d’une dizaine de mètres et rejoint Valérie à bonne distance. je suis ben aidé moi !!! 
 


Alors que je m'attelle à la tache une odeur suffocante de chair en décomposition me remplit le nez et les poumons, et je dois me laver les mains au marigot avant de continuer les opérations de libération. Des poissons en décompositions sont également accrochés aux mailles du filet.
Même si le python de Sebae se nourrit surtout de mammifères, les poissons entrent aussi dans son régime alimentaire et on le rencontre souvent près de l’eau. Adulte, il est capable de maitriser et d’avaler une gazelle mais cette image spectaculaire ne doit pas faire oublier qu’il se nourrit de proies beaucoup plus petites et plus facilement maitrisables la plupart du temps. Comme tous les serpents il nage bien et est capable comme tous les pythons et les anacondas de chasser en apnée.
 
Les cadavres de poisson-chat en putréfaction qui empestent tant, me font penser que le python a dû vouloir se servir dans le garde manger facile que constituait le filet garni de poissons et il s’y est retrouvé piégé. Je retiens ma respiration pour ne pas respirer l’odeur, mais les attaques répétées du python me gênent pour dénouer ce fil de pêche infini efficacement. A chacune d’elle les cris d’effroi du pêcheur retentissent. Je parviens à le dégager presque entièrement. Mais quelques villageois  approchent

 
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« Répondre #76 le: 30 Mars 2011 à 22:02:22 »

J’ai besoin d’aide. Le python s’affaiblit. Le dernier nœud est le plus serré autour du premiers tiers avant du corps du python, et il faut que je maitrise le serpent, que je le tienne pendant que le pêcheur avec un couteau coupe les lacets de nylon qui le serrent fortement, avant qu’il ne ressemble de trop à une chaussure en peau de python. Je lui explique ce que j’attends de lui, qu’il aille chercher un couteau au village, et lui montre comment je maitrise un serpent de cette taille sans risque, le poing refermé derrière la tête autour de la nuque, le corps reposant autour du coup et sur l’autre bras pour ne pas que tout son poids suspendu aux cervicales ne lui brise le dos. L’instant le plus délicat est d’attraper la nuque du serpent, après c’est bon, le danger est écarté. Avec une branche je lui montre comment bloquer la tête au sol et rapidement remplacer la branche par la main, afin qu’il soit rassuré sur la méthode.
Je lui explique que c’est moi qui le ferai et qu’il n’aura qu’à couper le filet ensuite. D’autres villageois attirés pas les cris, sont arrivés et regardent la scène à distance. Alors qu’il est sur le point de m’aider, d’accepter à l’idée que je vais libérer le serpent, je sens que quelque chose ne va pas…. Les autres villageois commencent à discuter entre eux et les discussions auxquelles je ne comprends rien sont de plus en plus animées. Un vieillard en boubou bleu vif, la barbe blanche, peut être le chef, arrive sur place et se mêle à la dizaine de villageois.
« Tu vas mourir, il va te tuer !!» c’est ce que je comprends en tout cas de ce qu’il me crie.
Je lui répond qu’il n’est pas dangereux, pas venimeux, que je sais faire, et lui montre qu’en faisant comme cela, on peut libérer le serpent.
Le vieillard continue à exprimer sa désapprobation, mais rapidement je comprends que ce n’est pas trop la peur de me voir prendre un risque qui le font m’invectiver de la sorte. Je comprends avec désappointement que je dois laisser le python au pêcheur. Que le pêcheur va le tuer.
Que le python est un ennemi de son vivant, mais qui peut rapporter une fois mort. Qu’il va sans doute en tanner la peau pour la vendre sur un marché à St Louis, et peut être en manger la chair pour améliorer le quotidien. L’assistance lui donne raison. Je regarde le pêcheur, son regard fuit le mien. Il s’est rallié à la cause de ses amis alors qu’il était sur le point de m’aider. C'est fichu, nous ne pouvons aller seuls à l'encontre des villageois, si seulement Cheikh était là !!
Le serpent git à mes pieds, il remue légèrement, ses ondulations sont les dernières ; sa vie ne tient plus quà un fil par rapport au contexte :


Alors que le pêcheur s’empare de la branche, nous tournons les talons et nous éloignons rapidement, je ne veux pas assister à cette scène, nous n’avons plus rien à faire là.



Les coups, les craquement du crâne du python, suivis de cris de joie transpercent la moiteur des dernières bouffées de chaleur du soir qui tombe et résonnent encore dans nos têtes.


Je ne me sens pas fier d’avoir échoué si près du but, désabusé de n’avoir pas pu sauver le python, en colère après les villageois, après moi, de n’avoir pas d’avantage anticipé cette éventualité de n’avoir pu communiquer avec eux pour essayer de leur expliquer mieux. La vie de ces gens pauvres prêts à sauter sur chaque opportunité pour tirer profit, leur mode de vie d’avant la création du Parc qui les a forcément confrontés à des rencontres avec des pythons qui finissaient au fond d’une marmite se comprend.
Mais nous sommes non loin du Parc, ont-ils droit de le faire, peuvent ils le faire alors qu’ils sont précisément intérressés directement et financièrement par la biodiversité du site ? Toute la différence entre la théorie de belles idées et la réalité du terrain
Nous hésitons à en parler à Cheikh. Pour l’avoir déjà vu gérer avec sévérité une situation similaire, mais contre des blancs, nous ne souhaitons cependant pas qu’il passe un savon au pêcheur.C’était au tout début de notre séjour à Njagabaar ; deux couples de touristes blancs fraichement débarqués au campement approchaient sans délicatesse les jeunes filles Peuls du village et agitaient Tea shirt, porte clefs, gadgets divers préparés à l’avance, pour leur faire comprendre qu’en échange de séances photos, elles auraient des cadeaux. Les jeunes filles ne comprenant pas tout, commençaient à poser maladroitement sous les centaines de déclenchements en rafale qui tournoyaient autour d’elle , régulièrement entrecoupés de cadeaux pour obtenir des sourires forcés. Comme autant de vols de leur innocence sous les rires gras des touristes prédateurs. Le soir à l’heure du diner, des habitants d’un village voisin, ont eu vent de l’affaire et sont venus jusqu’à l’intérieur du campement pour trouver les touristes photographes, afin de proposer leurs services en échanges des cadeaux. Ou comment les mentalités pourrissent en un rien de temps les rapports humains .
Cheikh qui n’était pas au courant, a tout de suite compris le problème et est aussitôt sorti pour demander aux villageois de rentrer chez eux. Nous avons vu revenir les touristes un peu gênés et honteux de leurs agissements. Cheikh ne leur a pratiquement rien dit évidemment , il ne peut pas se permettre de sermoner des gens qui sont quand même des clients, mais ils ont compris qu’ils avaient franchi une frontière en dehors des valeurs humaines que Cheikh entend bien faire respecter au sein de son campement.. Ils ont quitté le campement le lendemain, qui lui a retouvé sa quiétude, mais rien ne dit qu’ils ne ressortirons pas leur sac à cadeaux ailleurs pour voler des images et soutirer des portraits...

Nous avons décidé de faire à confiance à Cheikh et lui racontons la mésaventure du python mais en lui exprimant bien notre désir qu’il n’y ait pas de sanctions personnelles pour le pêcheur. Il comprend parfaitement bien et accepte bien sur notre requête, mais l’histoire le met en colère, car ce n’est pas la première fois que ces coups de canif dans le contrat ont lieu.
« Des Singes, des phacochères ou des chacals » nous dit-il, « son régulièrement tués par les villageois mais ils n’en ont pas le droit ici et ils le savent. Le village est dans la zone tampon de 1km créé récemment autour du parc et dans laquelle les mêmes règles de protection totale de l’environnement sont applicables à tout le monde sans exception. Les villageois sont acteurs de cette protection et en tirent des bénéfices directs, ils n’ont plus le droit de prélever des animaux comme avant et ils le savent . J’irai trouver le chef du village une nouvelle fois pour rappeler les règles sans dire de qui il s’agit, mais je ferai un rapport de plus au conservateur du Parc ».
La nuit d’après nous avons très mal dormi ; depuis le soir jusqu’au petit matin, des détonations énormes ont déchiré le ciel blanc d’étoiles du Djoudj, faisant taire les coassements du marigot tout proche. A 5 heures du matin, alors que je regarde l’aube se lever sous les menaçants bruit de guerre, je rencontre Cheikh qui sort de sa prière :
« Ce sont des tirs de fusils, la chasse au chacal et au phacochère » me dit il consterné. Je le regarde, incrédule.
« C’est dans la zone tampon du Parc, tout près d’ici autour de l’hotel du Djoudj, l’administrateur de la communauté des communes du Parc doit recevoir des amis blancs qui logent à l’hotel du Djoudj, et il leur a sans doute promis de faire une chasse au chacal de nuit en 4X4, cela lui permet de garder de bonnes relations avec ceux qui ont de l’argent, ceux qui peuvent l’enrichir directement, lui et sa famille …… Qu’est ce que tu veux que je fasse contre cela ?? il est au dessus de moi, je ne suis que bénévole, mais j’en ai ma claque, j’envisage d’arrêter ; comment veux tu que les villageois respectent le contrat de la zone tampon ? ».

Valérie se réveille a son tour, je lui apprends la nouvelle, les travers de l’Afrique,ou de certains hommes, nous coupent un peu l’appétit et le petit déjeuner a du mal à passer. Les détonations se sont enfin tues, nous décidons d’aller marcher aux alentours au hasard du village.. Prendre une bouffée de l’air encore frais revenu au calme..
Besoin de se rasséréner.

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« Répondre #77 le: 31 Mars 2011 à 08:11:08 »

Tu traduis à merveille toute la complexité de la survie des uns et des autres et aussi malheureusement des uns au détriment des autres. Pour la chasse c'est révoltant Triste
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« Répondre #78 le: 31 Mars 2011 à 09:44:51 »

Tu traduis à merveille toute la complexité de la survie des uns et des autres et aussi malheureusement des uns au détriment des autres. Pour la chasse c'est révoltant Triste

This is Africa... Triste

Dans le cas du python c'était à prévoir, même si le python ne représente pas particulièrement une menace pour eux; mais la peur panique des serpents les empêchent souvent de dissocier aussi; sans compter l'analyse que tu en a faite (la chair, la peau...)

Tous ne réagissent pas ainsi et savent reconnaitre un python d'un mamba ou naja, et ne tueront que les espèces dangereuses pour eux.
Quand j'étais gamin en centrafrique on avait souvent des serpents dans la cour d'école.
Les gardes venaient et si c'était des pyton ou boa, ils les attrapaient et les relachaient plus loin; en revanche si c'était un Naja comme il m'est souvent arrivé de voir...scouick
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« Répondre #79 le: 31 Mars 2011 à 17:33:46 »

Et pourquoi ne serait-il pas possible de dire ce que l'on pense des gens : qu'ils soient blancs, noirs, locaux, ou touristes, riches ou pauvres..... Un con reste un con.... quelques soient les circonstances....  Triste Je parle bien entendu des "pseudo photographes".

Je pense que lorsque nous sommes à l'étranger, nous avons obligation de nous plier aux règles en vigueur dans le pays. Nous pourrissons parfois la vie des locaux avec nos habitudes d'occidentaux.

Nombreux sont les locaux qui nous "maudissent" lorsque nous amenons des bonbons aux enfants dans les villages.... Et bien oui, les enfants n'ont pas forcément la brosse à dents et le dentifrice, le dentiste, etc..... dont disposent les enfants occidentaux... Les exemples de ce type sont nombreux...

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« Répondre #80 le: 04 Avril 2011 à 23:08:51 »

 

11 ème jour de voyage, dernier à Njagabaar.

Hier nous avons passé toute la journée au village de Cheikh, partageant la vie de sa femme au champ avec les autes femmes du village.. Cheikh nous présentera à son beau père, chef et imam du village et nous passerons saluer ses amis et sa famille.
La soirée ce terminera sous les dernières lueurs du soir, à boire le dernier thé, à danser avec les femmes, à jouer au foot avec les enfants. Que de beaux moments nous avons passés.






Balade au hasard du Djoudj


Notre séjour à Njagabaar dans le Djoudj va donc se terminer, pour ensuite aller se poser sur la langue de Barbarie. Il nous reste une journée pendant laquelle nous avons envie d’être en roue libre, et nous balader à pieds ou bon nous semble à l’intérieur du parc, sans guide si possible…. Nous n’avons pas encore vu les flamants roses et cela pourrait être l’objectif de notre balade. Ou bien les singes. Peu importe du moment que nous soyons à notre rythme, nous arrêter quand bon nous semble et sentir une dernière fois la terre du Djoudj sous nos pieds.
Seulement, aller jusqu’au Parc depuis le campement ça fait quand même une petite trotte et nous n’avons pas envie de prendre une charrette au village car le villageois nous attendra pour le retour et nous ne savons combien de temps nous prendra note balade. Ensuite, nous ne savons pas s’il est possible de se balader seuls sans guide ni rien à l’intérieur du Parc… On verra bien.
Encore une fois le hasard à l’africaine va nous goupiller tout cela nickel. Après le petit déjeuner Germana nous présente Ibrahim, le chef des éco-gardes qui va avec elle, ainsi que Yali (l’adorable garde danseur ), aujourd’hui dans un village au Nord du Parc. Elle doit y étudier les rituels sacrés donnés sous un vieux baobab. Il y a deux places de libre dans la voiture, nous partons tout de suite ! Génial !
Dans la voiture, je discute avec Ibrahim de la gestion du Parc, de protection de la nature ici en Europe. Il n’est pas très chaud de nous laisser marcher seul dans le parc sans guide. Je lui parle de l’association Bretagne Vivante il ne me laisse pas continuer et s’exclame :
« Bretagne Vivante ? je connais bien !! leurs ornitho sont venus pour le phragmite aquatique, que vous essayez de maintenir en Bretagne » C'est exact !
Du coup , les portes s’ouvrent. Il sait qu’on ne va pas faire n’importe quoi dans le parc et il nous indique sommairement le trajet à faire à pieds dans le parc pour voir des choses intéressantes. Il nous arrête à un endroit ou nous pourrons marcher tranquillement le long d’un Lac au bout duquel nous devrions pouvoir voir flamants et peut être même les singes dans une petite forêt.
Avec un peu de chance, il nous reprendra même à son retour ce soir sur la piste si nous y sommes !! Inch Allah !
La voiture s’éloigne dans la poussière de la longue et droite piste-digue. Il est 11h.Nous voilà seuls sous le cagnard. Sans touristes, sans guide, sans carte. Juste deux litres d’eau et deux barres de céréales. Et le guide ornitho des oiseaux d’Afrique qu’Ibrahim nous a prêté juste avant de nous laisser. Nous quittons aussitôt les abords de la piste et commençons à longer le Lac de Khar comme nous a conseillé Ïbrahim .Pour se retrouver c’est plus facile et la petite forêt galerie qui l’entoure nous procurera de l’ombre pour les pauses.
Qu’allons nous voir, la route de quels animaux allons nous croiser ?!! Le fait d’être seuls sans guide qui connait le terrain ajoute à l’excitation de la découverte même si nous serons surement moins efficaces, mais nous faisons confiance au hasard.
A peine avons-nous commencé à longer le lac qu’un phacochère démarre au quart de tour dans les buissons à quelques mètres de nous et se lance dans une course folle droit devant lui.


la chaleur promet aussi, car après une heure de marche nous avons déjà bu beaucoup, il va falloir gérer. Dans les arbres ou au sol, des oiseaux cherchent l’ombre de ce petit cordon de verdure qui nous sépare du lac de seulement une trentaine de mètres. Cela nous permet tout en progressant de jeter un œil au plan d’eau pour voir ce qui s’y passe.
Un balbuzard nous survole.

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« Répondre #81 le: 04 Avril 2011 à 23:20:14 »

Un Jacana sur le point de pêcher


L’oiseau ci dessous que nous avons vu à plusieurs reprises est très farouche.Elle ressemble à notre poule d'eau.Connaissez vous son nom?


Un guêpier nain dans l’ombre se laisse approcher


Au sol une cochevis huppé..


...tient compagnie à une amarante






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« Répondre #82 le: 04 Avril 2011 à 23:24:37 »

Il commence vraiment à faire très chaud, nous décidons de quitter les bords du Khar et son ombre bienfaitrice car le postérieur noir et blanc d’une antilope disparait au loin vers les arbres. Peut être y verrons nous les singes ? Et puis après il fera encore plus chaud.

Nous progressons un peu au ralenti dans cet environnement archi sec au sol brulant. Même pas la peine d’essayer de débusquer une vipère heurtante un cobra , ils doivent être tapis dans la fraicheur relative d’un terrier ou à l’abri de racines. Nous n’observons plus rien dans ces buissons prêt à s’enflammer à la moindre étincelle. Les arbres qui nous paraissaient proches sont toujours aussi loin. Seuls quelques vols de tisserins donnent de la vie aux arbrisseaux desséchés. L’harmattan commence à se renforcer nous forçant à ranger l’appareil photo et à tourner le dos le temps que le tourbillon de poussière et de sable qui fantomatise le paysage s’éloigne de notre route. Nous marchons ainsi péniblement pendant une heure. Toujours pas de forêt d’acacia, ni de singes.



En fait, Nous ne savons plus trop ou nous sommes  Indécis. Avons-nous tourné trop tôt pour la forêt des singes ou bien l’avons-nous dépassée ? Pas possible de le savoir, la visibilité est mauvaise et tout se ressemble. Nos pieds sont brulants dans nos chaussures de randonnées. Nous décidons vu le peu d’eau qu’il nous reste qu’il est plus prudent de faire demi tour et de continuer la balade au bord du Lac de Khar.

Nous retrouvons après une marche pénible les bords rafraichissants du Lac. Nous nous installons à l’ombre sous la mangrove pour faire une longue pause et nous rassasier de nos barres de céréales. La vie animale qui s’est évanouie à notre arrivée, reprend peu à peu confiance en elle et en nous. Nous décidons de rester là faire un long affut et d’attendre qu’un varan, un chacal, des flamants, un croco ou autre bestiole ne nous passent sous le nez. L’eau c’est la vie, encore plus sous ces latitudes que chez nous. La concentration de vie des marigots et des eaux douces est impressionante .
Ce sont d’abord les margouillads qui s’agitent et grimpent dans les branches basses au dessus de nos têtes.



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« Répondre #83 le: 04 Avril 2011 à 23:32:18 »


Un petit lézard de 5 cm file entre mes pieds. J’en cherche toujours l’espèce ! A bon connaisseur ! Roulement d'yeux


Soudain un train de flamants roses (pâle) nous passe devant au ralenti, remontant tranquillement le lac-fleuve. Quelle belle rencontre !! Ils sont majestueux et impriment par leur marche cadencée une sorte de rythme tranquille et souverain.


Malheureusement ils sont trop loin pour en prendre en gros plan mais aux jumelles on se régale pendant de longues minutes. Soudain ils nous aperçoivent et c’est l’envol. Un beau spectacle spectacle !!



Sitôt partis, les autres oiseaux reprennent leur activité et leurs places.

aigrette des récifs




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« Répondre #84 le: 04 Avril 2011 à 23:37:07 »


tisserin à l'envol (lequel ? Embarrassé)



Nous n’avons plus d’eau. Nous sommes en milieu d’après midi, il fait encore très très chaud ; il nous faut encore marcher au moins deux heures sous 45 degrés pour rejoindre la piste qui mène au débarcadère des pélicans. De là nous ferons du stop pour rejoindre le campement de Njagabaar ou l’hotel du Djoudj pour une pause rafraichissement.
Nous nous tartinons d’écran total et d’Insect’écran et zou on y va. Dès que l’on ressort de la forêt galerie, le soleil nous happe et nous grille la peau. Nous devrons faire plusieurs pauses. En silence nous marchons l’un derrière l’autre, la bouche sèche, la gorge soudée par la soif nous économisons nos paroles pour ne pas ingérer de poussières . Au loin, au hasard des tourbillons de sable on commence à apercevoir les roseaux qui longent la route, mais c’est si loin !!!!
Soudain une odeur de brulé réveillé nos sens résignés. Cela brûle quelque part. Nous sommes un peu inquiets même si nous ne devons pas traverser de savanes herbeuses. Peu à peu de la fumée envahit le ciel et finalement de l’autre coté du lac, nous apercevons les flammes et les tourbillons de fumée noires .


C’est en direction de l’entrée du Parc du Djoudj, près de l’hôtel, que cela brûle , le long de la route. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit d’une erreur humaine juste à coté des cases pour les étudiants et les chercheurs. Au retour nous verrons qu’une belle surface a brulé. Heureusement qu’un cours d’eau a stoppé la course des flammes.

Nous arrivons enfin sur la piste, éreintés et assoiffés. Nous préférons attendre une heure sous l’ombre pâle d’un arbuste qu’une voiture passe pour l’arrêter plutôt que de refaire une heure et demie de marche jusqu’au campement. Cela nous a permis de constater que cette piste de 7 km, passage obligé qui relie l’entrée du parc à l’embarcadère, est assez peu fréquentée. Nous serions curieux de connaître la fréquentation du Parc.
Ce n’est qu’au bout d’une heure d’attente qu’une première voiture avec à son bord une touriste allemande revenant du tour en pirogue, et son guide, s’arrête à nos gestes et nous dépose à l’entrée du parc. Le stop en Afrique c’est du 100%, à condition qu’il y ait une voiture.. !! Avant de reprendre la marche pour rejoindre le campement, nous avons pris un verre désaltérant à la terrasse de l’Hotel du Djoudj. Ce qui nous a conforté dans notre choix du campement Njagabaar tant l’hôtel du Djoudj respire le tourisme de masse vociférant et colonialiste que nous détestons; le personnel sénégalais ayant adopté la même attitude condescendante que leurs blancs clients envers les deux routards empoussiérés que nous sommes. Nous avons déguerpi de cet endroit sitôt le verre englouti pour retrouver la chaleur humaine des gens de Njagabaar.

 


Voilâ, c’est terminé pour le Djoudj et Njagabaar. Il y aurait encore eu tant à dire des belles rencontres que nous y avons faites au hasard de nos balades dans le village ou en brousse autour du campement, de sénégalais qui nous ont touché, mais aussi de rencontres avec des blancs. Germana qui fait un travail formidable et qui nous a fait découvrir le monde de la pharmacopée par les plantes, des guérisseurs, des cérémonies d’une semaine pour les femmes dépressives mêlant drogues, percussions et chants nécessaires aux mises en transe libératrices des tensions nerveuses. Elle nous a fait découvrir aussi combien ce peuple use et abuse parfois du fétichisme, comment les sorts sont encore légion surtout près de la frontière malienne, à bon escient comme ils l’étaient à l’origine, ou à mauvais escient comme ils le sont de plus en plus. Coté inconnu et obscur de ces quotidiens animistes, qui font nous mesurer encore plus le fossé qu’il existe entre nous occidentaux, et eux africains.
Nous ne pourrions jamais vivre comme nos hôtes, même si l’envie de vivre là peut effleurer le visiteur, cela nous demanderai de passer outre trop de valeurs, le climat y étant aussi très dur ;
De même nous ne pourrons jamais les comprendre totalement, mais tout cela ne nous empêchant nullement de les aimer profondément.
A ce titre nous remercions profondément, Cheikh, Germana, Yali, Ibrahim, et tous les habitants de Diadjam3, les deux enfants du village qui nous ont chanté des airs chaque matin au réveil, pour tout le bonheur qu’ils nous ont donné pendant quelques jours. Cet endroit sera notre meilleur souvenir du Sénégal.
Il nous reste 4 jours à remplir avant de quitter le Sénégal.


Nous avons choisi d'aller nous poser dans la langue de Barbarie dans un campement confortable et tranquille, isolé en plein nature. Auparavant nous passerons une nuit à St Louis.


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« Répondre #85 le: 05 Avril 2011 à 08:29:22 »

Un récit fort intéressant.

Merci du partage.

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« Répondre #86 le: 05 Avril 2011 à 17:39:06 »

Lecture particulièrement intéressante. Le Djoudj est toujours magnifique et cette île aux pélicans est tellement unique (voir une des photos les plus célèbres de Yann Arthus-Bertrand) par exemple.

Mais la langue de Barbarie ne manque pas non plus de charme et j'espère que nous aurons également droit a quelques cliches.

Merci en tout cas pour tout ce carnet.
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« Répondre #87 le: 06 Avril 2011 à 08:18:01 »

De belles rencontres sous une chaleur accablante!
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« Répondre #88 le: 11 Avril 2011 à 22:10:53 »

Langue de Barbarie (du 14 au 16 Mars 2010)
Nous avons rencontré pas mal de voyageurs ne tarissant pas d’éloges sur la langue de Barbarie. Pour sa tranquillité, ses grands espaces vierges de toute habitation et sa nature généreuse. Cela nous a semblé l’endroit parfait pour nous reposer d’un voyage riche en émotions mais aussi fatiguant par les contraintes de logements parfois sommaires, la chaleur accablante du Djoudj et la densité étouffante de la population de St Louis.
La perspective d’être quasiment seuls sur cette langue de sable de 30 kilomètres de long sur 500 mètres de large coincée entre l’océan Atlantique et le fleuve Sénégal nous a attirés immédiatement. Le fait de retrouver l’océan vital à nos racines bretonnes également. On ne se refait pas !! La mer nous manque vite, comme sans doute la montagne manque vite aux montagnards . C’est quelque chose que l’on ne contrôle pas. Au bout d’un moment nous avons besoin de sa proximité.
Le fait que cette langue de Barbarie ne sera malheureusement peut être plus là dans quelques dizaines d’années a achavé de nous convaincre.

Rejoindre la langue depuis St Louis n’est pas long, en une grosse demi heure le taxi brousse qui laisse traverser quelques dromadaires nous dépose au pied du phare de Gandiol ou nous prenons une pirogue qui traverse le dernier tronçon saumâtre du large fleuve Sénégal.







Le campement Océan et Savane est sympa et tranquille. Géré par un blanc et du personnel sénégalais, le rythme calme de ce campement isolé du continent est très appréciable. De plus on mange vraiment bien sous la grande tente mauritanienne (ou a été tournée une scène du film les Caprices d’un Fleuve de Giraudeau).


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« Répondre #89 le: 11 Avril 2011 à 22:13:55 »

L’animation (danse ,tamtam et cérémonial du thé à chaque repas) y est un peu superflue et lui donne un coté un peu « club » mais bon on ne peut pas tout avoir. Pour se loger, on a le choix entre louer une case sur pilotis ou, moins cher, une tente mauritanienne.





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